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Le ministre français des finances a fait claquer l'élastique de la petite culotte d'une journaliste Journal de Montréal /AFP
Paris - Mis en cause depuis plusieurs semaines, le ministre français des Finances Michel Sapin a fini par reconnaître un geste «inapproprié» envers une journaliste, au moment même où des accusations de harcèlement sexuel visant un député mettent en lumière le comportement machiste de nombreux hommes politiques.
Après avoir dénoncé «des allégations totalement fausses» contenues dans un livre politique paru en avril, le ministre, un proche du président socialiste François Hollande, a présenté mardi soir dans un communiqué sa version d'un incident survenu en janvier 2015 pendant le forum économique mondial de Davos (Suisse).
«Lors d'un déplacement en janvier 2015 à Davos, au milieu d'une vingtaine de personnes, j'ai fait à une journaliste une remarque sur sa tenue vestimentaire en posant ma main sur son dos. Il n'y avait dans mon attitude aucune volonté agressive ou sexiste, mais le seul fait d'avoir choqué la personne en question démontre que ces paroles et ce geste étaient inappropriés, et j'en ai été et en suis encore désolé», a-t-il raconté.
Les auteurs du livre L'Élysée off, les journalistes Stéphanie Marteau et Aziz Zemouri, accusaient Michel Sapin d'avoir «fait claquer l'élastique de la culotte» dépassant du pantalon d'une journaliste penchée pour ramasser un stylo, en murmurant : «Ah mais qu'est-ce que vous me montrez là ?»
Des associations féministes ont réclamé la démission du ministre et une ancienne ministre socialiste, Delphine Batho, lui a demandé de «s'expliquer» ou de «présenter des excuses, pour le moins».
L'épisode, sans le nom du ministre ni le détail de l'élastique, avait été évoqué dans une tribune dénonçant le sexisme en politique, signée par un collectif de 40 journalistes femmes et publiée dans le quotidien Libération.
Proche du président François Hollande, Michel Sapin avait dès le 22 avril qualifié le récit figurant dans le livre d'«allégations inexactes et calomnieuses». Mardi encore, quelques heures avant son communiqué, il dénonçait une «calomnie» et des «allégations totalement fausses».
Et le ministre socialiste appelait à ne pas «faire la confusion» entre son nom et celui du député écologiste Denis Baupin, accusé d'agressions sexuelles par huit membres de son parti EELV, dont quatre élues.
«Ce qui est décrit par les femmes est épouvantable» mais «c'est à la justice d'établir les faits, pas à la presse ni aux personnes», avait déclaré Michel Sapin mardi au cours d'un point de presse, peu avant la publication de son communiqué.
Dans ce texte, le ministre a expliqué que «les circonstances actuelles» liées à l'affaire Baupin «obligent à apporter, en toute transparence, les précisions nécessaires» sur l'incident de Davos.
Son récit des faits était «nécessaire et absolument clair et indispensable», a déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, qui a aussi appelé les responsables politiques à être «vigilants» dans leur conduite.
Les accusations visant Denis Baupin ont été révélées lundi dans une enquête de la radio France Inter et du journal en ligne Mediapart. L'élu écologiste, qui dément toute agression, a démissionné de son poste de vice-président de l'Assemblée nationale et une enquête judiciaire a été ouverte. Une manifestation de féministes devait se dérouler mercredi soir devant l'Assemblée pour réclamer sa démission de ses fonctions de député.
Ces révélations ont contribué à fissurer un peu plus l'omerta qui règne sur les comportements machistes, voire délictuels, de nombreux hommes politiques français, encore très largement majoritaires malgré des lois sur la parité votées en 2007 et 2014.
La tribune écrite l'an dernier dans Libération par les «journalistes politiques victimes de sexisme» énumérait déjà une liste impressionnante d'incidents révélateurs, sans citer de noms : de tel député qui lance «ah vous faite le tapin !» à une journaliste attendant les parlementaires à la sortie de l'hémicycle, à tel ministre glissant à une de ses homologues en chasuble pendant la visite d'une usine : «ce serait mieux si vous n'aviez rien en dessous».