Le déficit du Trésor s’est établi, durant les deux premiers mois de l’année, à 1 404 milliards de dinars (environ 14 milliards de dollars), selon les chiffres du ministère des Finances communiqués, ce samedi 7 mai, via l’agence officielle APS. Ce déficit représente une hausse de 240% par rapport à la même période de 2015 (413 milliards), selon la même source.
Le déficit budgétaire : un puits sans « fonds »
Le déficit budgétaire atteint, à lui seul, plus de 1 326 milliards de dinars sur les 2 premiers mois de l’année. Une augmentation de 304% (plus du triple) par rapport à la même période de 2015, selon les chiffres du ministère des Finances. Un déficit qui flirte avec le montant colossal de 13 milliards de dollars, sur les seuls 2 premiers mois de 2016. À ce rythme, le déficit annuel sera de 78 milliards de dollars.
L’épargne du pays, destinée à combler ce déficit est en voie d’épuisement. Les chiffres n’indiquent pas le niveau des avoirs du Fonds de régulation des recettes (FRR). Cela dit, il y a eu un prélèvement de 666 milliards de dinars en deux mois (janvier-février), selon le ministère des Finances. Or, le FRR comptait, à fin septembre 2015, moins de 2 900 milliards de dinars, selon les chiffres de la Banque d’Algérie. À la fin de l’année dernière, les avoirs du Fonds étaient proches des 2 100 milliards de dinars, selon une haute source bancaire. Sur l’ensemble de l’année dernière, les prélèvements sur le FRR ont atteint 2 886 milliards de dinars, indique pour sa part, l’APS.
Ainsi, avec le prélèvement de 666 milliards de dinars, sur les seuls deux premiers mois de l’année en cours, il ne resterait plus qu’environ 1 500 milliards de dinars. En somme, au rythme actuel, le FRR ne « survivra » pas à 2016 et ne suffira pas à combler le déficit budgétaire. D’autant plus que, sur le plan légal, les avoirs du FRR ne peuvent descendre en deçà des 740 milliards de dinars. Il reste donc, en tout et pour tout, environ 750 milliards de dinars à la disposition du gouvernement, soit 7 milliards de dollars. À ce rythme, l’Algérie sera en faillite ! À moins que les chiffres du ministère des Finances ne soient faux. Dans les deux cas, c’est inquiétant.
La fiscalité pétrolière en forte baisse
Pour ne rien arranger, la fiscalité pétrolière est, sans surprise en baisse : sur les deux premiers mois de 2016, elle s’établit à 321,7 milliards de dinars. Ceci représente une baisse de 20% en glissement annuel, selon les chiffres du ministère des Finances. Pire, les ressources ordinaires (hors fiscalité pétrolière) sont également en recul à 391,9 milliards de dinars à fin février 2016, contre 488,7 milliards un an plus tôt, toujours selon la même source.
L’État a donc collecté un total de 713,6 milliards de dinars à la fin février, contre 894,4 milliards à la même période de 2015, précise le ministère des Finances. C’est moins que les chiffres prévus dans la loi de Finances pour 2016. En effet, le gouvernement table sur des recettes globales de 4 747,4 milliards sur l’ensemble de l’année, soit une moyenne mensuelle de 395,6 milliards de dinars (donc 791,2 milliards en 2 mois).
Les dépenses en forte hausse
Dans le même temps, les dépenses budgétaires de l’Algérie sont en hausse. En effet, elles ont atteint un montant de 2 040 milliards de dinars sur les deux premiers de 2016, soit une hausse de 66,85% par rapport à la même période de l’année dernière (1222,6 milliards), indique le ministère des Finances.
Dans le détail, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 34%, à 1256,5 milliards, contre une hausse conséquente de 175% à 783,5 milliards pour les dépenses d’équipement, toujours selon la même source. Des chiffres qui paraissent paradoxaux lorsqu’on sait que la loi de Finances pour 2016 tablait sur une baisse des dépenses pour cette année.