Souvenez-vous, le 3 juillet 2015, le "chef de guerre" François Hollande avait fait le déplacement au Cameroun pour rencontrer le dictateur Paul Biya et parler du terrorisme, de lutte contre Boko Haram et reconnaître du bout des lèvres les responsabilités françaises dans la répression sanglante des indépendandistes camerounais dans les années soixante sous le Général de Gaulle. Il parlera d'épisode "tourmenté" et "tragique" tout en se disant "prêt à ouvrir les livres d'histoire et les archives" (qui l'étaient déja). (voir la vidéo ci-dessous).
Lire également :
- Conférence de presse : Hollande reconnaît la "répression" "tragique" effectuée par la France au Cameroun
- JAI Hollande reconnaît la répression française au Cameroun : les réactions de Mbembe et Tatsitsa
- Françafrique. La pseudo indépendance camerounaise autopsiée (vidéo)
- Le Rapport du Sénat français pour obtenir de nouvelles parts de marché en Afrique
/image%2F0780719%2F20160724%2Fob_b06dfd_bollore-hollande.jpg)
Nous avions écrit, dès le 1er juillet 2015 : le 3 juillet, le "chef de guerre" François Hollande se rendra dans la dictature camerounaise installée par l'Etat français pour défendre les intérêts des multinationales françaises.
Il se trouve que le documentaire "Bolloré un ami qui vous veut du bien" diffusé sur France 2 dans l'émission Complément d'enquête revient sur l'attribution du terminal à container du port en eaux profondes de Kribi et évoque clairement l'influence de François Hollande sur Paul Biya lors de son passage le 3 juillet 2015 au Cameroun.
Ce reportage s'attache à explorer la face africaine de l'empire Bolloré "là où il tire plus de 80% de ses bénéfices". Après avoir passé en revue les plantations de Bolloré au Cameroun (21'00") où les ouvriers travaillent dans des conditions déplorables avec des salaires de misère ("à peine plus d'un euro par jour") - on y voit même des ouvriers camerounais écrire sur une pancarte "nous sommes les esclaves de Mr Vincent Bolloré" (26'24") - le documentaire évoque l'attribution du terminal à container du port de Kribi à Bolloré (28'00"). Bolloré détient 14 terminaux à container dans les pays françafricains ("du Congo jusqu'à la Guinée en passant par le Togo ou le Gabon. Chiffre d'affaire 2 milliards et demi d'euros..." à 26'41").
Concernant le terminal à container du port en eaux profondes de Kribi attribué à Bolloré, d'après le reportage (28'10"), le rapport de la commission d'appels d'offre avait rejeté le dossier de Bolloré en raison de l'insuffisance économique pour le pays. Un membre de la commission et représentant de l'état camerounais déclare en caméra caché dans le reportage :
"(Le dossier) Bolloré n'était même pas classé puisqu'in fine son offre était devenue économiquement peu viable" (28'25") et d'évoquer des "intérêts politiques et d'autres intérêts que nous ne maîtrisons pas."
Et le reportage finit par s'interroger sur l'influence de la visite de François Hollande au Cameroun survenue 3 mois après le rejet du dossier par la commission : "Au milieu des pourparlers officiels, le dossier Kribi se serait invité assure un proche conseiller du chef d'Etat camerounais".
Un conseiller de Biya, Christian Penda Ekoka déclare à 29'20" : "Ce dossier n'est pas arrivé tout seul dans leur discussion. Cela veut dire que Vincent Bolloré, c'est pas tous les Français qui ont la capacité de faire en sorte que lorsque François Hollande se déplace que leur dossier soit prioritaire dans la discussion entre deux chefs d'Etat. Si Bolloré a cette capacité, cela veut dire que Bolloré a une grande force de lobbying, une grande force d'influence y compris dans les milieux politiques français".
Interviewé à la suite, Bernard Poignant, conseiller de François Hollande déclare à 29'48" :
"Je préfère Bolloré en Afrique que les Chinois ou les Russes"
Pourquoi ?
"Mais parce que je préfère la France".