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Poutine est en train d’épurer la classe politique russe pour éviter un scénario à l’ukrainienne (Fort Russ)

par Fort Russ 19 Juillet 2016, 23:41 Poutine Russie Epuration

Poutine est en train d’épurer la classe politique russe pour éviter un scénario à l’ukrainienne (Fort Russ)
Poutine est en train d’épurer la classe politique russe pour éviter un scénario à l’ukrainienne
Par Eduard Popov
Source : http://www.fort-russ.com/2016/07/popov-putin-is-purging-r…

Traduction du russe : J. Arnoldski, pour Fort-Russ

Traduction de l’anglais : c.l. pour Les grosses Orchades

Lu sur Reseau international

Au cours des dernières semaines, des événements politiques majeurs se sont produits à l’intérieur de la Russie, où on a assisté à l’arrestation de plusieurs fonctionnaires accusés de corruption. La plus sensationnelle de ces arrestations a été, dans la région de Kirov (nord de la Russie), du gouverneur Nikita Belykh. L’arrestation s’est produite au moment où il recevait un pot-de-vin de 400 000 €.

De fait, tout au long des six derniers mois, il y a eu, en Russie, plusieurs arrestations de fonctionnaires de haut rang (gouverneur, maire de centre régional, sous-ministre). Le 1er juin, le maire de Vladivostok (centre régional de la côte pacifique), Igor Pouchkarev, a été arrêté. Avant Pouchkarev, le gouverneur de la région de Sakhaline, Alexandre Khorochavine, et le sous-ministre de la Culture Grigory Piroumov, avaient aussi été arrêtés. Et c’est là loin d’être une liste exhaustive des arrestations et des mises en détention de hauts fonctionnaires pendant le semestre écoulé. Dans tous ces cas, les chefs d’accusation sont les mêmes: corruption et abus de pouvoir. Mais ceux-ci ne sont que les plus haut placés des poursuivis. S’il faut en croire les informations données par la presse, les hauts fonctionnaires arrêtés et détenus depuis le début de l’année se compteraient par douzaines (mais plus vraisemblablement par centaines).

Des primaires ont commencé en Russie et des élections à la Douma (Parlement) doivent se dérouler au mois de septembre. C’est dans ce contexte que s’est ouvert, le 27 juin, le congrès du parti de gouvernement Russie Unie, et que le président Poutine s’en occupe. La majorité du parti est composée de membres de la classe dirigeante. Comme on pouvait s’y attendre, Poutine prend ses distances vis-à-vis du parti alors que son président, Dmitry Medvedev, voit sa popularité décroître, non seulement dans la société russe en général mais chez les professionnels de la politique. L’arrestation de plusieurs dirigeants régionaux écorne l’image de Russie Unie, raison pour laquelle d’ailleurs ce parti, pour la première fois de son histoire, organise des primaires, dans l’espoir évident de restaurer cette image et d’assainir ses rangs.

Désormais, appartenir au « parti au pouvoir » et jouir d’un statut élevé dans la hiérarchie politique ne sont plus des talismans qui suffisent à préserver des enquêtes anti-corruption. Comme nous l’ont appris nos sources dans les milieux d’affaires de Russie, les fonctionnaires ont réellement peur. N’importe quel membre corrompu de l’establishment peut se retrouver du jour au lendemain passible d’une enquête judiciaire. La lutte contre la corruption, ce fléau de la Russie post-soviétique, est en train de devenir réalité.

L’arrestation de Belykh soulève d’autres questions. Des articles ont paru dans la presse l’accusant d’entretenir des liens corrompus avec le leader de l’opposition pro-américaine Alexeï Navalny et avec les forces anti-Poutine dans les états baltes. Belykh est un protégé d’Anatoli Tchoubaïs, et Anatoli Tchoubaïs est à l’origine de la vague de privatisations qui a créé en Russie la classe des oligarques. Des employés de la CIA ont travaillé comme conseillers de Tchoubaïs, et lui-même est considéré comme LE représentant du lobby US à Moscou. Tchoubaïs est la personne la plus détestée en Russie, où on le qualifie ouvertement de « lobbyiste-en-chef des intérêts américains ». On ne peut donc pas exclure que l’arrestation de Belykh soit quelque chose de plus qu’une simple poursuite pour corruption. Nikita Belykh est connu pour son incompétence professionnelle, pour n’avoir dû son ascension au poste de gouverneur qu’au patronage de Tchoubaïs et pour avoir en un temps record plongé la région de Kirov dans une situation calamiteuse. C’est sous le gouvernorat de Belykh qu’elle est devenue une des régions les plus corrompues de toute la Russie. Il va de soi que Nikita Belykh a été un des leaders du parti Union des Forces de Droite. Mais plus tard, une fois que ce parti eut perdu toutes les élections possibles et qu’il fut devenu la risée de l’électorat, Belykh a rejoint les rangs de Russie Unie, ce qui a porté grandement préjudice à cette formation. Il en a été de même avec plusieurs des autres fonctionnaires corrompus mis sous mandat d’arrêt.

Le gouvernement russe, en arrêtant et en emprisonnant des fonctionnaires corrompus tels que Belykh et Piroumov, ne fait rien d’autre que corriger ses propres erreurs. Mais, en même temps, ses enquêtes anti-corruption sont un programme anti-crise: leur but réel est d’empêcher une fracture de la classe dirigeante. Moscou semble avoir retenu la leçon des erreurs du président ukrainien Viktor Yanoukovitch, causes de la facture qui a amené les oligarques ukrainiens et les chefs de l’administration présidentielle du pays (!) à organiser l’Euromaidan, un coup d’État et une guerre civile dans le Donbass. L’establishment ukrainien, maintenant totalement inféodé aux USA, a plongé le pays entier dans la guerre civile.

Il est clair que le président Poutine n’a pas observé en vain les erreurs de son collègue ukrainien et qu’il a, en conséquence, commencé à nettoyer les écuries d’Augias de la classe politique et de l’establishment russe C’est là une mesure préventive destinée à préserver l’unité de la classe dirigeante et celle du pays.

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