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13 septembre 1958: Quand la France assassinait Ruben Um Nyobé La Nouvelle Expression
Figure emblématique de la lutte pour l'indépendance et la réunification du Cameroun, Ruben Um Nyobé a été exécuté le 13 septembre 1958 par l'armée coloniale française. Evocation.
Il y a 58 ans disparaissait Ruben Um Nyobé qui est et qui demeure l'un des pionniers de la lutte de libération nationale du Cameroun. Cette figure emblématique de la lutte pour l'indépendance et la réunification du Cameroun a été assassinée le 13 septembre 1958 par l'armée coloniale française dans son maquis de Bounnyebel.
Sa dépouille fut traînée jusqu'au chef-lieu de la région où il fut exhibé au public. Trahi par un proche collaborateur en qui il avait une incroyable confiance, Ruben Um Nyobé avait été localisé par l'armée coloniale longtemps avant la journée tragique. L'histoire retiendra, entre autres choses, ses discours prononcés devant la 4ème commission de tutelle des Nations-Unies en1952, en 1953 et en 1954. La qualité de ses interventions à l'Onu sur l'indépendance et la réunification du Cameroun ont amené cette organisation mondiale à s'interroger.
A la quête de véritables solutions
Notamment sur le contenu des rapports des autorités françaises qui assuraient la tutelle dans le Cameroun oriental et à préparer l'accession du Cameroun à l'indépendance. Ruben Um Nyobé dénonçait la lenteur de la France dans la mise en œuvre des réformes au Cameroun. Dans son discours devant commission de tutelle de l'Assemblée générale de l'Onu le 17 décembre 1952, Ruben Um Nyobé avait été formel : «Il est question de demander à l'Organisation des Nations Unies de trouver de véritables solutions qui permettront aux Camerounais d'accéder à leur indépendance dans un avenir raisonnable c'est-à-dire le plus proche possible. Et nous sommes modérés dans notre action. Nous ne demandons pas d'indépendance immédiate. Nous demandons l'unification immédiate de notre pays et la fixation d'un délai pour l'indépendance».
Lors de deuxième intervention en décembre 1953, Ruben Um Nyobé avait demandé à la France l'organisation d'un référendum sur l'indépendance et la réunification. Leader charismatique, Ruben Um Nyobé estimait que la réunification devait précéder l'indépendance. C'est dans cette optique qu'il avait proposé : «un programme-école, c'est-à-dire, un programme dont l'exécution permettrait aux Camerounais de recevoir une formation adéquate, pour pouvoir assumer les charges d'Etat découlant du recouvrement de notre souveraineté». Un programme devant «permettre aux citoyens de notre pays d'apprendre, pendant un laps de temps, à diriger, sous l'égide d'un haut-commissaire de l'Onu, le gouvernement de leur pays».
Victoire politique et morale
Ruben Um Nyobé avait été greffier et syndicaliste avant de devenir un homme politique. Orateur talentueux et habile négociateur, Ruben Um Nyobé était déterminé dans le combat qu'il menait. En dépit des obstacles et manœuvres de tous ordres y compris des agressions, des menaces de mort et tentatives d'assassinat, Ruben Um Nyobé avait pu convaincre l'Onu par ses discours, ses écrits et actions politiques sur le projet de l'indépendance et de la réunification du Cameroun.
Des Camerounais manipulés par la France s'étaient aussi rendus à l'Onu pour défendre des thèses qui contredisaient celles de Ruben Um Nyobé sur les revendications d'indépendance et de réunification. Ruben Um Nyobe a permis à l'Upc de gagner la bataille politique et morale. L'interdiction de l'Union des populations camerounaises (Upc) le 13 juillet 1955 par le gouvernement français fut l'une des preuves de l'impact du message du secrétaire général de l'Upc Ruben Um Nyobe.
La Nouvelle Expression
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