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Françafrique. A qui profite le trop coûteux Plan Borloo ? (Afrique éducation)

par Afrique Education 23 Octobre 2016, 14:52 Borloo Electrification Françafrique Areva EDF Bouygues Bolloré France Afrique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Qu'est-ce qui fait, tant, courir l'ancien ministre centriste, Jean-Louis Borloo, après qu'il ait abandonné la politique (départ volontaire du gouvernement et démission de la présidence de l'UDI), en France, pour des raisons entre autres de santé ? Alors que tout le monde lui souhaitait un prompt rétablissement et une excellente convalescence, entre Valenciennes et Paris, le voilà, qui cherche, subitement, à rebondir....en Afrique. Le continent des opportunités et de toutes les possibilités.

 

Cela fait, donc, plus d'un an que celui qui avait failli être le successeur de François Fillon, à Matignon, en 2011, avant que Nicolas Sarkozy, ne se ravise, parcourt le continent noir. Le très conséquent budget de voyages mis à sa disposition par ses amis du CAC 40 qui le poussent dans son projet, lui a permis de sillonner les cinq régions de l'Afrique, mais avec un accueil inégal comme on pouvait le craindre. Les portes lui ont été grandement ouvertes, en Afrique noire francophone (Françafrique oblige !), mais, l'Afrique, malheureusement, ne se limite pas à sa partie francophone, et la petite histoire voudrait que pour faire passer ce genre de méga-projet, qu'on ne se limite pas aux petites magouilles entre Francophones comme Paris les aime. Avec les Maghrébins (Algériens surtout) et les Anglophones (Sud-Africains, Ougandais et Zimbabwéens en tête), ce petit copinage qui a réduit la partie francophone de l'Afrique à sa simple expression, malgré ses immenses richesses, ne passe pas. Voilà, donc, Jean Louis Borloo, qui essaie d'obtenir à la Conférence Climat 21 (COP21), à Paris, ce que personne ne veut lui donner : les Américains ont leur plan lancé par Barack Obama, en 2013, pour électrifier quelques pays de l'Afrique australe, à partir des financements aussi publics (7 milliards de dollars) que privés (14 milliards de dollars). On a d'ailleurs critiqué le président américain de n'avoir pas été ambitieux, oubliant que l'argent ne se trouve plus facilement aux Etats-Unis pour financer l'Afrique. Il reste les pays émergents comme la Chine qui dispose des moyens conséquents pour financer un tel projet. Cela aurait été, peut-être, possible si Borloo était chinois. Français comme il est, il doit, d'abord, miser sur la solidarité européenne, pour le moment, inexistante. Avec l'appui de François Hollande, qui le soutient dans cette initiative (malgré lui), alors que son ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, dit à qui veut l'entendre que la France a ses propres projets dans ce secteur qu'elle n'arrive pas à financer, faute de moyens, Borloo devait tenter de séduire, une ultime fois, les Africains et les Européens réunis, à Malte, les 11 et 12 novembre, lors d'un Sommet consacré à l'immigration. Accepter d'allouer 5 milliards de dollars, chaque année, à un privé français, connaissant la réputation que les Français traînent en Afrique, sachant que l'essentiel des fonds viendrait des anglo-saxons, des pays du Golfe ou d'Asie, serait, tout de même, une équation à plusieurs inconnues. C'est-à-dire, très difficile à résoudre.

Mardi, 3 novembre, après-midi, Jan Louis Borloo a, facilement, obtenu un appui symbolique pour son Plan, à l'Assemblée nationale française après avoir, déjà, reçu un quitus semblable au Sénat. Au Palais Bourbon, il a, même, appelé en renfort, le président du (très virtuel) parlement panafricain, le Camerounais, Roger Nkodo Dang, venu d'Afrique du Sud, tous frais payés, dire aux députés français tout le bien qu'il pense de l'initiative Borloo. Cela dit, les langues fourchues diront que Borloo enfoncent les portes déjà ouvertes car il est prophète dans son propre pays. Et encore, puisque l'Etat français n'a pas un euro à lui donner. Qu'en est-il des parlements des autres grands pays européens, comme l'Allemagne et l'Angleterre ? Quid du parlement européen de Strasbourg où les Verts crient à la magouille française en Afrique !
Trêve de plaisanterie ! Qu'on cesse d'infantiliser l'Afrique. En ce début de 3e millénaire, il est indécent qu'un ancien ministre français, Jean-Louis Borloo, ou quelqu'un d'autre, se lance, comme cela, dans le lobbying, sur une question aussi importante, qui tient à cœur les Africains, et qui est au centre de leur émergence économique. L'Afrique en a marre de ce genre d'initiatives venues d'ailleurs, pour le soi-disant bien-être des Africains, alors qu'elle n'y a été associée, nulle part, ni avant, ni pendant, ni à côté de sa conception.

Preuve que Borloo, dans sa lancée, ne sait pas s'arrêter, il est allé jusqu'à proposer à l'ancien président de la BAD (Banque africaine de développement), le Rwandais, Donald Kaberuka, de le recruter afin qu'il travaille pour lui sur ce projet.

Sans dire les choses qui fâchent, disons, simplement, que le nouveau président de la BAD, le Nigerian, Akinwumi Adesina, a, justement, comme priorité, le développement de l'électrification de l'Afrique et la modernisation de l'agriculture, pour permettre au continent, d'accéder à l'émergence économique. Depuis sa prise de fonction, il y a 5 mois, il parcourt l'Afrique pour signifier cette priorité aux dirigeants du continent. La BAD étant le cadre le plus approprié pour accompagner l'électrification du continent africain, en concertation avec l'Union africaine, il faut plutôt l'aider, si les moyens existent, à cet effet. La BAD, c'est du sérieux. Elle ne peut être comparée à l'agence que souhaite monter l'ancien ministre de Sarkozy. Il est, peut-être, grand temps de commencer à prendre l'Afrique au sérieux.

Cela écrit, Jean-Louis Borloo est, parfaitement, libre de créer son agence, et de la faire fonctionner, où il veut, et comme il l'entend. Nous évoluons dans un monde ouvert, dans un cadre qui favorise beaucoup plus l'économie de marché. Mais, qu'il se garde bien d'en faire une affaire africaine comme c'est le cas, actuellement, car personne ne lui a demandé, ni à Addis Abeba où se trouve le siège de l'Union africaine, ni nulle part, de faire à la place des Africains. Son initiative est une affaire privée qui le regarde, lui, et ceux qui l'y ont poussé, à savoir, Total, Bolloré, Bouygues, Dalkia, Vinci, Dassault, Eiffage, Air France, Veolia, et d'autres.

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