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Herero et Nama, premier génocide du XXe siècle (Le Monde)

par Antoine Flandrin 28 Novembre 2016, 08:12 Namibie Herero Nama Génocide Allemagne Von Trotha Guillaume II Colonialisme

Le Mémorial de la Shoah lève le voile sur le massacre de 65 000 Herero et 10 000 Nama entre 1904 et 1908 dans la colonie allemande du Sud-Ouest africain.

 

Le fait est peu connu : le premier génocide du XXe siècle a eu lieu en Afrique. Environ 65 000 Herero et 10 000 Nama furent massacrés par l'armée du IIe Reich dans le Sud-Ouest africain allemand – l'actuelle Namibie – entre 1904 et 1908. Le Mémorial de la Shoah, qui avait déjà traité des génocides arménien et tutsi, consacre une exposition, visible du samedi 26 novembre au 12 mars 2017, à ce crime colonial à travers une abondance de documents d'archives.

Il y a tout d'abord cette photographie de Hendrik Witbooi, capitaine des Nama, coiffé d'un chapeau paré d'un ruban blanc, assis dans un fauteuil, le regard fier, un fusil à la main. Ce même couvre-chef, qui ressemble à un chapeau de cow-boy, est présenté un peu plus loin, derrière une vitrine. Leader instruit et charismatique, Hendrik Witbooi parvient à rassembler les clans nama et oorlam dans le sud de l'actuelle Namibie dans les années 1880.

D'incessantes disputes autour des pâturages dégénèrent avec d'autres clans. Les Allemands profitent de ces conflits répétés pour proclamer leur protectorat sur le Sud-Ouest africain en 1884. La colonisation n'en demeure pas moins une entreprise laborieuse pour les quelques marchands et diplomates venus s'aventurer dans ces contrées réputées hostiles : les gains sont dérisoires.

 

« Ordre d'extermination »

Le débarquement des troupes allemandes dans la colonie en 1889 inaugure alors une période de violences féroces. Dans la nuit du 12 avril 1893, lors d'une attaque surprise sur le camp de Witbooi, les troupes allemandes massacrent pas moins de 75 femmes et enfants. D'autres campagnes sont menées contre les « tribus rebelles » : les femmes sont violées, les survivants envoyés aux travaux forcés, les terres et le bétail saisis.

La déclaration du chef herero, Kamaharero, en réaction à l'expansion allemande, est présentée non loin d'un exemplaire du Petit journal, dont la couverture représente la police impériale réprimant une foule de manifestants berlinois opposés à la politique coloniale allemande. Ces documents permettent de prendre la mesure des résistances et des refus à l'œuvre. Après avoir multiplié les efforts de diplomatie, les chefs herero se soulèvent contre les colons allemands. Berlin envoie alors le général Lothar von Trotha mater la rébellion.

Celui qui a déjà fait montre d'une grande brutalité au Togoland et en Chine, lors de la guerre de Boxers, est déterminé à en finir avec les Herero censés n'être que des « sauvages ». Ses troupes armées de canons, de mitrailleuses et de grenades encerclent le campement de Waterberg, avant de lancer l'assaut, le 11 août 1904, avec pour ordre de ne pas faire de prisonniers. Les Herero réussissent à briser l'encerclement et des dizaines de milliers d'entre eux s'enfuient dans le désert. Pendant des semaines, repoussés de plus en plus loin dans le désert, d'innombrables Herero meurent de déshydratation...

 

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