Libye Cinq ans après l’intervention, le désastre
par
Afriques en Lutte
Véritable réquisitoire contre l’intervention militaire en Libye, un rapport parlementaire britannique confirme les critiques exprimées des opposants aux menées bellicistes de Cameron et Sarkozy. Livré aux seigneurs de guerre, le pays se morcelle, tandis que les milices font régner la terreur sur les populations civiles et les immigrés en transit.
La France en pole position
En quelques pages le rapport parlementaire analyse en détaille l’intervention militaire en Libye dirigée conjointement par David Cameron et Nicolas Sarkozy, il en souligne les erreurs d’appréciation, la méconnaissance du pays, dénonce les informations erronées et révèle pour la France les véritables raisons de l’intervention. Les auteurs en voient cinq. S’emparer d’une plus grande part du pétrole, augmenter l’influence de la France en Afrique du Nord, (après la désastreuse proposition de la ministre des affaires étrangère Michèle Alliot-Marie d’aider Ben Ali à mieux réprimer les révoltes populaires en Tunisie) . Améliorer la situation politique intérieure, donner une occasion à la France de s’afficher comme une puissance militaire et enfin réitérer sa mainmise sur son pré carré africain. Le rapport estime par ailleurs, que la menace contre les civils a été largement exagérée, se basant uniquement sur la rhétorique de Kadhafi, alors que les faits infirment ses diatribes. En effet les villes qui ont été reprises par ses troupes n’ont pas donné lieu à des massacres de civils.
Violation de la résolution de l’ONU
Si l’objectif était réellement la protection des rebelles de Benghazi comme l’indiquait Juppé à l’ONU : « chaque jour, chaque heure qui passe alourdit le poids de la responsabilité qui pèse sur nos épaules » , alors les attaques aériennes auraient écarté le danger en 24 heures, comme le note le rapport. L’intervention militaire visant à établir une « No Flight Zone » s’est transformée en une intervention de « No drive Zone » contre les troupes de Kadhafi. La résolution 1973 de l’ONU avait pour but la protection des civils, elle a été largement travestie comme en témoigne le déploiement des forces militaires. En effet ce sont près de 60 navires de guerre, 216 avions de combat, 80 hélicoptères et 84 avions de support qui ont été mobilisés avec une implication de quinze pays occidentaux auxquels se sont joints le Qatar, les Etats Arabes Unis et la Jordanie . Le rapport des parlementaires britanniques confirme aussi une autre violation de la résolution instaurant un embargo militaire total sur le pays. Ainsi par le biais du Qatar et des Etats Arabes Unis, des missiles anti chars français Milan ont été fournis aux rebelles.
Civils et migrants, premières victimes
La situation se dégrade en Libye. Un an auparavant deux grands pôles s’étaient formés, une autorité à Tripoli soutenue par les forces de Fajr Libya (Aube de la Libye) généralement qualifiée d’islamiste et celle de Tobrouk avec le général Haftar soutenue par l’occident. Avec les accords de Skhirat au Maroc, parrainés par la communauté internationale, un gouvernement d’union nationale s’est formé conduit par Fayez-Al-Sarraj. Soutenu par Fajr Libya, il a pu s’installer à Tripoli mais a été rejeté par Tobrouk. Le gouvernement de Fayez-Al-Sarraj n’arrive toujours pas à s’imposer sur l’ensemble du pays et perd de l’autorité dans la capitale avec l’éclatement de Fajr Libya. On assiste à un émiettement des milices dû notamment à l’arrêt du paiement des salaires. Désormais des miliciens sombrent dans le banditisme faisant régner à Tripoli un sentiment d’insécurité rarement atteint.
La Libye s’est transformée en véritable enfer pour les migrants subsahariens. Ils sont kidnappés, torturés, violés, réduits en esclavage et font l’objet de demandes de rançon. Ce qui n’empêche pas l’Europe d’envisager des accords en matière de migration avec la Libye. L’impératif humanitaire de nos dirigeants ayant subitement disparu ...
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