Dans ONPC, Yann Moix a entrepris d'interroger Dominique de Villepin sur les bombardements de Bouaké qui ont tué 9 soldats français en 2004. Yann Moix évoque le fait que le gouvernement français n'a jamais arrêté ces pilotes alors qu'ils ont été arrêtés par les autorités du Togo qui ont demandé à Paris de les extrader vers la France mais se sont heurtés à un refus. Or, d'après la juge d'instruction chargée de l'enquête sur ce drame depuis 2012, les services français étaient informés à l'avance de cette opération qui a conduit à la mort de soldats français.
DVD s'en tire avec une pirouette en disant qu'il n'était que ministre de l'intérieur et renvoie les responsabilités en filigrane à MAM (à l'époque ministre de la défense du chef de guerre français Chirac). A noter le lapsus de Villepin (à 4'44" sur la vidéo) où il évoque MAM comme étant la ministre de l'intérieur puis corrige à la suite de Ruquier "de la Défense".
DVD a précisé auparavant qu'il n'a jamais été saisi car cela ne relevait pas de ses compétences. Il évoque trois coups de fil qu'il aurait passé après son audition devant la juge où son directeur de cabinet, le directeur général de la police nationale et son conseiller diplomatique de l'époque lui auraient tous déclaré n'avoir aucune information ou "aucun souvenir" à ce sujet. En clair cet intime de l'ex-chef de guerre Chirac dit n'avoir été au courant de rien.
Lire :
- Bombardement de Bouaké en 2004: Selon Mediapart, "Alliot Marie, De Villepin, et Michel Barnier, risquent chacun, trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende"
- Attaque de Bouaké : M. Alliot-Marie accusée d'avoir «saboté» l'enquête (RFI)
Puis Moix déclare qu'en l'absence d'arrestation des pilotes biélorusses (refusés par la France), certains avancent des théories complotistes selon lesquelles il y aurait eu une intention délibérée de la France de bombarder ce camp pour justifier ensuite d'une intervention militaire contre Gbagbo. DVD l'accuse d'avancer des thèses révisionnistes. Les soit-disant thèses révisionnistes sont celles de l'avocat des familles : Jean Balan, avocat des familles des victimes de Bouaké : "Ce n'est pas Gbagbo qui a ordonné le bombardement de Bouaké. C'est un coup monté. La France voulait se débarasser de Gbagbo" (vidéo).
Douze ans plus tard, l'enquête est toujours dans l'impasse.
...Révélé par plusieurs médias français, Mediapart et le Canard enchaîné, le contenu de l’ordonnance rendue le 2 février par la juge française en charge de l’enquête sur le bombardement du camp français de Bouaké, en Côte d’Ivoire, en 2004, est sans appel. Dans ce document de 12 pages, Sabine Khéris demande au procureur de la République le renvoi devant la Cour de justice de la République (CJR) de trois anciens ministres de Jacques Chirac en poste au moment des faits, le 6 novembre 2004 : Michèle Alliot-Marie (Défense), Dominique de Villepin (Intérieur) et Michel Barnier (Affaires étrangères).
La juge française pointe le rôle des trois ministres dans la libération de huit Biélorusses – dont l’un des deux pilotes des Sukhoi-25 – dix jours après le bombardement qui fit 10 victimes. À l’époque, le ministre togolais de l’Intérieur, François Boko, avait fait immédiatement le lien avec les événements de Bouaké et décidé de les placer en garde à vue. Lors de son audition à Paris, ce dernier déclarera avoir « sollicité aussi le SCTIP [Service de coopération technique internationale de police] et un autre canal au ministère de l’Intérieur pour demander à Paris la conduite à tenir ». « Les instructions étaient de ne rien faire. Devant l’attitude de la France, qui m’a beaucoup étonnée, j’ai été amené à prendre des arrêtés d’expulsion », ajouta Boko.
Dans son ordonnance de transmission des pièces, Khéris écrit que « les hautes autorités françaises du ministère de l’Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères ont été prévenues de l’arrestation des pilotes biélorusses impliqués dans le bombardement de Bouaké ».
« La décision de ne rien faire » concernant ces pilotes « a été prise à l’identique » par les trois ministères, ce qui permet de penser à l’existence d’une concertation à un haut niveau de l’État », poursuit-elle. Elle ajoute qu’ »en donnant l’ordre de ne rien faire, en ne prévenant pas le procureur de la République », ces autorités « savaient que ces pilotes seraient mis en liberté et échapperaient à la justice ».
C’est ce qui justifie sa demande de renvoi devant la CJR...
Lire également :
- Survie Du bombardement de Bouaké au massacre de l’hôtel Ivoire : 10 ans de mensonges et d’impunité