Dans une Europe en pleine crise identitaire, l’enseignement du passé colonial dans les écoles fait débat. Que disent vraiment les manuels scolaires sur cette période ? De Berlin à Londres, en passant par Bruxelles, Paris, Rome et Lisbonne, Jeune Afrique a mené l’enquête

Dans une Europe en pleine crise identitaire, l’enseignement du passé colonial dans les écoles fait débat. Que disent vraiment les manuels scolaires sur cette période ? De Berlin à Londres, en passant par Bruxelles, Paris, Rome et Lisbonne, Jeune Afrique a mené l’enquête.
« Tous les manuels d’histoire du monde n’ont jamais été que des livrets de propagande », écrivait Marcel Pagnol, au terme d’une quête impossible : celle de la neutralité républicaine dans l’enseignement scolaire. À moins de six mois de l’élection présidentielle, c’est toute l’histoire de France qui est convoquée au cœur du débat politique, comme pour donner raison au romancier de La Gloire de mon père.
Une question clivante
Le candidat de droite François Fillon, qui estime que les livres d’histoire sont rédigés par des « idéologues », lesquels voudraient « imposer leur vision de la société », promet de « remettre les pendules à l’heure et l’histoire de notre pays où elle doit être », en revenant aux sources du « récit national » et d’une histoire de vainqueurs écrite par des vainqueurs.
Dérive dangereuse, répond la ministre socialiste de l’Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, pour qui ce serait « une lâcheté » que d’occulter dans le cadre de la scolarité « les heures les plus douloureuses de notre histoire ».
Si la France politicienne en est encore à polémiquer à propos de la place à accorder dans l’enseignement à Clovis, à Jeanne d’Arc, à Voltaire et à Napoléon, comment pourrait-elle aborder avec sérénité le chapitre colonial ? Comment y parvenir et même y songer à l’école, alors que, contrairement à la Grande-Bretagne par exemple, elle en est toujours à débattre du rôle positif ou négatif de la colonisation ?
La reconnaissance, un premier pas
Il faut rendre cette justice à François Hollande : jamais un président français n’est allé aussi loin dans l’introspection coloniale. Que ce soit à propos de la guerre d’Algérie, du massacre de Thiaroye, au Sénégal, de la sanglante répression des soulèvements camerounais et malgache, Hollande a fait bouger les lignes, reconnu les crimes et rendu hommage aux victimes – même s’il n’a jamais prononcé les termes d’excuse ou de repentance et même si le rôle de la France avant et pendant le génocide rwandais demeure tabou...