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Italie : Mario Monti appelle à voter "non" au référendum constitutionnel (La Tribune)

par Romaric Godin 4 Décembre 2016, 05:55 Renzi Mario Monti Referendum constitutionnel Italie

Mario Monti veut voter "non" le 4 décembre. (Crédits : (c) Copyright Thomson Reuters 2012)

Mario Monti veut voter "non" le 4 décembre. (Crédits : (c) Copyright Thomson Reuters 2012)

L'ancien président du conseil appelle à rejeter le projet de réforme constitutionnelle de Matteo Renzi. Pourquoi ? Parce qu'elle est proposée par Matteo Renzi... Une sortie pas forcément inquiétante pour le chef du gouvernement italien.

C'est une annonce qui peut surprendre. Le « grand réformateur » adoubé en 2011 par l'Union européenne et la BCE, Mario Monti, a appelé dans un entretien publié ce mardi 18 octobre dans le quotidien milanais Corriere della Sera à voter « non » au référendum constitutionnel convoqué le 4 décembre prochain par Matteo Renzi. Cet appel est d'autant plus étonnant que celui qui est toujours sénateur à vie avait voté voici deux ans en faveur de ladite réforme au Palazzo Madama, siège de la chambre haute italienne et que, dans le même entretien, l'ancien président du conseil affirme soutenir les points clés de la réforme, notamment la fin du bicamérisme parfait.

Pourquoi Mario Monti appelle à voter non

Alors pourquoi ce coup d'éclat ? Mario Monti explique que « voter oui au référendum signifierait voter oui au maintien des Italiens dans la dépendance de la générosité de l'Etat ». « Ce serait un oui à ne pas maintenir avec eux un rapport de citoyens adultes et mûrs face à l'Etat », poursuit-il. Autrement dit, Mario Monti refuse de soutenir une réforme de la constitution si cette dernière ne s'accompagne pas d'un changement de « méthode de gouvernement ». Or, pour le Sénateur depuis « trois ans », autrement dit depuis qu'il a quitté le Palais Chigi, siège de la présidence du Conseil, l'opinion publique italienne a été « innondée de bonus fiscaux, de largesses ou d'autres dépenses publiques pour qu'elle accepte cette méthode ». Selon Mario Monti, les difficultés de l'Italie ne sont pas constitutionnelles, mais reposent sur « la corruption, l'évasion fiscale et l'utilisation de l'argent de demain par la classe politique pour se défendre contre sa propre impopularité ».

« Ou moi, ou rien »

Mario Monti estime donc que, depuis qu'il a quitté le pouvoir, les élites politiques italiennes « achètent » l'opinion par des dérives budgétaires. Puisque soutenir le « oui » au référendum ne changerait rien à cet état de fait, voire l'aggraverait dans la mesure où le président du Conseil Matteo Renzi tente d'utiliser son projet budgétaire comme un argument électoral, l'ancien commissaire européen préfère voter « non ». Il y a clairement dans cette démarche une volonté de dénigrer l'action des deux gouvernements qui lui ont succédé, celui d'Enrico Letta, puis celui de Matteo Renzi. En bref, Mario Monti suggère que si la réforme est bonne, il faut la rejeter en raison de ceux qui la proposent. Cette réforme aurait donc le désavantage absolu de ne pas avoir été proposée par... Mario Monti. Ce dernier soigne ainsi sa propre légende, celle d'un chef de gouvernement authentiquement « réformateur » quand celui de l'actuel président du conseil ne serait que « démagogique ». Au mieux, il prépare sa postérité, au pire un retour en politique...

 

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