Défense d'y voir pour la presse ivoirienne
Canard enchaîné, 15.02.17
Coffrer ses journalistes plutôt que ses soldats mutins ! C'est la brillante idée du pouvoir ivoirien, qui a, le 12 février, envoyé dans un camp militaire d'Abidjan trois directeurs de journaux et trois rédacteurs en chef. Ces insolents avaient osé écrire que les hommes des forces spéciales qui venaient de se soulever à Adiaké (sud-est du pays) avaient reçu des primes gouvernementales pour se calmer. Ces révoltes sont tellement taboues que le procureur - qui a justifié - l'arrestation des confrères pour "divulgation de fausses nouvelles" - les a plaisamment qualifiées de "mouvements d'humeur" !
La France a aidé militairement le président Alassane Ouattara, en 2011, à reprendre à Laurent Gbagbo un pouvoir qu'il ne voulait pas lâcher. Elle doit apprécier l'épisode. Six ans après ce coup de force, la Côte d'Ivoire est un vaste chaos où des chefs de guerre, naguère alliés de Ouattara, règnent désormais sur des régions entières, en toute impunité.
Heureusement, le pouvoir d'Abidjan dispose d'un remède imparable : emprisonner les journalistes qui répercutent ces mauvaises nouvelles.