Gilbert Nicolas a 83 ans. Samedi, ce pasteur manifestait contre une réunion d’extrême droite à Quimper (Finistère). Trois coups de matraque dans le dos, un au visage : deux dents cassées, une balafre. Témoignage.
Une balafre sur la lèvre. Quand il sourit, il manque deux dents. Gilbert Nicolas, 83 ans, porte les stigmates de la soirée de samedi. Il est 19 h 40 lorsqu’il participe, à Quimper, à une manifestation extérieure contre le déroulement dans les halles d’une rencontre d’extrême-droite organisée par le site Breizh Info. « On était une centaine à crier le slogan : Bretagne ouverte et solidaire », raconte ce pasteur, militant de la première heure, membre de l’Union pacifiste de France et du Mouvement international de la réconciliation.
« Une charge démesurée »
Un cordon de CRS se déploie. « On était à vingt mètres. Je dois reconnaître que, dans notre groupe de manifestants d’extrême gauche, il y avait des gens incontrôlés qui portaient des foulards. » Le directeur de cabinet du préfet, Jean-Daniel Montet-Jourdran, leur demande de démasquer leur visage. Ils refusent : « Cela a été pris comme une provocation des antifascistes. Je pense que c’est ça qui a provoqué cette charge démesurée », dénonce Gilbert Nicolas.
« Je n’ai pas entendu les sommations. J’étais dans les trois premiers rangs et je ne suis pas parti tout de suite. Je sens trois coups qui me font très mal dans le dos. Je me penche et le même CRS me met un coup de matraque en pleine tête. » Bilan : deux dents supérieures de devant complètement cassées et une balafre à la lèvre. « D’autres copains ont été frappés à coup de matraque et un autre renversé violemment par un bouclier. » ...