Nouvelle escalade des tensions dans le Donbass et redistribution des cartes géostratégiques – L’Ukraine plonge vers le chaos
Par Christelle Néant
DNI Press

Les chiffres de bombardements qui continuent à augmenter depuis plusieurs semaines, ont atteint un nouveau pic durant les dernières 24 h avec pas moins de 2 927 bombardements menés par l’armée ukrainienne contre la République Populaire de Donetsk (RPD), dont 20 tirs de lance-roquettes multiples Grad sur le village de Spartak.
La réutilisation de ces armes de destruction de grandes surfaces par l’armée ukrainienne est inquiétante, car il faut se rappeler qu’elles avaient été massivement utilisées lors de l’escalade récente qui avait eu lieu fin janvier-début février.
Ces bombardements ont fait deux blessés parmi les civils et ont détruit ou endommagé 13 maisons. Des bombardements qui frappent désormais de plus en plus en plein jour, comme nous avons pu le constater lors d’une visite à Zaïtsevo, où les obus de l’armée ukrainienne volaient au dessus de nos têtes vers les positions de l’armée de la RPD qui se trouvaient derrière nous (vers la fin de la vidéo) :
Mon collègue Vittorio qui se trouvait quelques jours plus tard dans le Sud de la RPD, à Kominternovo, l’a échappé de peu, alors que l’armée ukrainienne a tiré à plusieurs reprises sur la route où circulait la voiture dans laquelle il se trouvait :
Des bombardements qui empêchent les travaux de réparation des lignes électriques de la station d’épuration de Donetsk d’avoir lieu, bloquant ainsi le redémarrage de la station, qui avait dû de nouveau stopper son fonctionnement suite à de nouveaux tirs de l’armée ukrainienne.
Des tirs qui ont eu lieu, alors que la direction de la station d’épuration a demandé à l’OSCE d’assurer la sécurité de ses employés en venant superviser les changements d’équipes. Une demande à laquelle l’OSCE n’a pas daigné répondre, alors que cela relève de son mandat, tout comme la protection des équipes de réparation.
L’OSCE dont le travail laisse de plus en plus à désirer et qui s’assoit joyeusement sur ses obligations. Ainsi Vladislav Deneigo, le représentant de la République Populaire de Lougansk (RPL) à Minsk à souligné que les rapports de la mission de l’OSCE contiennent des faits inventés. Il a ainsi relevé que des observateurs de l’OSCE donnaient des détails sur les explosions entendues qu’ils sont en réalité incapables de savoir au vu de leur manque d’eérience militaire.
Et c’est en RPL aussi, que l’OSCE s’est « illustrée » une fois de plus, en quittant Stanitsa Louganskaya, 30 minutes à peine avant le désengagement des armes qui devait avoir lieu aujourd’hui. Un désengagement qui devait se faire sous la supervision des observateurs de l’OSCE, qui doivent pouvoir attester que celui-ci a bien lieu, cela faisant clairement partie de leurs obligations. Quelle excuse vont-ils trouver pour justifier ce énième manquement à leur devoir ? Ils avaient piscine, fitness ou fini leurs heures ?
Plus le temps passe et plus cette organisation donne toutes les raisons pour se faire haïr de la population et des autorités locales, et pour discréditer totalement son travail en tant qu’aide au maintien de la paix.
Une paix et un arrêt du génocide dans le Donbass que de plus en plus de gens à travers le monde appellent de leurs vœux. Ainsi, une campagne internationale intitulée « Stoppez le génocide des habitants du Donbass » a été lancée, et marquée par des manifestations dans plusieurs grandes villes, près des ambassades ukrainiennes, des administrations présidentielles, et des bureaux de l’OSCE ou de l’ONU.
Les participants à ces manifestations demandent à l’ONU de reconnaître ce qui se passe dans le Donbass comme un génocide, de poursuivre Porochenko pour crimes de guerre et de déclarer comme organisations terroristes les groupes et bataillons nazis et ultra-nationalistes ukrainiens.
Des manifestations ont déjà eu lieu à Rostov, New York, Prague et dans plusieurs villes italiennes et d’autres sont prévues un peu partout, de Moscou à La Hague. Même en Ukraine, des manifestations ont eu lieu pour protester contre le blocus du Donbass, comme à Kramatorsk, où plus de 500 personnes s’étaient réunies pour demander la levée du blocus.
Des Ukrainiens qui ont bien compris vers quoi les mène ce blocus, comme l’indiquaient certains des panneaux qu’ils portaient : « Le blocus est la route qui mène à l’obscurité » « En bloquant le charbon de l’Est de l’Ukraine, vous détruisez le pays ». Et ils ont raison, puisque même les médias ukrainiens comme la chaîne 112 admettent que ce blocus va coûter 3,5 milliards de dollars et 75 000 emplois à l’Ukraine.
Même Tetiana Tchonovol, députée de la Rada aux idées politiques nationalistes radicales (elle a été la porte parole du parti d’extrême-droite UNA-UNSO, et une activiste assidue du Maïdan, sans parler de son défunt mari qui faisait partie du bataillon Azov), a compris que ce blocus est un non sens, et a essayé d’aller parler aux combattants qui organisent le blocus.
Après avoir accusé les combattants de faire le jeu de la Russie (ce qui n’est pas faux, la Russie, la RPD et la RPL utilisant les âneries des ultra-nationalistes ukrainiens pour les retourner contre l’Ukraine), et que Poutine était leur patron, Tetiana Tchonovol a été giflée par une femme présente sur place et s’est prise plusieurs jets d’œufs sur la tête. Les mouvements nationalistes ukrainiens semblent souffrir d’un phénomène de scission qui s’étend à tout le reste du pays.
Ainsi, sur la place du Maïdan, des nationalistes ont manifesté contre la gouverneure de la banque nationale ukrainienne, Valeria Gontareva, en apportant un cercueil contenant une poupée gonflable à son effigie en tenue de prisonnier rayée. Les manifestants l’ont accusée de complaisance envers des entreprises et institutions russes en Ukraine, et lui ont reproché l’état du cours de la Hryvnia et de l’économie ukrainienne.
Et de son côté, le député et chef du parti radical Oleg Liachko s’est plaint de l’ingérence américaine dans les affaires ukrainiennes. Comme Nadiejda Savtchenko et Tetiana Tchonovol, il semble que certains nationalistes ukrainiens commencent à comprendre vers quel chemin les mène la politique américaine et se rebiffent.
D’autres, grassement payés par des oligarques comme Kolomoïsky, veulent pousser encore plus loin leur logique destructrice, en bloquant aussi les trains venant de Russie. Alors que l’Ukraine s’effondre, les forces qui ont été soutenues lors du Maïdan par les occidentaux sont en train d’accélérer sa désintégration.
Une désintégration qui devient de plus en plus visible, avec l’effondrement de ce pont à Kiev, l’explosion à la cokerie d’Avdeyevka à cause des manquements aux règles de sécurité, ou certains indicateurs comme la mortalité et le taux d’émigration de la population, qui battent de tels records en Ukraine (2e pays dans le monde en terme de taux de mortalité et de taux d’émigration), que le pays fait pire que les pays africains (sic). L’Ukraine est en pleine « somalisation » accélérée.
Quand on voit tout cela, on comprend mieux pourquoi il y a quelques jours, Alexandre Zakharchenko annonçait que l’Ukraine disparaïtrait d’ici 60 jours maximum. Une opinion partagée par la population, et les soldats de la RPD sur le front (voir la première vidéo de l’article). Le tout sur fond de rumeurs de plus en plus persistantes sur le fait que Porochenko aurait envoyé un certain nombre de ses avoirs tangibles (argent et biens culturels) en Espagne où il possède une résidence, préparant ainsi sa future fuite.
Et ce n’est pas la plainte bidon déposée devant la Cour Pénale Internationale contre la Russie qui va arranger le cas de l’Ukraine, puisque celle-ci est venu avec des accusations floues, et qui n’ont rien à voir avec le mandat de la CPI, qui ne pourra donc rien faire concernant ces plaintes. L’Ukraine va se ridiculiser totalement sur la scène internationale avec cette plainte mal ficelée, et dont on se demande quels genre d’avocats les autorités ukrainiennes ont engagés pour arriver à un résultat aussi désastreux.
De son côté, la Russie continue de redistribuer les cartes et prend les devants, en publiant par exemple la lettre que Viktor Yanoukovytch, le président légitime de l’Ukraine, a écrit à Donald Trump, à plusieurs chefs d’état européens dont ceux de la France, de l’Allemagne et de la Pologne, ainsi qu’au Conseil de l’Europe et au Parlement Européen, afin non seulement d’exposer en détail les faits qui se sont déroulés lors du Maïdan (le but étant je pense surtout d’informer Trump de la réalité de ce qui s’est passé lors du coup d’état), mais aussi de leur demander d’agir.
S’adressant plus particulièrement à Trump, Ianoukovytch lui demande en effet, pour rétablir la démocratie et la loi en Ukraine :
– d’envoyer des observateurs internationaux pour superviser le processus d’enquête concernant les meurtres commis lors des manifestations de masse qui ont eu lieu à Kiev lors du Maïdan ;
– de demander aux autorités ukrainiennes d’autoriser les observateurs internationaux et les représentants de ce qui est actuellement l’opposition ukrainienne à surveiller l’enquête concernant les crimes commis en Ukraine de 2014 jusqu’à maintenant ;
– de donner une évaluation politique et juridique objective des actions des représentants des États-Unis pendant la crise ukrainienne ;
– d’inclure dans les négociations au format Normandie les représentants des parties rebelles (comprendre la RPD et la RPL), qui représentent le peuple du Donbass ;
– en cas d’échec des autorités ukrainiennes actuelle à appliquer les accords de Minsk – d’initier un référendum sur le statut du Donbass.
Cette lettre est importante, car dans celle-ci, Ianoukovytch non seulement reconnaît les autorités de la RPD et de la RPD comme étant les représentants du peuple du Donbass, légitimant ainsi ces mêmes autorités, mais il avalise aussi l’idée d’un référendum sur le statut du Donbass.
Comme indiqué dans mon article sur le fait que l’Ukraine s’est mise elle-même échec et mat, quand l’Ukraine lancera sa dernière offensive, la Russie va pouvoir utiliser Ianoukovytch pour obtenir le droit de venir légalement rétablir la paix dans le Donbass, et organiser de manière totalement sécurisée et officielle ce référendum qui ne fera que confirmer le résultat du premier fait en 2014.
En clair, la Russie pourrait bien rééditer ce qu’elle a fait en Crimée, en bénéficiant du cadre légal du droit international grâce au fait que Ianoukovytch est toujours légalement président de l’Ukraine, et grâce à toutes les erreurs commises non seulement par les autorités ukrainiennes mais aussi par des organisations comme l’OSCE, qui se sont ainsi totalement discréditées.
Pendant que l’Ukraine s’apprête à plonger dans les ténèbres, le Donbass marche doucement mais sûrement vers la lumière, comme l’a symbolisée la première illumination du Donbass Arena depuis le début de la guerre, le 28 février au soir.