Le vendredi 21 avril 1967 à l’aube, Athènes est réveillée par des bruits métalliques : des chars sillonnent les rues et entourent le Parlement. À la radio, le speaker énumère une liste d’interdictions. Le pays subit un coup d’État militaire. La dictature des colonels va durer sept ans.

Avec la Guerre Civile (1946-49) officiellement close en 1961, les Grecs croyaient pourtant sortir de la terreur. Les derniers prisonniers politiques ont tout juste regagné leur foyer en 1964, lors du Printemps d’Athènes[1]. Mais la liberté retrouvée se heurte aux ambitions des monarques grecs, liés à l’organisation chrétienne orthodoxe d’extrême droite, la ZOÏ et s’appuyant sur un obscur mécanisme d’État parallèle. La constitution laisse au roi des pouvoirs exorbitants : il peut bloquer toute loi ou légiférer par décret et il en abuse. Ainsi, les souverains s’opposent au Premier ministre Caramanlis, puis à Georges Papandréou (père d’Andréas) qui a pourtant recueilli près de 70% des suffrages librement exprimés lors des élections de 1964. Le Palais nomme plusieurs gouvernements de son choix mais sans majorité à la Vouli, provoquant des manifestations violemment réprimées, au prix de plusieurs morts, dont Lambrakis et Petroulas. Les enterrements se transforment en énormes protestations...

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