La seule chose scandaleuse à propos de la dénonciation de la colonisation en tant que « crime contre l’humanité », c’est la négation de cette évidence. De l’exposition en cours au Musée national des arts anciens (MNAA) de Lisbonne jusqu’à l’étude récente d’un économiste de Harvard, démonstration.
Sur le tableau intitulé Chafariz D'EL Rei (« La fontaine du roi »), au milieu d’une scène de rue de la Lisbonne de la Renaissance, figure un chevalier de l’ordre de Santiago, à la monture richement harnachée. L’homme à cheval, au port noble, est un Noir. Une autre figure africaine du même tableau représente le plus bas de l’échelle sociale : un serviteur, certainement un esclave, couvert d’excréments qu’il portait sur la tête dans un seau dont le fond a rompu. Ce contraste alimente actuellement une polémique sur l’authenticité de l’œuvre, prétexte de l’exposition consacrée par le MNAA à « La cité globale – Lisbonne pendant la Renaissance ». Comment un Noir pouvait-il être chevalier, interrogent les sceptiques ? Que nous dit l’art de cette première mondialisation, celle des découvertes portugaises, qui fit de la capitale lusitanienne un monde cosmopolite, dont une part importante de la population venait d’Afrique subsaharienne ? Mais qui fut aussi à l’origine de la traite transatlantique, crime contre l’humanité s’il en est...