Ils se targuaient d'avoir "prédit" la victoire de Fillon à la primaire de la droite. L'entreprise basée au Canada Filteris diffusait depuis le 2 février des indices du "poids numérique des candidats", basés sur une analyse "big data" des conversations numériques, plaçant Marine Le Pen et François Fillon au second tour. Leurs graphiques, largement relayés, ont alimenté les espoirs du camp Fillon... et les soupçons de partialité : un des actionnaires minoritaires de l'entreprise est un proche de Pierre Fillon, le frère du candidat battu. Suite au démenti cinglant de leur analyse par les résultats du premier tour, son fondateur tente de justifier cet échec, et dément toute volonté d'intervention dans le débat public.
Vendredi 21 avril, 23h50 : dix minutes avant le début de l'embargo, l'entreprise Filteris publiait sa dernière estimation du "poids numérique des candidats". François Fillon arrivait deuxième, derrière Marine Le Pen. Un graphique à l'apparence de sondage donnant leur champion au second tour ? Quelle aubaine ! La "mesure" était relayée par tous les soutiens du candidat Fillon, et faisait même l'objet d'un article sur le site de Valeurs Actuelles.
La mesure du "poids numérique" de chaque candidat, relayée sur Twitter...
...et par Valeurs Actuelles
Pourquoi tant d'honneur ? Fondée en 2002 par un couple de Sarthois expatriés au Canada, Jérôme Coutard et Isabelle Dornic, l'entreprise se dit "spécialisée en audit d'image et de réputation, ainsi qu'en accompagnement stratégique auprès d'entreprises, de régions et de personnalités". A priori, une niche éloignée de la politique. Mais l'entreprise s'est récemment initiée au "big data", le déchiffrage des immenses champs de données produites par les utilisateurs sur Internet. Elle se targue (à juste titre) d'avoir, grâce au Big data, prédit la victoire de Fillon à la primaire de la droite et du centre, au nez et à la barbe des sondeurs. "Les sondages classiques sont désormais déclassés par l'analyse Big Data des perceptions et des valeurs naturellement exprimées sur les réseaux sociaux par tous les citoyens et électeurs", claironnait-elle dans un communiqué au lendemain de la victoire de Fillon, le 28 novembre 2016.
Depuis, elle...