Décryptage. Loin d’incarner une rupture avec le libéralisme des gouvernements passés et présent, Marine Le Pen franchit une étape supplémentaire dans le travestissement des orientations qu’elle défend en vue de l’élection présidentielle. Son projet constitue en réalité un danger pour les salariés, les plus démunis et la démocratie en général.
En campagne permanente depuis la dernière élection présidentielle, Marine Le Pen s’est d’abord présentée comme la championne de la « France des oubliés », avant de prétendre ces derniers mois parler « au nom du peuple ». C’est ce credo qu’elle et son équipe de campagne ont mis en avant ce week-end à Lyon lors des « assises présidentielles » du parti. Dans son discours de clôture, la candidate a promis une triple « révolution » : du patriotisme (économique, mais développant aussi l’identité nationale) ; de la proximité en proposant aux Français une « démocratie de contrôle » par le « référendum d’initiative populaire » ; de la liberté, notamment en « retrouvant la souveraineté nationale », qui amènera la France à sortir de l’Union européenne.
Dans un grand écart entre tentative autoritaire et promesse d’écoute des Français qui lui permet à la fois de justifier les aménagements cosmétiques de son programme et de surseoir à la clarification de certaines mesures, le FN flaire l’aubaine. Plutôt facile de proposer par exemple la « Sécurité sociale garantie pour tous », même sans développer, quand François Fillon lui sert le sujet sur un plateau, en totale rupture avec la majorité des Français. Se dégagent néanmoins du projet de la candidate des lignes de force qui reprennent les fondamentaux du parti d’extrême droite. Découpé en sept grandes parties (« une France fière », « une France prospère », etc.) et comptant 144 mesures, son programme présidentiel fait la part belle au rejet de l’immigration, à la sortie de l’Union européenne et au « patriotisme économique », à la sécurité et à l’« identité ». Selon la présentation qu’en fait Marine Le Pen, ce programme représente un « choix de civilisation (qui) engagera aussi l’avenir de nos enfants ». Nous avons décidé de le passer au crible. Le résultat est sans appel : les choix qui le guident feraient entrer la France dans une régression sans précédent depuis la Libération...