Code du travail : Philippe veut avancer à marche forcée après discussions, mais quid des négociations ?
Par Elisabeth Studer
Blog finance
Si Emmanuel Macron a utilisé le pas du légionnaire pour nommer Premier ministre et gouvernement (même s’il revient « en principe » à l’hôte de Matignon de nommer ses ministres, soit dit en passant … ) Edouard Philippe veut quant à lui réformer le code du travail à marche forcée.
Concédant – tout de même – que la réforme du Doit du Travail – chère à l’Union européenne – donnera lieu à « une discussion » avec les partenaires sociaux et le Parlement, il a déclaré ce wekk-end dans un entretien accordé au Journal du dimanche que sa mise en oeuvre devra être rapide.
« C’est une réforme majeure. Une bonne réforme est une réforme bien pensée, bien discutée, puis bien exécutée. La réforme du code du travail a été bien pensée. Nous allons désormais la discuter pour l’enrichir et l’expliquer. Cela veut dire une discussion avec les organisations syndicales, qui est indispensable, et une discussion parlementaire qui aura lieu à l’occasion du vote de la loi d’habilitation qui permettra au gouvernement de prendre des ordonnances dans le cadre défini par le Parlement« , déclaré le Premier ministre. Reste tout de même qu’auparavant, les législatives devront offrir au gouvernement la majorité, ou tout au moins une voie royale voire princière pour agir via ordonnances … ne l’oublions pas.
Edouard Philippe a par ailleurs indiqué qu’il aura avec la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, « des rencontres bilatérales avec l’ensemble des organisations syndicales. » Toutefois, affirme-t-il, la discussion achevée, « il faudra aller vite. »
Des propos qui pourraient faire sourire alors qu’Emmanuel Macron et son premier ministre auront tout de même mis trois jours pour nommer ministre de l’Intérieur, ministre de la Défense et ministre des Affaires Etrangères …. en plein état d’urgence …
Selon Edouard Philippe, il n’est pas possible d’attendre deux ans « pour achever cet exercice ». Histoire de tenter de calmer le jeu, il a affirmé par ailleurs qu’Emmanuel Macron avait entendu la colère des Français mais était néanmoins conscient de « l’urgence de la transformation du pays ».
Le gouvernement entend ainsi se montrer ferme. Face à l’inquiétude des syndicats, M. Philippe s’ »engage dans cet exercice avec ouverture et bonne volonté », soulignant toutefois que la France « doit avancer » et « repartir ». Oubliant peut-être que Emmanuel Macron était ministre de l’Economie il y a encore quelques mois, et qu’il n’est donc pas totalement étranger à la situation actuelle du pays.
« Au fond, tous les Français le savent, et ils ne nous pardonneraient pas de ne rien faire. Nous devons avancer avec détermination, saisir ce moment et cet espoir », a-t-il enfin ajouté.
Rappelons que si la loi Travail de Myriam El Khomri a ouvert la porte aux accords d’entreprises, plutôt qu’à ceux négociés nationalement ou par branches professionnelles en ce qui concerne le temps de travail, Emmanuel Macron veut aller plus loin encore. Il souhaite en effet que ces négociations portent également sur l’emploi, les salaires et les conditions de travail. Il veut également avancer sur la fusion des différentes structures de représentation du personnel. Enfin, il souhaite plafonner les indemnités de licenciements dans le cadre d’une procédure devant le tribunal des prud’hommes.
Sources : AFP, Le Parisien, Ouest-France