Boris Boillon, un ancien ambassadeur devant les juges
Par Pascal Egré
Le Parisien
Le procès de l’ex-ambassadeur Boris Boillon, arrêté avec 385 000 euros en liquide en 2013 à Paris, débute ce lundi.
Des coupures de 50, 100, 200, 500 euros et de 100 dollars bien rangées dans des petits sacs et une boîte en plastique... Au total, comptent les douaniers, le bagage du voyageur contrôlé ce 31 juillet 2013 en gare du Nord à Paris contient 3 772 billets représentant environ 385 000 euros.
En partance pour la Belgique, l’homme qui les transporte n’est pas un inconnu : il s’agit de Boris Boillon, ex-ambassadeur en Irak puis en Tunisie, et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, alors reconverti dans le privé et résident d’Uccle, à Bruxelles. D’où vient l’argent ? s’interroge la justice, qui, au terme d’une longue enquête préliminaire, décide de citer le sulfureux diplomate à comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris. Son procès, reporté de la fin mars à ce lundi, se tient sur deux jours devant la 11e chambre.
Boris Boillon, 47 ans, répond de quatre délits : manquement à une obligation déclarative ; faux et usage de faux ; blanchiment de fraude fiscale ; abus de biens sociaux. «Il n'opposera pas son droit au silence, il veut s'expliquer et mettre à bas les fantasmes du parquet», assure, comme en mars, Me Jean Reinhart, l'un de ses avocats avec Me Marion Lambert-Barret.
Leur client n'entend reconnaître que la première infraction, passible d'une amende calculée sur le quart de la somme (environ 95 000 euros), indique-t-il. La loi impose en effet de déclarer tout transfert physique d'argent liquide à l'intérieur de l'Union européenne au-delà de 10 000 euros — ce qui, d'évidence, n'a pas été fait. Il conteste en revanche les délits les plus graves, pour lesquels il encourt jusqu'à cinq ans de prison et 375 000 euros d'amende.
L'hypothèse d'une origine libyenne des fonds
«Cet argent, que le parquet considère comme obtenu illégalement, est le fruit d'un travail d'intermédiation réalisé en Irak», martèle Me Reinhart, pour qui il n'y a ni fraude, ni blanchiment, ni abus de biens sociaux. Boris Boillon, alors à la tête d'une société de conseil, Spartago, avait expliqué d'emblée aux enquêteurs que ces espèces correspondaient à des honoraires versés par une société irakienne, Euphrate, dans le cadre d'un contrat lié à la construction d'un complexe sportif (stade, hôtel quatre étoiles) à Nassiriya, dans le sud du pays. «Le paiement en liquide est une pratique, certes particulière, mais courante en Irak, du fait d'un système bancaire inexistant», souligne Jean Reinhart, qui rappelle que son client avait fourni des documents attestant de la réalité du contrat...