Prix du baril : Etats-Unis et Libye annulent les efforts de l’Opep
Par Elisabeth Studer
Blog Finance
Quand Etats-Unis et Libye réunis remettent en cause les efforts des membres de l’Opep et des autres pays producteurs partenaires. Alors que nous indiquions récemment ici-même que l’impact du conflit syrien sur l’offre mondiale de pétrole permettait en toute discrétion aux majors pétrolières US d’intensifier leur production, désormais les faits – voire la stratégie américaine ? – apparaissent peu à peu au grand jour.
Les cours du pétrole ont en effet baissé lundi, les investisseurs réagissant aux signes laissant entrevoir une reprise de la production en Libye comme aux Etats-Unis, et ce, alors même que les marchés demeurent dans l’expectative, souhaitant obtenir des éléments prouvant que l’offre tend à se résorber.
Ainsi, le prix du baril de « light sweet crude » (WTI) a concédé 49 cents durant la journée, s’échangeant à 48,84 dollars sur le contrat pour livraison en juin sur New York Mercantile Exchange (Nymex).
La plupart des analystes considèrent que la principale cause de cette tendance résulte de l’annonce d’un retour de la production libyenne autour de 700.000 barils par jour (bj), un niveau certes deux fois moindre que celui qu’elle avait atteint à une époque. La production de la Libye est particulièrement suivie par les marchés, le pays n’ayant pas été contraint par l’Opep de limiter sa production sur les six premiers mois de 2017, contrairement à la majeure partie de ses membres et nombre de ses partenaires. Des mesures prises en vue de rééquilibrer le marché mondial, où l’abondance règne.
A noter également que la compagnie publique libyenne a annoncé que la production avait même dépassé 760.000 bj, suite notamment au redémarrage du gisement d’al-Sharara, l’un des sites les plus impactés par les vives tensions internes auxquelles le pays est confronté. Sa capacité de 330.000 barils par jour devait lui permettre de jouer un rôle-clef dans la stratégie menée par le pays en vue de relancer sa production.
Désormais la production libyenne retrouve son plus haut niveau depuis décembre 2014. Or, précisent certains analystes, toute reprise durable des volumes extraits par la Libye limite les effets des baisses de production engagées par l’Opep tout en ralentissant le rythme du rééquilibrage du marché mondial.
Rappelons que depuis janvier, les membres du cartel ainsi que nombre de ses partenaires – et en premier lieu la Russie – s’imposent des plafonds de production avec pour objectif officiel de réduire la surabondance d’offre au niveau mondial, l’enjeu final étant de permettre de relancer les cours.
Mais face aux efforts des pays producteurs – qui ne pourront leur profiter qu’à moyen ou long terme, et uniquement en cas de baisse effective de l’offre – les compagnies américaines continuent à faire repartir les puits en activité. Le décompte hebdomadaire établi par le groupe Baker Hughes a ainsi à nouveau fait état vendredi d’une hausse du nombre de puits actifs aux Etats-Unis, alors même que la production américaine ne cesse déjà d’accélérer.
Si les investisseurs n’avaient montré que peu de réactions face à une telle annonce en fin de semaine, les analystes considèrent que cette hausse continue freine une véritable avancée des prix. La politique menée par les majors pétrolières semblant ainsi « parfaitement » équilibrer les marchés …. dans un contexte de réduction de production de l’Opep.
Nombre d’analystes estiment même ouvertement désormais que la hausse de la production US est consécutive à une volonté américaine de saisir la brèche ouverte par le cartel. Ils redoutent néanmoins que l’Opep s’essouffle à maintenir ses quotas actuels, sa stratégie destinée à faire remonter le cours servant au final ses concurrents, qui de surcroît peuvent ainsi gagner en parts de marché.
Sources : AFP, Nymex
Elisabeth Studer – 1er mai 2017 – www.leblogfinance.com