Côte d'Ivoire : Gnamien Konan, un proche de Ouattara et Bédié demande pardon à Laurent Gbagbo
Cameroon Voice
« La vérité voyage sans passeport », avait coutume de dire le nationaliste camerounais Ernest Ouandié, fusillé le 15 janvier 1971 par le dictateur camerounais de l'époque, Ahmadou Ahidjo. Cet adage vient une fois de plus d'être vérifié au bénéfice d'un autre nationaliste africain, Laurent Gbagbo pour ne pas le nommer, ancien président de Côte d'Ivoire, prisonnier politique depuis six ans par la volonté des puissants de ce monde qui ne sont pas prêts de lui pardonner d'avoir manifesté la "criminelle" volonté de se départir du joug néocolonialiste françafricain.
C'est en tout cas la conclusion à laquelle on arrive à la lumière du courageux acte de contrition posé par le député ivoirien Gnamien Konan, ancien Directeur général des Douanes (2001-2008) sous Gbagbo, et non moins ancien ministre de Ouattara de décembre 2010 à décembre 2016.
Invité d'honneur du Congrès Panafricain pour la Justice et l'Egalité des Peuples (COJEP), dans le cadre de l'opération « CPI ça suffit » le week-end dernier, l'homme politique ivoirien a fait un témoignage émouvant et historique sur le couple Gbagbo dont il avait jusqu'ici dit pis que pendre depuis son limogeage en 2008 de la Direction des Douanes.
« Gbagbo était pour moi un père comme pour la plupart des ivoiriens. Il était pour moi un grand frère. Il était pour moi comme un ami. Je ne le connaissais pas avant. On a passé un concours et j'ai été admis pour être le Directeur Général de la Douane(…) », a-t-il indiqué, avant d'ajouter : « Quand j'ai été nommé, j'ai rencontré un monsieur que je ne vais pas dire le nom comme on parle de réconciliation, qui m'a dit que si je suis encore à mon poste c'est grâce à lui, car depuis que je suis à ce poste je n'ai pas encore envoyé de l'argent à la présidence. Je lui ai dit c'est combien, il m'a dit quatre milliards (...) Je lui ai dit je n'ai pas cet argent et que la seule personne qui peut me demander l'argent c'est Gbagbo (…). Il n'y a jamais d'affaire d'argent entre Laurent Gbagbo et moi. Il n'a jamais manqué de me témoigner son estime », a affirmé l'ingénieur informaticien qui est depuis 2016 le député de Botro (Région de Gbêkê, District de la Vallée du Bandama).
« Je regrette que la politique ait divisé les ivoiriens jusqu'à ce point. Je suis le premier à demander pardon pour ce que j'ai fait. Parce que, à cause de la politique je me suis retrouvé dans un camp contre un camp. C'est pas pour ça que j'ai fait la politique » |
Il a renforcé son propos en reconnaissant le soutien à lui apporté par l'ex-première dame, Simone Ehivet Gbagbo, dans le cadre de l'affaire des déchets toxiques en 2006 qui avait entraîné sa suspension de son poste de DG des Douanes par le Premier ministre de l'époque, Charles Konan Banny. A l'en croire aujourd'hui, Laurent Gbagbo et son épouse, « C'est des gens bien. Dans l'affaire des déchets toxiques avec Banny, elle m'a appelé et demandé de venir à l'Assemblée nationale pour expliquer les choses. Alors que Banny ne voulait pas une retransmission en direct. Simone a insisté pour que ce soit retransmis en direct. Elle m'a dit qu'elle n'aime pas l'injustice. Quand ces gens sont pris, le poisson pleure dans l'eau », a –t-il confessé avant d'exprimer ses regrets et demander pardon pour ces agissements envers Gbagbo et son épouse.
« Je regrette que la politique ait divisé les ivoiriens jusqu'à ce point. Je suis le premier à demander pardon pour ce que j'ai fait. Parce que, à cause de la politique je me suis retrouvé dans un camp contre un camp. C'est pas pour ça que j'ai fait la politique ». a affirmé l'homme qui a quitté le RHDP, regroupement des partis qui soutient Ouattara depuis 2010, ainsi que son propre parti, l'Union Pour la Côte d'Ivoire (UPCI), désormais noyauté par Ouattara et ses pions qui y ont été infiltrés.