
Une éventualité qui porte en elle les germes d'une soif à donner le coup de grâce à une Algérie qui a déjoué tous les coups tordus, qui avaient pour objectif de ternir son image.
Le scénario est dans les tiroirs du Makhzen. Rabat envisagerait de ne pas reconduire «l'accord relatif au gazoduc Maghreb Europe, transitant par Hassi R'mel (Algérie), Séville, via le Royaume et le détroit de Gibraltar, qui devra s'achever en 2021» selon la presse marocaine. Réalisable ou pas? Chimérique ou réaliste? Ce qui est certain c'est qu'en théorie il pourrait porter un coup fatal à l'Algérie qui fait face à une sévère dégringolade des prix du pétrole alors que dans le même temps elle doit renégocier ses contrats gaziers. Ce nouveau coup fourré s'apparente toutefois beaucoup plus à un coup de bluff. A faire augmenter les enchères à un moment où il y a du gaz dans les relations algéro-marocaines. Les déclarations du ministre marocain de l'Energie ne sont en tout cas pas tranchées. Elles demeurent dans le flou tout en n'écartant pas l'éventualité de rompre l'accord portant sur le gazoduc Maghreb Europe. «Le Maroc développe deux lignes hautement stratégiques, à savoir Jorf Lasfar et le gazoduc Maroc-Nigeria» a confié Aziz Rabbah au quotidien marocain L'économiste.
Et l'accord portant sur le gazoduc Maghreb Europe? «La ligne reliant l'Espagne à l'Algérie qui passe par le Maroc est tout aussi importante» s'est-il contenté de répondre. Peut-il être rompu? La réponse du responsable marocain n'est pas aussi catégorique. «Dès maintenant, nous lançons la réflexion sur le gazoduc reliant l'Espagne à l'Algérie car le contrat va s'achever en 2021. Nous avons intérêt à lancer une étude pour trouver la meilleure vocation pour cette grande infrastructure, aussi bien pour le marché national que celui de l'export du gaz» a déclaré le ministre de l'Energie du Royaume. La question est sur la table. Elle porte en elle les germes d'une attitude revancharde. D'une soif à donner le coup de grâce à une Algérie qui en plus d'avoir déjoué tous les coups tordus, qui avaient pour objectif de ternir son image a mis en exergue une diplomatie marocaine dévoyée.
La mise en scène de la fausse agression d'un de ses diplomates par un responsable du ministère algérien des Affaires étrangères est édifiante à plus d'un titre.
Les médias marocains avaient fait état, au mois de mai dernier, d'une prétendue agression physique qui aurait été commise par un diplomate algérien de haut rang sur un membre de la délégation marocaine en marge de la tenue à Saint-Vincent-et-les Grenadines du séminaire régional organisé par le comité spécial de décolonisation appelé communément le C24. «Les accusations proférées contre notre diplomate ne sont rien de plus qu'une piètre mise en scène d'une médiocre pièce de théâtre et une répétition des méthodes et d'un scénario auxquels nous avons été habitués», avait souligné, le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif.
Une affaire étouffée après la convocation de l'ambassadeur du Maroc à Alger. L'affaire du gazoduc qui n'en est pas encore une dégage des effluves de revanche qui cache mal la haine que nous voue le pouvoir marocain qui nourrit le fantasme de voir l'Algérie sens dessus dessous. Tenter de l'affaiblir économiquement après avoir échoué à y parvenir par le biais de campagnes mensongères relève d'une stratégie purement politique.
A l'instar du projet de gazoduc géant qui doit relier le Maroc au Nigeria qui n'a pour unique ambition que d'étouffer l'Algérie sur le plan économique. «Il permettra d'alimenter d'abord le marché africain et ensuite exporter vers d'autres marchés européens», a pompeusement annoncé Abderrahim El Hafidi, secrétaire général du ministère marocain de l'Energie.
Les experts qui n'ont pas hésité à le qualifier de chimère. «L'annonce de ce nouveau gazoduc relève en grande partie d'une stratégie politique.
Il s'agit d'une part d'obtenir du Nigeria une neutralité bienveillante face aux ambitions africaines du Maroc, que ce soit pour son entrée dans la Cédéao ou sur la question sahraouie, d'autre part de faire pression sur les Algériens en vue de la renégociation des prix du gaz prévue à l'horizon 2020», a estimé un spécialiste du dossier qui s'est confié au quotidien français Le Monde. C'est en principe le mot de la... fin