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Le panafricanisme : idéal pour la jeunesse africaine ou outil factice de gouvernance politique en Afrique ? (Congo-Liberty)

par Lucien PAMBOU 17 Juin 2017, 06:09 Panafricanisme Françafrique Instrumentalisation Afrique UA Dictature Terrorisme

Le président français Emmanuel Macron et son homolgue malien Ibrahim Boubacar Keïta,
le 19 mai 2017 à Gao au Mali

 

Au moment où le nouveau Président français, Emmanuel Macron, va se rendre en Afrique, en juillet pour la deuxième fois au Mali pour participer à la réunion du G5 Sahel et en novembre en Côte d’Ivoire pour prendre part à la rencontre Union africaine/Union européenne, il n’est pas inintéressant de s’interroger sur l’incapacité politique de l’Union africaine à dynamiser le panafricanisme comme mouvement de mobilisation de la pensée africaine après la colonisation et comme procédure d’organisation complète de coopération pour le développement économique et social des pays membres de l’Union africaine. Le panafricanisme est un idéal pour la jeunesse africaine et il apparaît comme un outil utilisé par les responsables politiques africains pour évoquer les louanges d’une Afrique décolonisée, alors que dans la réalité c’est le contraire.

Le panafricanisme est-il une construction politique réelle visant à rassembler les Africains pour réaliser le développement global du continent ou une simple chimère, voire un simple idéal émotionnel de mobilisation des politiques africaines ? La question mérite d’être posée car, 60 ans après les indépendances, les pays africains ont beaucoup de mal à faire vivre le panafricanisme comme procédure d’intégration des économies africaines aux plans politique, économique et social. Chaque pays membre de l’UA essaie de tirer son épingle du jeu au lieu de travailler de façon collective avec les autres.

Le panafricanisme est plus un outil de gouvernance politique à la disposition des chefs d’Etat africains pour mobiliser les populations. C’est plus un panafricanisme d’intérêt que de réalité concrète, vécue par les populations africaines. L’Afrique peine à prendre des décisions face aux nombreux maux dont elle est la victime, à savoir la famine, les guerres civiles, le terrorisme, la mal-gouvernance, la corruption et l’abaissement des droits démocratiques (confiscation de la liberté de la presse, emprisonnement des hommes politiques de l’opposition, etc.).

Pourquoi le panafricanisme a-t-il du mal à devenir une réalité ? Trois problèmes expliquent ce recul : les limites financières de l’UA, la stratégie des hommes politiques pour durer au pouvoir et le développement du terrorisme.

 

 

Les limites financières de l’UA constituent un frein à l’expansion du panafricanisme

L’UA, dépositaire du panafricanisme est confrontée à des difficultés financières qui deviennent endémiques. 70% du budget de l’UA est financé par l’UE, les USA et la Chine qui a construit le siège de l’UA à Addis Abeba. L’UA n’a pas les moyens financiers de son panafricanisme. Une réflexion sur les sources de financement au cours du 27ième sommet de l’UA en 2016 à Kigali a été demandée à Kaberuka, ancien Président de la BAD. Il pense qu’une taxe de 0,2% sur les importations « éligibles » peut contribuer à résoudre en partie les problèmes de financement. On peut s’interroger sur la pertinence du concept d’éligibilité. Ne faudrait-il pas, au contraire, inverser l’ordre de la taxation en portant celle-ci sur les produits pétroliers agricoles et miniers exportés et en luttant de façon radicale contre la corruption des élites ?

 

Le panafricanisme est un outil stratégique à la disposition des chefs d’Etat africains.

Les hommes politiques africains utilisent la mobilisation pour le panafricanisme comme un outil de gouvernance pour montrer leur attachement à l’Afrique. L’UA est une variable résiduelle. Les Chefs d’Etat préfèrent en faire un élément de théorie politique plutôt que de gouvernance réelle sur le terrain. Quelle Union Africaine veulent les Africains depuis les indépendances ? Une Union Africaine supranationale ou celle qui préserve la coopération des Etats souverains ? La question institutionnelle n’a jamais été réellement tranchée et les chefs d’Etat africains préfèrent le statu quo actuel à une décision radicale. La question : comment passer d’un panafricanisme de confusion politique à un panafricanisme fondé sur la réalité des faits ? L’Afrique ne doit pas se contenter de regarder passer les trains de la modernité. Il faut dépasser le panafricanisme d’évocation et d’empathie compulsionnelle.

 

 

L’Afrique doit être à l’avant-garde dans la lutte contre le terrorisme

Le Sahel devient une zone de multiplication des actes terroristes. La MINUSMA, la force Barkhane au Mali, le G5 Sahel doivent obliger l’UA à prendre en charge la défense de ses membres. La France et l’UE y contribuent, mais cela demeure insuffisant. La France va demander au Conseil de sécurité la création d’une force anti-terroriste pour combattre les djihadistes et les trafiquants de drogue dans le Sahel. C’est un pas important. Aux Africains de se saisir de cet acte fondateur pour donner du contenu à leur lutte contre le terrorisme.

Par Lucien PAMBOU

Diffusé le 15 juin 2017, par www.congo-liberty.com

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