En moins d'une année, les forces de sécurité rwandaises ont procédé à une trentaine d'exécution sommaire.
Entre juillet 2016 et mars 2017, au moins 37 personnes ont été exécutées sans aucun jugement au Rwanda. Quatre autres ont disparu. D'après Human Rights Watch (HRW), elles étaient accusées d'avoir commis des délits mineurs: vols de bananes, de moto, de vache... Certaines d'entre elles étaient soupçonnées de trafic de marijuana, de franchissement illégal de la frontière depuis la République démocratique du Congo ou encore d'utilisation de filets illégaux de pêche.
Dans un rapport publié en juillet, l'ONG internationale des droits de l'Homme fournit les détails de ces exécutions commises parfois avec l'aide des autorités locales. «Des militaires ont arrêté arbitrairement et abattu la plupart des victimes, dans ce qui semble être une stratégie officiellement approuvée d’exécuter les voleurs, trafiquants et autres petits délinquants suspectés au lieu de les traduire en justice», lit-on dans ce document intitulé «“Tous les voleurs doivent être tués” : Exécutions extrajudiciaires dans l’ouest du Rwanda». La plupart de ces meurtres, qui ont eu lieu à l'ouest du pays, constituent, selon l'ONG, «une violation flagrante de la loi rwandaise et du droit international des droits de l'Homme.»
«Répandre la peur»
Pour HRW, ces exécutions extrajudiciaires sont loin d'être isolées. Elles font partie d'une stratégie officielle du gouvernement visant à répandre la peur, faire respecter l’ordre et dissuader de toute résistance aux ordres ou aux politiques du gouvernement. À deux semaines de la présidentielle prévue le 4 août, le président Paul Kagame, au pouvoir depuis 2003, se présente face à deux opposants qui se plaignent d'avoir reçu des menaces et des intimidations depuis l’annonce de leur candidature.
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Alors que le chef de l'État rwandais est censé transformer ce pays d'Afrique centrale, qui a connu un génocide de plus 800 000 morts en 1994, l'opposition est muselée et les critiques à l'égard du pouvoir conduisent le plus souvent à des détentions arbitraires ou à des disparitions forcées. À peine le rapport rendu public que le ministre de la Justice rwandaise Busingye Johnston s'est empressé de nier son contenu...