L'encre ne finit plus de couler dans les coulisses médiatiques sur la nomination du nouveau chef d'état-major des armées de Macron. L'homme tout droit issu des troupes de la coloniale (Régiment d'infanterie de marine qui a fait toute la colonisation française depuis le XIXème siècle) semble illustrer à merveille le projet néocolonialiste et néolibéraliste macronien. Seulement ses hauts faits d'armes semblent créer la polémique dans le magistère intellectuel à défaut de médiatique et politique. Selon Luc Michel, géopoliticien et expert politique interviewé par Press TV, le général choisi par Macron fut impliqué dans le génocide rwandais en plus d'être très proche des milieux atlantistes (voir vidéo).
Luc Michel rappelle que le régime génocidaire rwandais fut soutenu par l'Etat français sous François Mitterrand et encadré par l'armée française et notamment par le RPIMA dont faisait parti Lecointre lors de l'opération Turquoise.
Luc Michel, se demande dans quelle mesure la collaboration de cet officier du RPIMA avec les génocidaires rwandais ne devraient pas nécessiter une comparution devant la Cour Pénale Internationale.
Luc Michel rejoint les propos de Jacques Morel dans les colonnes de l'Humanité qui évoquait sa collaboration avec les génocidaires rwandais lors de l'opération turquoise en 1994 :
"François Lecointre était affecté au groupement Nord Turquoise, où il était responsable du secteur de la commune de Gisovu. Responsable des troupes, il collaborait avec le directeur de l’usine à thé, Alfred Musema, un des organisateurs du génocide dans la région de Bisesero. Nous en avons des preuves. Au moment de son procès au Tribunal pénal international pour le Rwanda (Tpir), où il a été condamné à perpétuité pour génocide, une pièce à conviction déposée par sa défense est une lettre du capitaine Lecointre adressée à Musema. Dans cette missive datée du 18 juillet 1994, il l’informe qu’il va changer de secteur et qu’il laisse la région à un subordonné. Ce document montre que leurs relations étaient cordiales. Au lieu d’enquêter et de l’arrêter, Lecointre a collaboré avec lui. Ce ne sont pas les seuls éléments. Dans une lettre rédigée dans l’Ancre d’or datée du 18 juillet, le capitaine évoque les sauvetages d’enfants tutsis cachés chez des Hutus. Il y décrit des opérations de sauvetage qui se déroulaient la nuit, sans lampe, pour ne pas être repérés par les miliciens, qui, dit-il, « poursuivent leurs patrouilles de nuit ». Preuve que les Français ont laissé les miliciens opérer librement dans la zone « humanitaire sûre » décrétée par l’Hexagone début juillet. Cette zone humanitaire était sûre pour les miliciens, car ils pouvaient continuer à opérer sans être attaqués par le Front patriotique rwandais (FPR). De fait, le nouveau chef d’état-major défendait les auteurs du génocide rwandais." (L'Humanité Jacques Morel : « Le nouveau chef d’état-major défendait les auteurs du génocide rwandais »)
Les crimes contre l'humanité paieraient-ils dans l'armée française dans la filiation Mitterrand-Vedrine-Sarkozy-Hollande-Macron ?
Lire :
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- Après la diatribe de François Hollande contre la Turquie au sujet du génocide arménien, à quand la reconnaissance par "le chef de guerre" français de l'implication française dans le génocide au Rwanda ?
Le soutien de l'Etat français et les livraisons d'armes aux génocidaires rwandais par l'Etat français via l'armée française en plein génocide durant l'opération Turquoise sont attestés par l'ancien lieutenant-colonel français, Guillaume Ancel. L'ancien journaliste du Figaro, Patrick de Saint Exupéry, évoque une livraison d'armes sur ordre d'Hubert Vedrine, secrétaire général de l'Elysée en plein génocide (cf. Vidéo plus bas).
Après tout, cette collaboration avec des génocidaires décidée au plus haut niveau de l'Etat, ne rappelle-t-elle pas des faits similaires dénoncés par Macron lors de sa commémoration de la rafle du Vel d'Hiv' planifiée par l'Etat français ?
Macron a-t-il fait sienne cette maxime de François Mitterrand rapportée par Patrick de Saint-Exupery : « Dans ces pays-là, un génocide, ce n’est pas trop important » ? A-t-il une conception sélective des droits de l'homme à l'aune de la race - si tant est qu'il en existe - comme au bon vieux temps des colonies ?
Est-il imprégné d'une idéologie suprématiste comme l'écrit Daniel Haïphong dans une tribune de l'American Herald Tribune intitulée "Emmanuel Macron incarne l'alliance entre le néolibéralisme et la suprématie blanche ? Son mépris racialiste envers les Africains exprimé publiquement sans aucun complexe à deux reprises, devant l'armée et au G20, sont-ils l'expression d'un racisme français néocolonial au plus haut niveau de l'Etat ?
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