[Vidéo] Un soldat israélien tire sur un adolescent qui s’enfuit, puis le roue de coups
Par Ali Abunimah
The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Pour la Palestine.
Cette vidéo montre un soldat israélien tirant sur des jeunes Palestiniens qui s’enfuient dans un champ. L’un d’eux, un adolescent de 17 ans, est touché et s’écroule. Le soldat israélien le frappe ensuite à la tête avec le canon de son fusil, alors qu’il est au sol, lui occasionnant ainsi de graves blessures mettant sa vie en danger.
Le jeune, dont le groupe des droits de l’homme B’Tselem ne cite que les initiales, D. T., a eu une fracture du crâne avec hémorragie interne, une côte cassée et une lésion au poumon gauche. Il a dû subir une intervention chirurgicale et un séjour prolongé à l’hôpital, où il est resté inconscient pendant cinq jours.
B’Tselem a expliqué que la conduite des forces d’occupation israéliennes lors de cet incident avait été « particulièrement grave ».
La vidéo de l’incident, prise par les caméras de surveillance d’un station d’essence locale, a été publiée cette semaine par B’Tselem.
« Un agent de la police des frontières a tiré une balle à embout de mousse sur D. T., qui s’éloignait de lui en courant et qui ne représentait de danger pour personne », a écrit B’Tselem. « Ensuite, alors que D. T. gisait sur le sol, blessé et sans défense, l’agent l’a frappé avec le canon de son arme, lui fracturant le crâne et lui faisant perdre
En même temps que des munitions réelles destinées à tuer, Israël utilise d’autres armes censées être « moins létales »afin de réprimer les protestations contre son occupation militaire, y compris des carabines de calibre .22, des balles en métal enrobées de caoutchouc et des balles à embout de mousse (sponge bullets, en anglais), constituées d’une base en aluminium et d’un embout en mousse dure.
Mais ces armes ont néanmoins continué à coûter aux enfants leurs yeux, et même leur vie et à provoquer des incapacités définitives.
B’Tselem a expliqué qu’il avait fallu quinze autres minutes pour que les forces d’occupation évacuent l’adolescent en direction de l’hôpital « où il a subi une intervention chirurgicale à la tête » et a été « traité comme un détenu dangereux et gardé 24 h sur 24 par le personnel de sécurité qui a en outre empêché ses parents de le voir ».
Les autorités israéliennes d’occupation n’ont donné aux parents du jeune homme que des autorisations de se rendre sur place pour le voir, les tout premiers jours de son séjour à l’hôpital, avant d’invoquer des raisons de « sécurité » pour interdire au père de se rendre sur place. Au cours de cette période traumatisante, les parents du garçon n’ont pu entrer dans sa chambre et n’ont pu le voir que par une fenêtre.
Pendant tout ce temps, selon B’Tselem, « D. T., un garçon de 17 ans, est resté à l’hôpital complètement seul, loin de son foyer et de sa famille, et attaché à son lit pour une bonne partie du temps. »
B’Tselem d’ajouter : « Ces faits peuvent être choquants, mais ils n’ont rien d’exceptionnel : Tirer illégalement sur un jeune Palestinien qui s’enfuit, qui ne présentait de danger pour personne et le frapper très violemment à la tête – des actes qui auraient pu se traduire par une incapacité, voire par la mort ; ensuite, un comportement vraiment honteux lors de l’hospitalisation en Israël, y compris le fait d’avoir entravé l’adolescent blessé et d’avoir interdit les visites de la famille, ce n’est pas rare non plus. »
En janvier dernier, des soldats israéliens avaient abattu et tué Qusay al-Amour, 17 ans, à Tuqu, un village près de la ville cisjordanienne de Bethléem. Une vidéo de la scène montre les soldats israéliens en train de traîner violemment le garçon sur le sol après qu’il a été abattu.
En décembre 2016, les forces d’occupation israéliennes ont été filmées au moment même où elles abattaient et tuaient Ahmed Zeidani, 17 ans, alors qu’il s’enfuyait, lors d’un raid nocturne dans le village cisjordanien de Beit Rima.
Et, en avril 2016, l’armée israélienne a classé une enquête sur Yisrael Shomer, un commandant de la brigade Binyamin qui, en 2016, avait abattu et tué Muhammad al-Kasbeh, 17 ans, alors que le jeune Palestinien s’enfuyait. L’armée israélienne avait décidé que l’homicide d’al-Kasbeh enregistré sur la vidéo n’avait été rien d’autre qu’une « erreur professionnelle ».
B’Tselem a décrit le classement du dossier comme faisant « partie intégrante du mécanisme de blanchiment qu’est le système d’enquête de l’armée israélienne ».
Le mois suivant, B’Tselem annonçait qu’il avait cessé de coopérer avec l’unité de l’armée israélienne censée enquêter sur de tels abus. Le groupe a déclaré qu’il ne voulait plus être la « feuille de vigne » d’un système qui garantit l’impunité aux coupables.
Dans les rares cas où un coupable israélien est amené devant un tribunal, la sentence se résume normalement à une simple tape sur les doigts.
Dans le cas de D. T., B’Tselem a réaffirmé que, typiquement, personne n’a été tenu pour responsable, « ce qui garantit que des incidents de ce genre se produiront aussi longtemps que l’occupation sera maintenue ».