Azerbaïdjan, une "dictature" ? Elise Lucet confirme à la barre. Au procès de Cash Investigation poursuivi par l'Etat azéri
Arrêt sur images
Poursuivis par l’État d’Azerbaïdjan pour diffamation, les journalistes Elise Lucet (France 2) et Laurent Richard (Agence Premières lignes) comparaissaient mardi 5 septembre au tribunal de Nanterre. Nous y étions.
Pendant de longues minutes, agrippé à la barre, Arif Yunus se remémore ses nuits d’horreur. D’une voix chancelante, le militant des droits de l’homme décrit les seize mois qu'il a passés en détention dans les geôles de son pays, l’Azerbaïdjan. Il raconte au tribunal la torture physique et psychologique, les privations et les tabassages la nuit au troisième sous-sol. "Parfois, on m’étouffait avec un sac plastique étanche sur la tête, au bout d’un certain temps, ils ouvraient le sac, me demandaient si j’allais passer aux aveux. D’autres fois, ils me frappaient dans le dos avec une serviette tordue comme une corde, j’avais l’impression de l’eau bouillante sur le dos", explique-t-il avant de s’effondrer dans la salle d’audience, pris d’un malaise.
En quelques minutes, Arif Yunus vient de dynamiter l’image d’ouverture et de tolérance dont son pays tente coûte que coûte de faire la promotion. Car, contrairement aux apparences, le procès qui se tient ce mardi 5 septembre à Nanterre n’est pas celui du régime d’Azerbaïdjan et de ses crimes mais bien celui de journalistes français, traînés devant la justice française par l’État azéri. Elise Lucet et Laurent Richard, auteurs d’un Cash Investigation (France 2) diffusé il y a deux ans sur les coulisses d’un voyage présidentiel de François Hollande en Azerbaïdjan, et poursuivis pour diffamation. En cause : non pas leur reportage qui mettait en lumière les efforts du régime azéri pour s’acheter la mansuétude d’élus français prêts à...