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Révélations : le Pentagone à acheté jusqu' à 2,2 milliards de dollars en armes soviétiques pour les rebelles syriens (OCCRP)

par Ivan Angelovski and Lawrence Marzouk 17 Septembre 2017, 16:30 Armement Syrie Pentagone CIA Rebelles Réseaux Bulgarie Roumanie Allemagne Turquie Jordanie Trafic d'armes USA Impérialisme Articles de Sam La Touch

Le puzzle des livraisons d'armes par le Pentagone et la CIA aux rebelles syriens est en passe d'être reconstitué complètement semble-t-il. Après deux articles phares  qui révélaient le circuit des armes soviétiques achetés par les USA pour les rebelles syriens ( Des vols diplomatiques envoient des armes aux terroristes (Trud.bg); Expéditions d'armes étatsuniennes en Syrie. Le fret délicat de Ramstein (Süddeutsche Zeitung )), c'est au tour de l'OCCRP de révéler les mécanismes de livraison d'armes aux rebelles syriens soutenus par les Etats-Unis. Selon ce rapport, le Pentagone et la CIA auraient acheté pour 2.2 milliards de dollars en armes soviétiques et les auraient acheminées vers la Syrie en falsifiant les certificats de la Socom. Les armes soviétiques auraient été achetées en Europe de l'Est (Bulgarie, Roumanie, Serbie, Pologne, Croatie, Ukraine, Bosnie, Kazahkstan, Georgie) et en Afghanistan. Ces armes auraient ensuite été acheminées en Bulgarie et en Roumanie (par vols diplomatiques selon Trud.bg) et aussi sur la base US de Ramstein en Allemagne (selon le Süddeutsche Zeitung) pour être ensuite envoyées en Turquie, en Jordanie et au Koweit. Amnesty international s'inquiète des violations récurrentes du contrôle des armements par les USA et des conséquences de l'envoi massif d'armes à des groupes rebelles connus pour des violations massives des droits humains et des crimes de guerre. Si le rapport de l'OCCRP se révélait exact, cela serait particulièrement inquiétant pour l'avenir à la fois du Moyen-Orient avec le risque comme en Libye d'une dissémination majeure des armes à des groupes terroristes mais aussi pour le contrôle international des armes dans le monde. SLT.

Révélations : le Pentagone à acheté jusqu' à 2,2 milliards de dollars en armes soviétiques pour les rebelles syriens
Par Ivan Angelovski and Lawrence Marzouk
Article originel : Revealed: The Pentagon Is Spending Up To $2.2 Billion on Soviet-Style Arms for Syrian Rebels
Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP)


Traduction SLT

Le Pentagone s'est appuyé sur une armée d'entrepreneurs et de sous-traitants - des géants militaires de premier ordre aux entreprises liées au crime organisé - pour fournir jusqu' à 2,2 milliards de dollars d'armes et de munitions de type soviétique à des rebelles syriens engagés dans une guerre tentaculaire contre l'État islamique (EI).

 

Les usines d'armement des Balkans et de l'Europe de l'Est - qui travaillent déjà à pleine capacité pour approvisionner la guerre en Syrie - ne sont pas en mesure de répondre à la demande. En réponse, le Département de la défense des États-Unis s'est tourné vers de nouveaux fournisseurs tels que le Kazakhstan, la Géorgie et l'Ukraine pour obtenir des munitions supplémentaires, tout en assouplissant les normes sur le matériel qu'il est prêt à accepter, selon une enquête menée par le Balkan Investigative Reporting Network (BIRN) et l'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP).
 

Les journalistes ont reconstitué la chaîne d'approvisionnement complexe du Pentagone en Syrie à l'aide de registres d'approvisionnement, de données de suivi des navires, de rapports officiels, de courriels divulgués et d'interviews avec des initiés. Ce programme, distinct du programme de la CIA qui a été actuellement arrêté, vise à armer les rebelles qui combattent le président syrien Bachar Al-Assad.

Le Pentagone achète les armes par l'intermédiaire de deux canaux: le Special Operations Command (SOCOM), qui supervise les opérations spéciales dans tous les services de l'armée étatsunienne, et le Picatinny Arsenal, une installation d'armement peu connue de l'armée étatsunienne dans le New Jersey.

Les munitions sont transportées par voie maritime et aérienne de l'Europe vers la Turquie, la Jordanie et le Koweït. Elles sont ensuite distribuées aux alliés étatsuniens dans le nord et le sud de la Syrie par avion et par camion. (Voir : Route de la mer Noire)

Reporters a découvert que les États-Unis utilisaient des documents juridiques au libellé vague qui pointent la Syrie comme destination finale des armes - une pratique qui selon les experts menacent les efforts mondiaux de lutte contre le trafic d'armes et met les gouvernements d'Europe de l'Est qui vendent les armes et les munitions dans une situation de violation du droit international. D'autres soulèvent la question de savoir qui, exactement, utilise les armes et ce qu'elles adviendront une fois que l'Etat islamique (EI) aura été vaincu.

Le Pentagone a entamé des achats massifs en septembre 2015 sous la présidence du président Obama. En mai de cette année, il avait déjà dépensé plus de 700 millions de dollars pour des AK-47, des lance-grenades propulsés par roquettes, des mortiers et d'autres armes et munitions.

Plus de 900 millions de dollars ont été contractés pour être dépensés d'ici 2022, et près de 600 millions de dollars de plus ont été budgétisés ou demandés par l'administration Trump. Cela porte à 2,2 milliards de dollars le total des dépenses que le Pentagone entend consacrer à ses alliés syriens.

Révélations : le Pentagone à acheté jusqu' à 2,2 milliards de dollars en armes soviétiques pour les rebelles syriens (OCCRP)

Cette ligne d'approvisionnement financée par les Etats-Unis est similaire à un pipeline d'armements de 1,2 milliard d'euros financé par l'Arabie saoudite et mis à jour l'an dernier par le BIRN et l'OCCRP.

Interrogé sur l'achat sans précédent d'armes de style soviétique pour les rebelles syriens, le Pentagone a répondu qu'il avait soigneusement examiné les destinataires, ajoutant que l'équipement avait été fourni "progressivement" et qu'il s'agissait du "minimum nécessaire pour des missions immédiates".

La Syrie s'équipe et se forme: un changement majeur de stratégie

 

Alors que l'EI balayait la Syrie en 2014, le Pentagone lançait à la hâte un programme syrien de 500 millions de dollars pour la formation et l'équipement d'une nouvelle force rebelle armée d'armes étatsuniennes modernes afin de contrer la menace. SOCOM - l'unité d'élite responsable du meurtre d'Oussama Ben Laden - a été chargée d'acheter les armes.

Mais neuf mois plus tard, le programme s'est effondré, avec seulement quelques dizaines de recrues arrivées sur le champ de bataille.

Au milieu d'une avalanche de gros titres négatifs dans la presse, le Pentagone avait besoin d'un nouveau plan. A partir de septembre 2015, les Etats-Unis se concentreront non pas sur la construction d'une nouvelle armée anti-EI, mais sur l'armement des rebelles déjà sur le terrain.

Bien que le Pentagone n'ait pas dévoilé les détails de son nouveau plan, une demande de dépenses antérieurement non signalée de février 2016 indiquait clairement qu'il cesserait de former de nouvelles unités et de leur fournir des armes modernes. Au lieu de cela, il choisirait des forces d'opposition " sélectionnées " déjà présentes sur le terrain et leur enverrait des armes et des munitions de style soviétique qu'elles utilisaient déjà et avec lesquelles elles étaient familières.

La première livraison, qui comprenait 50 tonnes de munitions et de grenades propulsées par fusée, est arrivée en octobre 2015, un mois seulement après le changement de politique. Les munitions ont été larguées par avion à la coalition dominée par les Kurdes au sein des forces démocratiques syriennes (FDS) qui mènent actuellement la lutte pour récupérer Raqqa.

 

D'autres expéditions suivirent.

En mai 2017 - la dernière date pour laquelle des données sont disponibles - SOCOM a acheté 238.5 millions de dollars en armes et munitions à la Bulgarie, la Bosnie-Herzégovine, la République tchèque, le Kazakhstan, la Pologne, la Roumanie, la Serbie et l'Ukraine, selon une analyse de milliers de dossiers d'achats par le BIRN et l'OCCRP. Avant le début du programme, ses dépenses en armement du Bloc de l'Est étaient négligeables.

SOCOM a acheté un montant supplémentaire de 172 millions de dollars en armes cette année. La liste d'achats comprend des dizaines de milliers d'AK-47 et de RPG et des centaines de millions de pièces de munitions, selon les demandes du Pentagone. Un montant supplémentaire de 412 millions de dollars a été demandé par l'administration de Trump ou inscrit au budget pour 2018.

SOCOM n'a pas encore reconnu son rôle dans le programme "Syria Train and Equip Program" ("Le programme d'entraînement et d'équipement en Syrie"). Dans une déclaration écrite adressée au BIRN et à l'OCCRP, le Pentagone a confirmé que l'unité secrète avait été accusée d'avoir fourni des armes et des munitions aux rebelles syriens. SOCOM est également connu pour soutenir secrètement des alliés étatsuniens dans d'autres conflits.

Picatinny : Une nouvelle ligne de ravitaillement dévoilée

 

SOCOM n'est pas la seule unité du Pentagone à s'être procurée des armes et des munitions pour le programme syrien d'entraînement et d'équipement.

Le reste de l'approvisionnement est assuré par Picatinny Arsenal, une installation de l'armée étatsunienne dans le New Jersey. Picatinny a déjà acquis de l'expérience dans l'achat de grandes quantités d'armes de type soviétique (appelées "armes et munitions non standards" dans les documents d'achat) pour les forces alliées en Irak et en Afghanistan. Ces achats sont toujours clairement identifiés avec la destination finale.

Mais un mystérieux ensemble d'achats - totalisant 479,6 millions de dollars - ne contient aucune destination finale. Une analyse de ces documents d'acquisition par le BIRN et l'OCCRP révèle qu'il est probable qu'une grande partie, sinon la totalité, des armes en question se dirigent vers la Syrie.

Un indice important se trouvait dans sept des contrats, signés en septembre 2016 et d'une valeur de 71,6 millions de dollars, qui mentionnaient initialement la Syrie soit par son nom, soit par le code interne du Pentagone - V7 - pour le programme "Syria Train and Equip". Ces références ont été effacées du dossier public après que le BIRN et l'OCCRP eurent demandé au Pentagone de fournir ces livraisons en mars dernier.

Avant et après la création d'une base de données sur les achats au Pentagone, des images montrent comment les destinations finales,"Syrie et Iraq", ont été supprimées des dossiers d'achat. (Cliquez pour agrandir.) Crédit: BIRN

Les journalistes ont fait des copies des documents avant qu'ils ne soient supprimés. Le Pentagone a refusé d'expliquer les modifications.

Avant et après la création d'une base de données sur les achats au Pentagone, des images montrent comment les destinations finales, "Syrie et Iraq", ont été supprimées des dossiers d'achat. (Cliquez pour agrandir.) Crédit: BIRN

Avant et après la création d'une base de données sur les achats au Pentagone, des images montrent comment les destinations finales, "Syrie et Iraq", ont été supprimées des dossiers d'achat. (Cliquez pour agrandir.) Crédit: BIRN

La Picatinny reste réservé quant à son rôle d'approvisionnement des rebelles syriens étant donné la nature sensible du conflit. En plus de former une série de milices contre les forces gouvernementales syriennes, les experts décrivent les combats comme une guerre par procuration complexe impliquant l'Arabie saoudite, l'Iran, la Turquie et la Russie.

 

Il y a d'autres preuves du rôle croissant de Picatinny dans le programme Syria Train and Equip.

Un reportage promotionnel publié sur son site Web en décembre 2016 a célébré un prix interne du Pentagone pour, entre autres succès, l'achat de "quantités importantes" de munitions non standards pour la Syrie, l'Irak et l'Afghanistan.

Une présentation de Picatinny en mars 2017 révèle qu'elle remplacera SOCOM dans le rôle d'approvisionnement en munitions pour le programme syrien. SOCOM continuera d'acheter des armes.

Plus de la moitié des 2,2 milliards de dollars identifiés par le BIRN et l'OCCRP n'ont pas encore été dépensés.

En mars 2016, Picatinny a chargé deux géants militaires - Chemring, une firme britannique, et Alliant Techsystems Operations, basés aux Etats-Unis (maintenant Orbital ATK) - d'acquérir pour son compte 750 millions de dollars de munitions au cours des cinq années suivantes, dont 372 millions de dollars n'ont pas encore été dépensés. Un autre contrat de 500 millions de dollars a été attribué à Chemring, Alliant et deux autres entreprises en août. Sur le site internet de Picatinny, ce dernier contrat est spécifiquement décrit comme étant destiné à lutter contre l'EI en Syrie et en Irak.

Avec au moins 50 000 rebelles soutenus par les Etats-Unis engagés dans des combats actifs, la Syrie devrait absorber une grande partie des munitions sous contrat dans les années à venir, mais certains pourraient être dépensés dans d'autres zones de conflit où des armes de type soviétique sont utilisées.

Décapage du fond du baril

 

Le gazoduc de 2,2 milliards de dollars financé par les États-Unis et le gazoduc de 1,2 milliard d'euros financé par l'Arabie saoudite, la Jordanie, la Turquie et les Émirats arabes unis (EAU) ont permis aux producteurs d'armes d'Europe centrale et orientale de connaître une période de prospérité.

VMZ Sopot, une usine bulgare de munitions appartenant à l'État et l'un des principaux fournisseurs de Picatinny, a annoncé début 2016 qu'elle prévoyait d'embaucher 1 000 personnes cette année-là. Au cours des trois mois précédents, elle avait déjà embauché 500 nouveaux employés.

Un navire transportant des munitions à destination de la Turquie et de la Jordanie a été aperçu par des journalistes à Burgas, Bulgarie, en septembre 2016.

Un navire transportant des munitions à destination de la Turquie et de la Jordanie a été aperçu par des journalistes à Burgas, Bulgarie, en septembre 2016.

Les usines serbes, comme celle de Krusik, fabricant de missiles, ont également considérablement augmenté leur production. Aleksandar Vucic, alors Premier ministre serbe, s'est vanté l'année dernière que la Serbie pouvait augmenter sa production cinq fois et ne répondait toujours pas à la demande.

 

Au fur et à mesure que la soif d'armes de style soviétique grandit, la concurrence s'intensifie.

Les États-Unis s'étaient traditionnellement tournés vers la Roumanie et la Bulgarie pour obtenir des armements non standards, mais l'explosion de la demande a forcé les entrepreneurs à se tourner vers la République tchèque, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie et maintenant l'Ukraine, la Géorgie, la Pologne, le Kazakhstan, l'Afghanistan et la Croatie, selon les registres des achats étatsuniens.

La rareté des approvisionnements a également forcé le Pentagone à abaisser ses normes en matière d'armes et de munitions. Auparavant, elle exigeait des fournisseurs qu'ils fournissent du matériel datant de moins de cinq ans, mais en février, elle a abandonné cette exigence pour certains types d'armes et de munitions, selon des documents officiels obtenus par le BIRN et l'OCCRP.

Les munitions entreposées dans de mauvaises conditions se dégradent, devenant parfois inutilisables ou même dangereuses. Un entrepreneur du Pentagone, qui s'occupait de former des rebelles syriens, est décédé en juin 2015 lorsque le RPG qu'il manipulait, a explosé dans un champ de tir en Bulgarie. Néanmoins, le Pentagone a continué d'avoir recours à l'entrepreneur qui a fourni les armes défectueuses.

Il y a aussi d'autres problèmes. Les journalistes ont constaté que les directeurs de trois entrepreneurs qu'ils emploient, et le président d'un sous-traitant important, ont été confrontés à de sérieuses questions sur leur intégrité, y compris une personne qui s'est vantée d'avoir payé des "commissions" à des agents étrangers pour obtenir des contrats. Un autre sous-traitant employait une entreprise liée au crime organisé.

La destruction du système de contrôle des armements

 

En fournissant les rebelles syriens, le Pentagone a utilisé des documents juridiques très inhabituels et trompeurs qui exploitent une faille dans le système visant à prévenir les détournements d'armes vers des terroristes, des groupes sous embargo ou des criminels de guerre.

Pour obtenir une licence d'exportation d'armes, les acheteurs doivent fournir un certificat d'utilisateur final valide garantissant la destination finale des armes.

Mais un certificat délivré par SOCOM dans le cadre du programme syrien et vu par les journalistes ne mentionne pas la Syrie comme destination finale. Au lieu de cela, il liste SOCOM en tant qu'utilisateur final.

Le document stipule que "le matériel sera utilisé à des fins de défense en usage direct par le gouvernement étatsunien, transféré au moyen de subventions sous forme d'éducation militaire ou de programme de formation ou d'aide à la sécurité."

Cette déclaration permet à SOCOM de détourner l'équipement vers n'importe quelle armée ou milice à laquelle il fournit une assistance en matière de sécurité, y compris les rebelles syriens, selon les experts en maîtrise des armements qui ont examiné les éléments de preuve.

Dans une réponse écrite détaillée, le Pentagone n' a pas contesté sa désignation de l'armée étatsunienne en tant qu'utilisateur final, mais il a expliqué que les certificats mentionnant l'"assistance en matière de sécurité" couvraient les transferts aux combattants étrangers.

"Nous nous attendons à ce que tout bénéficiaire d'une force ou d'une aide à la sécurité allié utilise le matériel comme prévu, c'est-à-dire pour le combat contre l'EI, et nous surveillons leur utilisation pour nous assurer qu'ils sont conformes", a déclaré un porte-parole du Pentagone.

Comparaison côte à côte d'un certificat d'utilisateur final " typique ", indiquant une destination finale claire, et d'un certificat SOCOM trompeur qui permet aux États-Unis de transférer des armes à n'importe lequel de ses partenaires. (Cliquez pour agrandir.) Crédit: BIRN

Comparaison côte à côte d'un certificat d'utilisateur final " typique ", indiquant une destination finale claire, et d'un certificat SOCOM trompeur qui permet aux États-Unis de transférer des armes à n'importe lequel de ses partenaires. (Cliquez pour agrandir.) Crédit: BIRN

Mais les experts en armement ont critiqué cette pratique, la qualifiant de danger pour le système mondial de maîtrise des armements.
 

Roy Isbister, expert en matière de transferts d'armes à Saferworld, une organisation non gouvernementale qui s'efforce de prévenir les conflits violents, a déclaré : "le système [d'utilisateur final] repose sur la clarté et la diligence. Si les États-Unis manipulent le processus et offrent une couverture à d'autres pour prétendre ignorer les utilisateurs finaux des armes en question, tout le système de contrôle est en danger."

Patrick Wilcken, chercheur sur la maîtrise des armements et les droits humains à Amnesty International, a qualifié le certificat d'utilisateur final de SOCOM de  "très trompeur ".

"Un certificat d'utilisateur final qui ne contient pas[la destination finale] serait irréversible et extrêmement inhabituel ", a-t-il déclaré. "Les États-Unis sapent l'objet et le but du traité sur le commerce des armes."

M. Wilcken a expliqué que, bien que Washington n'ait pas encore ratifié l'accord et qu'il ne soit donc pas juridiquement lié par celui-ci, en tant que signataire, il ne devrait pas le compromettre.

En tant que membre de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Washington a signé une série de mesures visant à prévenir le trafic d'armes - y compris une décision contraignante selon laquelle les certificats d'utilisateur final incluent le pays de destination finale.

Les pays exportateurs européens ont ratifié le TCA et sont également liés par les décisions de l'OSCE et par les règles encore plus strictes de l'UE, connues sous le nom de position commune sur les exportations d'armements. La plupart des membres potentiels ont déjà adopté ces règles.

Cliquez pour agrandir. Crédit: Edin Pasovic

Cliquez pour agrandir. Crédit: Edin Pasovic

Les gouvernements roumain, tchèque, bosniaque et serbe ont confirmé qu'ils avaient accordé des licences d'exportation aux États-Unis - et non à la Syrie - figurant sur la liste des destinations finales.

Le ministère géorgien de la Défense a indiqué qu'un accord d'exportation était en cours de négociation mais qu'il n'avait pas encore reçu de certificat d'utilisateur final du Pentagone et qu'aucun contrat n'avait été signé.

La Pologne et la Croatie ont indiqué qu'elles n'avaient pas approuvé d'exportations vers les rebelles syriens.

Les représentants de l'Ukraine, de la Bulgarie, du Kazakhstan et de l'Afghanistan n'ont pas répondu aux demandes de commentaires.

En vertu du traité sur le commerce des armes et de la position commune de l'UE, les exportateurs doivent prendre des mesures pour empêcher le détournement d'armes et de munitions et leur utilisation pour commettre des crimes de guerre ou "porter atteinte à la paix et à la sécurité".

Sans connaître la destination finale, une telle évaluation est impossible.

M. Wilcken a déclaré qu'Amnesty International était particulièrement préoccupée par le fait que les États-Unis fournissent des forces démocratiques syriennes, étant donné que l'une de leurs plus grandes composantes, les unités de protection du peuple kurde (YPG), avaient "rasé des villages", ce qu'Amnesty International a qualifié de crime de guerre.

Wilcken a déclaré qu'un afflux d'armes aussi important suscitait des craintes quant à l'avenir du Moyen-Orient.

"Compte tenu de la situation très complexe et instable en Syrie...  et de l'existence de nombreux groupes armés accusés d'abus graves", a-t-il déclaré,"il est difficile de voir comment les Etats-Unis pourraient s'assurer que les armes envoyées dans la région ne seront pas utilisées à mauvais escient".

Rapports complémentaires d'Anna Babinets, Nino Bakradze, Aubrey Belford, David Bloss, Roberto Capocelli, Maria Cheresheva, Pavla Holcova, Roxana Jipa, Frederik Obermaier et Atanas Tchobanov.

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