Grandes manoeuvres nucléaires à la Chambre des députés italienne
Par Manlio Dinucci
Il manifesto

La motion Pd, “sur laquelle le gouvernement a exprimé un avis favorable”, est un écran de fumée pour cacher le fait que l’Italie est soumise au réarmement nucléaire croissant USA/Otan en hébergeant, en violation complète du Tnp, les bombes nucléaires étasuniennes B-61 qui à partir de 2020 seront remplacées par les B61-12, plus dangereuses encore.
La vraie position du gouvernement Gentiloni est arrivée le lendemain quand, à travers le Conseil de l’Atlantique-nord dont il fait partie avec les 28 autres gouvernements de l’Otan, il a rejeté en totalité et attaqué le Traité ONU. A la Chambre des députés la motion Pd a été votée par Forza Italia, Fratelli d’Italia, Scelta Civica, Alternativa Popolare, Democrazia Solidale et Gruppo Misto. La Lega Nord, absente en séance au moment du vote, appelle le gouvernement, avec sa propre motion, “à ne pas renoncer à la garantie offerte par la disponibilité étasunienne à protéger y compris nucléairement l’Europe et notre propre pays, pas nécessairement par rapport à la Russie”. Comme si l’Italie était en mesure de dire contre qui doivent être pointées les armes nucléaires USA.
Sinistra Italiana et Articolo1, dans leurs motions rejetées par la Chambre, demandent le rejet des armes nucléaires étasuniennes d’Italie sur la base du Traité de non-prolifération, et l’adhésion de l’Italie au Traité ONU. Mais sur la motion Pd, les deux groupes n’ont pas voté contre mais se sont abstenus. Par contre le Movimento 5 Stelle a émis un vote contre. Cependant dans sa motion, elle aussi rejetée, il ne demande au gouvernement ni le rejet des armes nucléaires USA hors de l’Italie sur la base du Traité de non-prolifération, ni l’adhésion de l’Italie au Traité ONU, mais de “ faire un rapport au Parlement sur la présence en Italie d’armes nucléaires, en ne s’abritant plus derrière une obligation de réserve atlantique, inexistante pour les citoyens et les parlementaires USA” ; et de “déclarer l’indisponibilité de l’Italie à utiliser des armes nucléaires, à ne pas acheter les composants nécessaires pour rendre les avions F-35 compatibles au transport d’armes nucléaires”. La motion du M5S reflète la position exprimée par l’aspirant premier ministre Luigi Di Maio : “nous ne voulons pas sortir de l’Otan” (comme il a déclaré en avril dernier dans une conférence aux USA), “nous voulons rester dans l’Otan, mais nous voulons parlementariser une grande partie des choix”.
Illusion ou pire. Dans le Conseil de l’Atlantique-nord, selon les normes Otan, “il n’y a pas de vote ni de décision à la majorité”, mais “les décisions sont prises à l’unanimité et d’un commun accord” : c’est-à-dire en accord avec les Etats-Unis à qui reviennent de droit la charge de Commandant suprême allié en Europe et les autres commandements clé, y compris celui du Groupe de planification nucléaire de l’Otan.
Promettre que les F-35, avions conçus pour l’attaque nucléaire surtout avec les B61-12, puissent être utilisés en Italie avec une sorte de sauvegarde qui empêche l’utilisation d’armes nucléaires, équivaut à une fable qu’on raconte aux enfants pour qu’ils dorment d’un sommeil tranquille.
Manlio Dinucci