Les compromis de l'ONU sur les enquêtes sur les crimes de guerre au Yémen
Article originel : UN Compromises on Investigation of War Crimes in Yemen
TeleSUR
Traduction SLT
L'Arabie saoudite et ses alliés ont bloqué toute tentative d'ouvrir une enquête internationale indépendante sur les crimes de guerre présumés au Yémen.
Le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies a accepté d'ouvrir une enquête indépendante sur les violations des droits de l'homme au Yémen, après qu'un compromis ait été trouvé entre un groupe de pays européens et l'Arabie saoudite, qui s'est précédemment opposé à une telle enquête et l'a empêchée.
L'enquête de compromis, qui enverra un groupe d'experts faire un rapport dans un an sur les violations des droits de l'homme dans ce pays déchiré par la guerre, est beaucoup plus souple que la proposition initiale présentée par les Pays-Bas et appuyée par plusieurs pays de l'Union européenne et par le Canada. La proposition initiale prévoyait la création d'une commission d'enquête au plus haut niveau des Nations unies, une commission d'enquête capable de porter des accusations devant les tribunaux internationaux.
"Une enquête internationale crédible est nécessaire pour établir de manière globale, transparente, indépendante et impartiale les faits et circonstances entourant les violations, afin de mettre fin au cycle de l'impunité au Yémen et d'aider à prévenir de futures violations", a déclaré l'ambassadrice néerlandaise Monique T. G. dit Van Daalen au conseil.
Le compromis de vendredi représente néanmoins un revers pour l'Arabie saoudite, qui a bloqué catégoriquement toute enquête internationale depuis plusieurs années malgré les pressions. La monarchie saoudienne et ses alliés ont plutôt soutenu l'enquête nationale existante, que la plupart des observateurs internationaux ont jugée insuffisante et incapable.
Dans le cadre des négociations à huis clos qui ont abouti au compromis, l'Arabie saoudite, productrice géante de pétrole, aurait menacé d'actions "politiques et économiques" si la proposition néerlandaise d'une enquête approfondie était appuyée.
Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, quant à eux, n'ont pas soutenu la proposition néerlandaise, mais ont plutôt encouragé et soutenu le compromis qui a finalement été atteint sans vote.
Une coalition dirigée par l'Arabie saoudite mène une campagne de bombardement intense, ainsi qu'un blocus du Yémen depuis 2014, dans le but de réinstaller le gouvernement yéménite évincé après la prise du pouvoir par les rebelles houthi.
Le pilonnage a détruit l'infrastructure civile, y compris les hôpitaux, et a fait de nombreuses victimes civiles. Le manque d'assainissement et d'eau potable a également entraîné la pire flambée de choléra de l'histoire récente, la Croix-Rouge ayant annoncé cette semaine qu'elle s'attendait à ce que le Yémen ait au moins un million de cas d'ici la fin de l'année.
L'ONU a à plusieurs reprises qualifié la situation au Yémen de crise humanitaire.