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Coup d'Etat au Zimbabwe. Mugabe poussé vers la sortie par la Chinafrique au nom des intérêts chinois ?

par SLT 22 Novembre 2017, 22:52 Mugabe Coup d'Etat Chinafrique Chine néocolonialisme Impérialisme Zimbabwe Souveraineté Articles de Sam La Touch

Coup d'Etat au Zimbabwe. Mugabe poussé vers la sortie par la Chinafrique au nom des intérêts chinois ?

Suite au coup d'Etat mené par l'armée du Zimbabwe, le vieux résistant au colonialisme, Mugabe, a été poussé vers la sortie. On lui a fait comprendre qu'il n'était plus le bienvenu à la tête du pays et l'ombre de la Chinafrique pointerait sur ce changement mené par l'armée en faveur de l'ex vice-président Mnangagwa, censé être plus favorable aux intérêts des entreprises chinoises au détriment de la souveraineté nationale du Zimbabwé.

Selon JAI, le

Il semble que le licenciement d'Emmerson Mnangagwa ait été la dernière goutte d'eau pour le général Constantine Chiwenga, un allié de longue date de Mnangagwa, et ses forces. Chiwenga a d'abord réagi en s'adressant à la nation sur l'attitude dangereuse de ses adversaires autour de Grace Mugabe. Alors que cet avertissement national n'a rien apporté, les militaires se sont empressés de prendre le contrôle du pays.

Ce qui s'est produit depuis lors, ce sont des arrestations très médiatisées de ministres clés du gouvernement proches de Grace Mugabe: le ministre des finances Ignatius Chombo, le ministre de l'enseignement supérieur Jonathan Moyo; le ministre du gouvernement local Saviour Kasukuwere, ainsi qu'un certain nombre d'autres hauts fonctionnaires. Les porte-parole militaires ont qualifié ces figures de "criminels" et ont assuré au pays que les purges politiques ne visaient que "les criminels autour de[Robert Mugabe] qui commettent des crimes qui causent des souffrances sociales et économiques dans le pays afin de les traduire en justice". Mais cela a abouti très vite à l'expulsion de Mugabe du pouvoir pour qu'il soit remplacé par l'ex vice-président jugé plus conciliant envers le partenaire n°1 du Zimbabwe : la Chine.

Selon MintPress News
"La Chine a longtemps été le principal bailleur de fonds international du Zimbabwe, remontant à la guerre de libération et au soutien de Pékin à la ZANU et à Mugabe contre ses rivaux de la ZAPU et son chef Joshua Nkomo, qui était soutenu par l'Union soviétique. Essentiellement, la lutte au Zimbabwe a été à la fois une lutte anticoloniale et une guerre civile qui a servi de conflit par procuration dans la compétition sino-soviétique au cours des dernières étapes de la guerre froide. Depuis que Mugabe et la ZANU ont consolidé le pouvoir il y a près de 40 ans, la Chine a maintenu une relation spéciale avec le pays où, bien qu'elle ne soit pas le plus grand partenaire commercial, elle reste le plus important - en fournissant la formation militaire et du matériel, des investissements étrangers et bien plus encore". 

Selon The Telegraph, quelques jours seulement avant le coup d'État, le général Chiwenga qui a destitué Mugabe s'est rendu à Pékin.

 

 Chang Wanquan, ministre chinois de la Défense, avec le général Chiwenga. Crédit: mod. gov. cn.

Chang Wanquan, ministre chinois de la Défense, avec le général Chiwenga. Crédit: mod. gov. cn.

Toujours selon The Telegraph :

"Mnangagwa et ses alliés ont fait des efforts très importants pour faire passer Pékin pour un investisseur et un partenaire militaire. La Chine, qui a dépassé ses rivaux occidentaux pour devenir le principal partenaire commercial de l'Afrique et qui est un investisseur majeur au Zimbabwe, a notamment refusé d'appeler à la restauration de Mugabe, malgré ses liens de longue date avec Pékin qui remontent à la guerre froide. L'année dernière, la Chine s'est engagée à investir 4 milliards de dollars au Zimbabwe pour des investissements, des prêts et de l'aide au cours des trois prochaines années. Répondant au coup d'État, le ministère chinois des Affaires étrangères a simplement déclaré que Pékin " était très attentif à l'évolution de la situation ", suggérant que la Chine avait accepté de sacrifier le "Camarade Mugabe" dans l'intérêt d'une succession ordonnée."

 

Selon Mint Press News :
"Les initiatives d'indigénisation lancées par Mugabe et la ZANU-PF au cours de la dernière décennie continuent d'être un problème majeur pour la Chine. Le programme d'indigénisation a modifié les lois du pays en matière de propriété, exigeant que les entreprises jugées d'intérêt national soient détenues majoritairement par des Zimbabwéens et non par des investisseurs étrangers. Bien qu'il y ait eu des exceptions pour la Chine en raison de l'influence qu'elle exerce dans le pays, de plus en plus d'intérêts chinois ont été soumis à des politiques d'indigénisation. À compter du 1er avril 2016, lorsque la nouvelle loi sur l'indigénisation est entrée en vigueur, les entreprises chinoises ont commencé à craindre que leurs exemptions aux règlements sur l'indigénisation, déjà négociées, ne soient réduites, sinon éliminées."

Samuel Ramani dans The Diplomat écrit que:

    "La politique d'indigénisation de la ZANU-PF pourrait mettre en péril les investissements de la Chine dans le secteur minier zimbabwéen et la faillite de petites entreprises appartenant à des expatriés chinois à Harare... La décision de Mugabe de nationaliser l'industrie du diamant du Zimbabwe a suscité une inquiétude particulière à Pékin. En vertu des nouvelles règles du Zimbabwe, les sociétés minières chinoises sont obligées d'opérer sous l'égide de la Zimbabwe Consolidated Diamond Company (ZCDC)".

 

Selon MintPress News "Mugabe a affirmé à maintes reprises son attachement à l'indigénisation comme pierre angulaire d'une véritable indépendance du Zimbabwe, car lui et la ZANU-PF considèrent que l'indigénisation est nécessaire pour dénouer les structures de propriété et d'exploitation héritées du colonialisme." Ce qui aurait favorisé le lâchage de Mugabe par la Chinafrique afin de défendre l'intérêt de ses entreprises au Zimbabwe au détriment de la souveraineté du Zimbabwe.

Ce serait la première fois que la Chine interviendrait de manière aussi manifeste dans le renversement d'un président en exercice. Certes, cela ne s'est pas fait avec la barbarie françafricaine (Libye, Côte d'Ivoire, Rwanda, Togo, Gabon, Congo-Brazzaville, Cameroun, ..) ou américafricaine (Libye, Rwanda, Somalie,...) mais cela marquerait un tournant dans le positionnement agressif de la Chine sur le continent dans un contexte de rivalité croissante entre grandes puissances (USA, France, Chine, Russie) pour se partager le gâteau africain.

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