Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L’Agence Française de Développement promet la Lune au CHU Sassou Nguesso de Brazzaville (Congo-Liberty)

par Olivier Mouebara 4 Novembre 2017, 03:35 AFD Congo-Brazzaville Collaboration Sassou Nguesso Dictature France Françafrique

L’Agence Française de Développement promet la Lune au CHU Sassou Nguesso de Brazzaville (Congo-Liberty)
Dans un Congo sinistré et totalement dépouillé de ses ressources par un petit clan de malfaiteurs au pouvoir, le FMI de Madame Lagarde parait avoir finalement botté en touche. Le salut de Sassou Nguesso attendra encore un peu… 
La leçon aurait pu être entendue et comprise par la France du Président Macron. Toutefois, cela ne semble pas être le cas, autour de lui, bien qu’il n’y prête lui-même le flanc : la Françafrique bouge toujours et remue encore, spécialement en direction de Brazzaville pour sauver le tyran.

Pas rancunier à l’égard d’un Sassou Nguesso qui « le tenait » avec le fameux cahier à spirales de Claudine Munari, de Villepin est revenu auprès du dictateur sans que la presse française ne le vilipende. Silence radio total de la part de cette dernière. Mission alimentaire pour certains ; « Envoyé spécial » du Président Macon pour d’autres, afin de convaincre le dictateur de se retirer. Rien de sérieux n’a encore filtré de cette prétendue célébration du 77ème anniversaire de la proclamation de « Brazzaville, capitale de la France libre.

Quelques jours auparavant, un projet concernant le CHU « a été présenté le 20 octobre à Brazzaville par le chargé de missions pour Expertise France, Maxime Bost, et le Pr Gilles Brucker, lors de la cérémonie de restitution de la première proposition dudit projet au plus grand établissement sanitaire du pays, en vue de donner des soins de qualité à la population congolaise. »

Vu et lu ainsi, cela ressemble à un conte à dormir debout. Pour ne rien écrire de plus désobligeant… Une mission d’Expertise France, société publique française – créée en 2015 par Laurent Fabius et Michel Sapin — pourrait assurer aux Congolais le traitement hospitalier digne que le système tyrannique d’un Sassou Nguesso leur a refusé depuis une quarantaine d’années. On croit rêver !  Coût de l’opération : 10 millions d’euros financés par l’Agence française de développement  (AFD) dans le cadre d’un contrat désendettement et développement, sûrement lié au PPTE. Neuf millions d’euros consacrés à des travaux et un million au renforcement de la gouvernance hospitalière. Si le premier volet n’est pas clair et ne permet pas de se prononcer, le second apparait totalement superflu et témoigne soit d’une méconnaissance de la réalité congolaise, soit d’une complicité totale avec le système.

Aucun de nous n’a oublié, en juin dernier, la détresse de Madame Gisèle Amberio, alors Directrice de ce même CHU, réduite à publier dans la presse locale une lettre ouverte au dictateur qu’elle ne parvenait pas à rencontrer. Elle fut remplacée quelques semaines plus tard pour avoir dénoncé le système mafieux qui gangrénait le premier centre hospitalier du pays, sans savoir que Sassou Nguesso avait apporté sa bénédiction à ce pillage, comme à tous les autres qui saignent à blanc le Congo.

Ce qui vaut, et prévaut, au CHU est valable pour tout le reste du pays, pas seulement pour le secteur de la santé, comme l’hôpital de Louandjili à Pointe Noire. Cela l’AFD ne saurait l’ignorer ! La corruption est l’essence de ce pouvoir et de ses gouvernants. La corruption est à son degré le plus élevé, le plus fort de tout le continent africain. Rien n’est exempt de celle-ci ! Même les représentations étrangères, sur le sol congolais, en sont infectées. Alors, le constat très récent de Madame Amberio, sans oublier les grèves actuelles du personnel hospitalier et des médecins du CHU, devraient interdire l’AFD  de tout projet de coopération avec ce dernier. Et ce ne sont pas tant ces quelques petits millions d’euros, qui seront injectés dans le système Sassou Nguesso, qui sont condamnables, mais aussi et surtout la crédibilité que l’on témoigne encore à un pays complètement ruiné par une mafia.

A part quelques petits tronçons de routes confiés à des entrepreneurs adoubés par le tyran congolais pour ne pas dire de mèche avec lui, le bilan de la coopération française est bien maigre. Certes l’ex-ministre du gouvernement Ayrault2 qui en avait la responsabilité, s’est reclassée au côté du dictateur congolais auprès duquel elle occupe une position personnelle de choix. Quant aux projets de réel développement initiés ou menés à bien, on a beau chercher, on ne trouve rien.

Le constat est malheureusement aisé, car le Congo, à part son industrie extractive ou de déforestation, ne produit rien ! Strictement rien à part le peu de sucre, à Nkayi qui a été toléré au Groupe Vilgrain. Toléré est bien le mot, car il ne fallait surtout pas qu’un tissu économique solide vienne concurrencer l’obscure production pétrolière. Dans le secteur industriel, une exception demeure : la MACC, l’unité de production de cartouches qui alimente le conflit centrafricain en fournissant toutes les parties rivales. Il faut alors espérer qu’elle n’ait pas bénéficié de l’aide de l’AFD…

Cette dernière aurait pu aisément contribuer, depuis des décennies, au renforcement des productions agricole, avicole, piscicole, horticole, bovine et autres dans ce pays où toutes étaient possible… Des dizaines de milliers d’emplois auraient pu être créées avec l’aide de la France-AFD en favorisant l’exportation de ses matériels et techniques. Rien de tout cela ! Un bilan incroyablement négatif, comme pour mieux accompagner le Congo dans les tréfonds du sous-développement souhaité par Denis Sassou Nguesso pour mieux le piller ! Et par qui d’autres ?

Ce tableau noir n’a pas empêché les bonnes relations personnelles avec les dirigeants de l’AFD. Avec Dov Zerah, ex-patron de l’Agence, Sassou Nguesso aime toujours être à tu et à toi. Comme beaucoup, il était un invité rémunéré pour honorer de sa présence les forums bidon organisés par Richard Attias ou par Lucien Ebata, contre chèque consistant sans compter les petits cadeaux d’usage à Brazzaville…

Avec Rémy Rioux, l’actuel Directeur de l’AFD qui a une solide expérience de l’Afrique, Denis Sassou Nguesso, n’est pas en territoire inconnu. A Bercy, à la Direction générale du Trésor et de la politique économique(DGPTE) le haut fonctionnaire s’était beaucoup occupé de l’Afrique. Le Pays Pauvre Très Endetté du Congo n’a pas dû lui échapper avec toutes ses incohérences, en 2009-2010, mais les ordres venaient d’en haut… En 2012, Directeur de Cabinet de Pierre Moscovici, il a été à l’origine des travaux confiés à Hubert Vedrine, Lionel Zinsou, Jean-Michel Severino, pour une redéfinition des relations économiques entre l’Afrique et la France (2013), et du rapport de Jacques Attali sur la francophonie économique (2014). Tous des amis de Sassou Nguesso qui n’ont pas dû l’égratigner.

Aujourd’hui, le constat est implacablement désastreux. Ces réseaux amicaux qui ont accompagné le monstre congolais, qui l’ont soutenu, voire tiré profit, doivent être considérés comme des complices. Sans eux, Sassou Nguesso n’aurait jamais été aussi loin dans ses prédations et dans ses folies meurtrières.

Ce n’est plus le moment, pour l’AFD comme pour le FMI, d’apporter un concours quel qu’il soit à ce pouvoir agonisant. L’aide extérieure, qui devrait être apportée à notre pays, n’est envisageable que pour une transition démocratique, pour l’accompagner et pour la renforcer. Le Congo sans les Nguesso a un énorme potentiel de développement. Avec ou sans l’AFD, ce développement se fera !

Olivier Mouebara

Diffusé le 01 novembre 2017,  www.congo-liberty.com

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Haut de page