Le dernier acte de guerre d'Israël : une autre tentative pour arrêter une "offensive pour la paix"
Article originel : Israel’s Latest Act Of War: Another Attempt To Stop A “Peace Offensive”
Par Ian Berman
MintPress News
Traduction SLT
Une nation attaquant ouvertement une autre sur le territoire de cette dernière créerait une crise n'importe où ailleurs dans le monde. Mais pas à Gaza : "Peut-être que la question essentielle est de savoir si cela était nécessaire et pourquoi maintenant ?
GAZA (Analyse) - Le lundi 30 octobre, Israël a tiré cinq missiles dans un tunnel en construction dans le territoire de Gaza, à l'est de Khan Younis. Sept Palestiniens ont été tués et neuf autres blessés pendant l'attaque. Israël affirme que le tunnel avait atteint le côté israélien du mur d'enceinte qu'il a construit autour de Gaza, mais il a attaqué le tunnel du côté israélien, faisant 16 victimes. Comme Israël n'a fourni aucune preuve que le tunnel avait effectivement atteint le territoire israélien, l'analyse qui suit examine les deux possibilités.
Si le tunnel n' a pas atteint Israël, c'est un acte de guerre.
Des soldats israéliens du Home Front Command pénètrent dans un tunnel, pour s'occuper d'un soldat agissant en tant que survivant dans les décombres, lors d'un exercice militaire près de la frontière israélienne de Gaza, le 7 novembre 2016. (AP/Tsafrir Abayov)
Dans le premier cas, si le tunnel n'atteignait pas Israël, le tunnel serait alors un rempart défensif. Alors que la propagande israélienne a qualifié à tort ces structures de "tunnels de terreur" lors de son assaut sur Gaza en 2014, les tunnels étaient en fait un atout très précieux pour une réponse défensive à l'invasion israélienne. Pendant l'opération Protective Edge, Israël a déchargé tout son arsenal de forces aériennes, de chars, d'artillerie et de batteries navales contre une population sans défense. Les Palestiniens n'avaient pas de telles armes lourdes et ne disposaient d'aucune défense efficace contre la puissance de feu israélienne.
L'aile militaire du Hamas, les brigades d'Al-Qassam, ont pu utiliser un réseau de tunnels pour échapper aux bombardements massifs, puis attaquer les troupes israéliennes et les blindés mécanisés en combat rapproché. Cela entravait la capacité d'Israël à bombarder massivement les combattants palestiniens. Comme l'a noté Max Blumenthal, les tunnels ont joué un rôle important dans la capacité des Palestiniens à infliger des pertes militaires, tuant 67 soldats israéliens lors de l'opération Protective Edge.
Cela expliquerait l'intérêt d'Israël pour la destruction des tunnels. De telles victimes, même si elles sont relativement peu nombreuses par rapport aux 2 251 vies perdues par les Palestiniens, ne sont pas acceptables pour l'opinion publique israélienne. En outre, même après les trois attentats meurtriers perpétrés contre Gaza en 2008-2009,2012 et 2014, les dirigeants israéliens pourraient lancer un nouvel assaut à l'avenir.
Pourtant, il y a un problème assez important avec l'attaque de cette semaine. C'est un acte de guerre pendant un soi-disant cessez-le-feu. Encore une fois, en supposant que le tunnel n'atteigne pas le territoire israélien, les Palestiniens ont tout à fait le droit de construire des remparts défensifs sur leur territoire. Le fait que le tunnel pourrait causer de futures victimes israéliennes si un autre assaut devait être perpétré contre Gaza ne justifie pas l'attaque israélienne pendant un cessez-le-feu.
L'attaque israélienne sur une position défensive en prévision d'un futur conflit est en fait la première frappe d'un tel conflit. Il s'agit d'une attaque offensive englobant un acte d'agression militaire non provoqué visant à réduire la préparation militaire des Palestiniens. Par conséquent, l'action d'Israël est le déclenchement d'une guerre offensive, qui est un crime de guerre.
Israël n'avait pas à bombarder Gaza si le tunnel atteignait le territoire israélien
Dans cette photo, le 13 octobre 2013, les soldats israéliens entrent dans un tunnel découvert près de la frontière israélienne de Gaza.(AP/Tsafrir Abayov)
Les partisans sionistes soutiendront qu'Israël a le droit de se défendre et soutiendront les allégations israéliennes selon laquelle le tunnel aurait atteint le côté israélien. Si l'on examine cette possibilité, on peut se demander, si ce tunnel avait bel et bien atteint le territoire israélien comme on le prétend, quelle devrait être la bonne réponse?
Le Times of Israel rapportait que : "L'armée[Israélienne] a déclaré que le tunnel était sous surveillance depuis longtemps et qu'il était en cours de construction au moment de la démolition, si bien que, selon ses propres dires, les Forces de défense israéliennes (FDI) connaissaient le tunnel depuis un certain temps et savaient qu'il se trouvait du côté israélien du mur d'enceinte. Par conséquent, les Forces de défense israéliennes devaient connaître l'emplacement du tunnel et auraient pu adopter une approche différente de la "légitime défense".
Il est clair qu'avec cette connaissance de l'emplacement général du tunnel, Israël aurait pu utiliser son propre équipement lourd pour creuser et exposer le tunnel, le rendant ainsi inutilisable. Un tel acte d'autodéfense n'aurait pas nécessité un acte d'agression sur le sol étranger. Dans le même temps, une telle exposition aurait permis à Israël de montrer au monde entier la preuve définitive de l'agression palestinienne.
Il convient, en outre, de noter qu'Israël travaille actuellement à la construction d'une barrière autour de Gaza. Le fait de changer l'emplacement de leurs travaux actuels pour les placer à l'emplacement du tunnel aurait aussi efficacement contré cette prétendue incursion. Une autre option aurait été de suivre le précédent établi par le président égyptien Abdel Fattah el-Sisi après qu'il eut pris le pouvoir en Egypte. Après avoir pris le pouvoir, Sisi a inondé les tunnels, resserrant ainsi l'emprise du blocus complet d'Israël. Israël aurait tout aussi bien pu inonder le tunnel de son côté du mur d'enceinte, une défense justifiable si le tunnel avait effectivement atteint Israël...