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[Vidéo] Le guide pour Thanksgiving : Comment célébrer une histoire sordide (MintPress News)

par Emma Fiala 25 Novembre 2017, 22:11 Thanksgiving Amérindiens Crimes contre l'humanité Massacre Pequot Célébration USA Colonialisme Articles de Sam La Touch

Le guide pour Thanksgiving : Comment célébrer une histoire sordide
Article originel : Thanksgiving Guide: How to Celebrate a Sordid History
Par Emma Fiala
MintPress News, 22.11.17

 

Traduction SLT

Les voyageurs arrivent au camp d'Oceti Sakowin où les gens se sont rassemblés pour protester contre l'oléoduc Dakota Access alors qu'ils marchent dans une tente près d'un drapeau étatsunien mis à l'envers à Cannon Ball, N. D., le 2 décembre 2016. (AP/David Goldman)

Les voyageurs arrivent au camp d'Oceti Sakowin où les gens se sont rassemblés pour protester contre l'oléoduc Dakota Access alors qu'ils marchent dans une tente près d'un drapeau étatsunien mis à l'envers à Cannon Ball, N. D., le 2 décembre 2016. (AP/David Goldman)

Un jour considéré par de nombreux Etatsuniens comme un jour de fête, un jour pour la famille et un jour pour rendre grâce, est perçu par de nombreux Amérindiens comme un jour rempli d'ignorance, un jour de colère et un jour de deuil.

Alors que plusieurs millions d'Etatsuniens se préparent cette semaine à entrer dans l'esprit des fêtes, en commençant par Thanksgiving, mais combien sont prêts à regarder la journée au regard de sa véritable histoire ? Alors que pour beaucoup d'Etatsunien, la fête sert de rappel pour rendre grâce, elle est perçue comme un jour de deuil par d'innombrables autres. La vérité, c'est que les migrants européens ont brutalement assassiné des Amérindiens, volé leurs terres et continuent de le faire aujourd'hui.

Commencez par reconnaître que presque tout ce qu'on enseigne sur Thanksgiving dans la plupart des écoles du pays est un mensonge. La plupart des Etatsuniens se souviennent des célébrations à l'école élémentaire en l'honneur de Thanksgiving, qui comprenaient des activités allant des pages de coloriage aux défilés et aux pièces de théâtre. Tout le monde connaît l'exercice : les pèlerins ont fui l'Europe avant d'atterrir sur Plymouth Rock. Les indigènes résidents leur apprirent à cultiver la terre, ils s'assirent tous pour un grand repas en 1621, et tout le monde vécut heureux jusqu'à la fin des temps aux États-Unis.

Cette brève leçon d'histoire est souvent suivie par des tipis faits à la hâte à partir de sacs en papier et de coiffures pour tous les enfants de la classe en utilisant du papier brun et des plumes aux couleurs vives. Certains enfants se voient assigner le rôle de pèlerins, tandis que d'autres se voient dire de jouer les Indiens pour la journée. Les plus jeunes enfants fabriquent des dindes en forme de mains tandis que les élèves du secondaire peuvent entrevoir quelques représentations choisies des terribles batailles de la colonisation.

Malheureusement, l'enseignement édulcoré et inexact du premier Thanksgiving se poursuit jusqu'au collège, au lycée et même à l'université, la plupart des Etatsuniens n'apprenant jamais la vérité. Si les non-Etatsuniens doivent apprendre la vérité de ce jour, il est préférable d'aller directement à la source. Bien qu'il y ait eu deux parties impliquées dans cette soi-disant grande fête, la plupart des Etatsuniens ne font référence qu'à l'histoire racontée par les pèlerins, à l'histoire racontée par les colonisateurs, à l'histoire façonnée par les fabricants de manuels scolaires au fil des ans.

Célébration d'un massacre

Certains seront peut-être surpris d'apprendre que le premier jour officiel de l'Action de grâces a eu lieu en 1637. Les fêtes de la reconnaissance étaient monnaie courante dans les cercles européens et amérindiens bien avant la première rencontre entre la tribu Wampanoag, qui habitait le sud-est du Massachusetts et Rhode Island, et les pèlerins lorsqu'ils débarquèrent pour la première fois en 1621. En 1637, le gouverneur John Winthrop convoqua une journée officielle de remerciement pour célébrer le massacre de plus de 700 personnes de la tribu des Pequot, un début horrible et généralement inconnu d'une fête si répandue et populaire. "Ce jour sera un jour de fête et d'action de grâces pour avoir soumis les Pequots", déclare la proclamation.

Pour que l'Action de grâces soit célébrée avec exactitude, elle doit être vue à travers une lentille amérindienne. La meilleure façon de le faire est de demander à un Amérindien.

 

Regarder | Les Amérindiens partagent leurs sentiments au sujet de l'histoire de Thanksgiving et de son impact sur leur vie à ce jour:

Les pensées et les émotions exprimées dans cette vidéo, de même que dans les conversations avec des Amérindiens, contrastent vivement avec les pensées de gratitude et d'amour que les Etatsuniens non Amérindiens expriment de façon conventionnelle lorsqu'il s'agit de Thanksgiving. Une journée perçue par beaucoup comme un jour de fête, une journée pour la famille et un jour de remerciements, est en fait perçue par les Amérindiens comme une journée remplie d'ignorance, de colère et de deuil. Comment ces points de vue incroyablement contradictoires du même jour et des mêmes événements peuvent-ils exister au sein d'un même pays ?

La colonisation d'hier et d'aujourd'hui

Une femme amérindienne âgée est escortée jusqu'à une fourgonnette de transport après avoir été arrêtée par les forces de l'ordre au camp d'Oceti Sakowin dans le cadre du ratissage final des manifestants du gazoduc Dakota Access dans le comté de Morton, le 23 février 2017, près de Cannon Ball, N. D. (Mike McCleary/The Bismarck Tribune)

Une femme amérindienne âgée est escortée jusqu'à une fourgonnette de transport après avoir été arrêtée par les forces de l'ordre au camp d'Oceti Sakowin dans le cadre du ratissage final des manifestants du gazoduc Dakota Access dans le comté de Morton, le 23 février 2017, près de Cannon Ball, N. D. (Mike McCleary/The Bismarck Tribune)

La colonisation de ce continent a commencé il y a longtemps et se poursuit encore aujourd'hui, en perpétuel changement de forme, mais causant des dommages considérables sous toutes ses formes. De la disparition des femmes autochtones à la lutte pour l'eau potable en passant par le meurtre d'un garçon autochtone par la police et les menaces de vente de terres autochtones, la lutte des Autochtones contre la colonisation semble implacable.

À la même époque l'an dernier, les Amérindiens et leurs alliés ont été brutalement attaqués par la police alors qu'ils défendaient l'eau potable à Standing Rock, dans le Dakota du Nord. Par temps glacial, des canons à eau et des balles en caoutchouc ont été utilisés par la police militarisée pour éloigner les protecteurs des sources d'eau. Tout au long de la lutte à Standing Rock, la police et les services de sécurité ont eu recours à la force et à la violence à plusieurs reprises.

Le jour de l'Action de grâces, la police affronte les protecteurs de l'eau à Mandan, dans le Dakota du Nord, juste au nord de la Réserve des Sioux de Standing Rock, après une fête symbolique sur la rue principale de la ville. (Emma Fiala)

Le jour de l'Action de grâces, la police affronte les protecteurs de l'eau à Mandan, dans le Dakota du Nord, juste au nord de la Réserve des Sioux de Standing Rock, après une fête symbolique sur la rue principale de la ville. (Emma Fiala)

L'an dernier, le jour de l'Action de grâces, une manifestation dans la ville de Mandan, ND a été défiée avec une démonstration de force alors que des protecteurs d'eau sur les lignes de front au camp d'Oceti Sakowin à Standing Rock ont été attaqués par la police pour avoir traversé la rivière à la base de l'île Turtle. Les Amérindiens et leurs alliés ont persisté et ont probablement trouvé des raisons d'être reconnaissants face à l'oppression.

Récemment, un jeune Amérindien de 14 ans, Jason Ike Pero, a été tué par un shérif adjoint du comté d'Ashland dans la réserve de Bad River, au nord-ouest du Wisconsin. La Bad River Band of the Lake Superior Ojibwe a demandé à la Division des droits civils du département de la Justice des États-Unis d'ouvrir une enquête criminelle sur cet incident. Ils affirment que les médias et le ministère de la Justice du Wisconsin tentent à tort de "décrire Jason comme étant un jeune homme troublé qui a agi de manière violente envers le député ", une tactique que l'on voit encore et encore lorsqu'il s'agit de la violence policière contre les minorités.

Pas plus tard que cette semaine, la Commission des services publics du Nebraska a approuvé le permis pour le pipeline Keystone XL, menaçant les terres indigènes, malgré une fuite majeure dans le pipeline Keystone quelques jours auparavant. Les pipelines et d'autres projets menacent les terres autochtones partout dans le pays, l'administration Trump semblant plus axée sur le profit que sur la protection des terres autochtones et nationales.

Célébrer avec attention

Une fois que la vérité est reconnue, comment les non-autochtones progressent-ils ? La tradition de l'Action de grâces est maintenant si profondément enracinée dans la culture américaine qu'il est complètement irréaliste de supprimer la fête, et ne ferait pas grand-chose pour réparer les torts causés au fil des ans.

Voici quelques suggestions sur la façon dont les Etatsuniens peuvent éviter la le grand blanchiement et l'hypocrisie traditionnelle, et adapter leurs célébrations de l'Action de grâce avec soin :

  •     Faites un don à des organisations locales amérindiennes ou à ceux qui luttent pour protéger leurs terres.
     
  • Cuisinez des aliments traditionnels autochtones.
     
  • Invitez un voisin autochtone et écoutez ce qu'il a à dire.
     
  • Enseigner à la famille, aux amis, aux enfants une histoire exacte de Thanksgiving et de la colonisation, en utilisant ces livres suggérés par les Amérindiens dans la littérature pour enfants.
     
  • Prenez une décision éclairée avec votre famille et décidez ensemble si célébrer Thanksgiving est approprié et confortable.


Quand il s'agit d'arrêter et de guérir de la colonisation, il y a beaucoup de travail à faire. Le jour de l'Action de grâces et son histoire brutale sont d'excellents moments pour commencer.

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