Les Etats-Unis prêts à "se battre pour la justice" en Syrie sans l'approbation de l'ONU - Haley
Article originel : US ready to ‘fight for justice’ in Syria without UN approval – Haley
Russia Today
Traduction SLT
Les États-Unis ne se considèrent pas contraints par le Conseil de sécurité des Nations unies et pourraient chercher à obtenir la " justice " en Syrie en fonction de ses propres conditions, a déclaré Nikki Haley, la représentante des États-Unis auprès de l'ONU. Les États-Unis ont pris des mesures similaires en Libye en 2011.
"Avec l'unité de ce conseil, ou bien seul, sans entrave de l'obstructionnisme de la Russie, nous continuerons à lutter pour la justice et la responsabilité en Syrie ", a déclaré Haley, dénonçant le veto de la Russie sur le projet de résolution sur l'extension de l'enquête syrienne sur les armes chimiques vendredi.
Le projet, proposé par le Japon, prévoyait la "prolongation technique" de l'enquête pour une nouvelle période de 30 jours. Expliquant la décision de la Russie de bloquer la résolution, l'envoyé russe des Nations Unies Vasily Nebenzya a déclaré qu'il ne servait à rien de prolonger la mission si certaines failles flagrantes dans son travail ne sont pas modifiées.
"Il n'y a pas d'autre solution après que la direction du JIM[le Mécanisme d'enquête conjoint ONU-OPCW] se soit déshonorée par son enquête fictive sur l'incident de l'utilisation du sarin à Khan Shaykhun et ait approuvé des accusations sans fondement contre la Syrie ", a-t-il déclaré.
Haley a poursuivi en accusant la Russie de ne pas faire preuve de souplesse dans la négociation des conditions de l'enquête, affirmant que Moscou avait seulement "dicté et exigé" alors que les États-Unis avaient "incorporé des éléments du projet russe" dans le sien dans l'espoir de parvenir à un consensus.
La Russie a opposé son veto au projet étatsunien jeudi, Nebenzya le qualifiant de "déséquilibré" et visant uniquement à discréditer la Russie et son rôle dans le règlement syrien. Haley a ensuite accusé la mission russe d'ignorer les tentatives de la délégation étatsunienne de prendre contact avec elle avant le vote.
Les remarques de Haley sur l'impossibilité d'atteindre la mission russe ont provoqué une réaction de colère de Moscou, le ministre russe des Affaires étrangères Sergey Lavrov la qualifiant de "fausse diplomatie," Lavrov a déclaré qu'il semble que nous assistons à un nouveau phénomène dans les relations internationales, car maintenant, en plus des fausses nouvelles, il y a aussi la fausse diplomatie.
Le projet rival était coparrainé par la Russie et la Chine, et "visait l'extension et l'amélioration qualitative" de la mission d'enquête, selon Nebenzya. Toutefois, elle a également échoué, n'ayant obtenu l'appui que de quatre membres du Conseil de sécurité.
Alors que la Russie et les Etats-Unis ont tous deux utilisé leur droit de veto sur les résolutions respectives, Haley a accusé Moscou d'entraver les travaux du Conseil de sécurité des Nations unies et ses efforts pour trouver "la vérité".
La Russie a critiqué à maintes reprises le rapport du Mécanisme commun d'enquête (JIM) de l'ONU-OPCW sur l'incident chimique de Khan Shaykhun, qui est rempli d'"omissions, d'incohérences et de contradictions", et affirme qu'elle ne suit pas les procédures habituelles d'une enquête impartiale, car elle s'appuie sur des témoignages douteux fournis par des rebelles et des ONG, dont certains sont soupçonnés d'avoir des liens avec des terroristes. Elle a notamment souligné le refus des experts de se rendre sur le site de l'attentat malgré les garanties de sécurité.
En 2011, les Etats-Unis sont intervenus dans la région pour endiguer la violence de la guerre civile en Libye. Sous le prétexte d'un mandat des Nations Unies visant à établir une zone d'exclusion aérienne dans le pays et à sauver des vies civiles, la coalition de l'OTAN dirigée par les Etats-Unis a mené une campagne à part entière qui a finalement abouti au massacre de l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et à de multiples morts civiles, dont le nombre varie de 72, selon Human Rights Watch, à plus de 1 000 selon des rapports non confirmés. Le pays est toujours en lambeaux et la guerre entre tribus et militants se poursuit.
Bien que l'ONU n'ait pas donné le feu vert pour une campagne à part entière en Syrie, le secrétaire étatsunien à la Défense James Mattis a affirmé que l'organisation avait sanctionné l'action en Syrie, la justifiant par la lutte contre les terroristes de l'Etat islamique (EI). Damas a à plusieurs reprises fustigé les Etats-Unis pour avoir opéré sur le territoire syrien sans leur consentement et en violation du droit international, et considère la présence étatsunienne comme une invasion.