Des documents secrets révèlent le plan de Moubarak pour réinstaller les Palestiniens en Egypte
Article originel : Secret documents reveal Mubarak’s plan to resettle Palestinians in Egypt
Middle East Monitor
Traduction SLT
Des documents secrets britanniques ont révélé que le président égyptien déchu Hosni Moubarak avait accepté de réinstaller des Palestiniens en Égypte il y a plus de trois décennies. Selon les documents, obtenus exclusivement par la BBC à la suite d'une demande de divulgation en vertu du Freedom of Information Act, Moubarak répondit à une demande étatsunienne lorsqu'il a fait son offre. L'ancien président a stipulé qu'en échange de son accord, il fallait parvenir à un accord pour mettre fin au conflit israélo-arabe.
Les documents montrent que Moubarak a révélé la demande étatsunienne et sa réponse lors des entretiens avec la regrettée Margaret Thatcher, alors Premier ministre britannique. Les pourparlers ont eu lieu lors de sa visite à Londres, en février 1983, alors qu'il retournait à Washington, où il avait rencontré le défunt président étatsunien Ronald Reagan.
Les deux visites ont eu lieu huit mois après qu'Israël eut envahi le Liban le 6 juin 1982 sous prétexte de mener une opération militaire contre l'OLP. Ce mouvement avait été provoqué après une tentative d'assassinat contre l'ambassadeur israélien à Londres, Shlomo Argov.
Face à la situation très tendue au Moyen-Orient, Moubarak a cherché à convaincre les Etats-Unis et Israël d'accepter la création d'une entité palestinienne dans le cadre d'une "confédération" avec la Jordanie, afin de jeter les bases de la création d'un futur Etat palestinien indépendant. Selon le compte rendu de sa rencontre avec Thatcher, Moubarak a déclaré que lorsqu'on lui avait demandé d'accepter des Palestiniens du Liban, il avait dit aux Etats-Unis qu'il ne pouvait le faire que dans le cadre d'un plan global de résolution du conflit. L'ancien président a exprimé sa volonté d'accueillir des Palestiniens du Liban alors qu'il était conscient des dangers d'une telle démarche. Il a également insisté sur le fait qu'"un État palestinien ne constituerait jamais une menace pour Israël."
"Thatcher répondit à cela en insinuant que, indépendamment de tout accord futur, les Palestiniens ne pourraient jamais retourner en Palestine. Même la création d'un État palestinien ne pourrait conduire à absorber tous les Palestiniens de la diaspora", a-t-elle averti.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères de l'époque, Boutros Ghali, a répondu à Thatcher. "Les Palestiniens auront alors leur propre passeport, explique-t-il, et ils auront des positions différentes. Nous ne devons pas seulement avoir un État israélien et une diaspora juive, mais aussi un petit État palestinien avec une diaspora palestinienne."
Moubarak a cité en exemple les Palestiniens du Koweït à Thatcher. "Ils ne retourneraient jamais dans un État palestinien indépendant."
Selon la BBC, lorsque le secrétaire du regretté Premier ministre britannique a pris note de la réunion avec Moubarak, il a souligné qu'ils ne devraient pas être largement diffusés.
Le conseiller politique de Moubarak à l'époque, Oussama Al-Baz, a présenté une proposition de solution future, notant que la première étape serait une fédération entre la Jordanie et un État palestinien, qui deviendrait un État indépendant d'ici 10 à 15 ans. Thatcher a exprimé des réserves quant à l'établissement d'un Etat palestinien indépendant de la Jordanie : "Certains pensent qu'un Etat palestinien indépendant serait sous l'influence de l'Union soviétique".
C'est une fausse idée", a déclaré Al-Baz, "car il n'y aura pas d'État palestinien sous influence russe. Cet État dépendra économiquement des Arabes riches en pétrole qui sont très opposés à l'établissement d'un État loyal aux Soviétiques dans la région. L'Arabie Saoudite, par exemple, ne permettrait jamais que cela se produise."
Il a également souligné qu'un État palestinien "doit" être démilitarisé et qu'il n'obtiendrait donc pas d'armes soviétiques.