Nous apprécions, ne le cachons pas, le Canard enchaîné même si celui-ci est souvent très bien informé auprès des services et officines d'Etat posant la question de la collusion du Palmipède avec le pouvoir en place. On est en droit aussi de se demander pourquoi ses investigations sur la politique étrangère de la France sont si limitées et notamment sur la Françafrique.
Selon Karl Laske et Laurent Valdiguié, dans leur livre "Le Vrai Canard" publié en 2008, le Palmipède traverse "une crise de l'information marquée par des silences assourdissants (l'affaire Bousquet, l'affaire des écoutes de l'Elysée), (...) des fautes escamotées (l'embuscade en Afghanistan)...." Avant, "il osait dire quand il se trompait, cet épisode est clos", écrivent les auteurs, qui regrettent que la direction du Canard "soit restée perchée sur sa tour d'ivoire", ce qui leur fait dire que cette crise se double d'un "verrouillage".
Toujours selon ces auteurs, "Le Canard" était cul et chemise avec le pouvoir sarkozyste : "certains dialogues du "Journal de Carla B.", que "la vraie Carla adore", publié chaque semaine en "une", proviennent de "Pierre Charon, le plus vieux conseiller de Sarkozy, (...) attaché à la communication de la nouvelle première dame". Ils affirment aussi que "Brice Hortefeux est actuellement une source de première importance pour Le Canard enchaîné". Ils prétendent que le "copain d'enfance du président, devenu ministre de l'immigration et de l'identité nationale, s'est rapproché du journaliste Frédéric Haziza, l'un des pigistes de "La Mare aux Canards"".
Panamza dans un article publié sur le net intitulé "Un « Canard enchaîné » à Israël ? Pas un mot sur le scandale sexuel de son indic Haziza" constate que "huit jours après le déclenchement de l'affaire Frédéric Haziza, Le Canard enchaîné, journal prétendument subversif et indépendant, n'a pas consacré une ligne à propos de la plainte pour agression sexuelle visant son informateur." Il est vrai que dans le numéro du 29.11.17, on ne trouve rien sur l'affaire Haziza. Par contre dans le numéro du1er novembre, du même journal, un long article est consacré à l'affaire Ramadan. L'article situé dans la rubrique "Prises de Bec"est intitulé : "Tariq Ramadan. Des sales histoires de culte" :
"Le professeur d'islamologie suisse, accusé de viol par deux femmes, est en panne de Coran...".
Alors "Le Canard" pratique-t-il le deux poids deux mesures ou bien a-t-il considéré que l'affaire Ramadan était nettement plus grave au regard des faits allégués comparativement à l'affaire Haziza ? Wait and see.
Canard enchaîné, 1.11.17 "Tariq Ramadan. Des sales histoires de culte" :
Le professeur d'islamologie suisse, accusé de viol par deux femmes, est en panne de Coran.
Voilà maintenant qu'on s'en prend aux pieuses et grandes consciences. Un producteur de cinéma libidineux, un député trop "tactile", d'accord, mais un grand professeur d'islamologie à Oxford qui donne des conseils de vie haram aux fidèles dans les banlieues depuis vingt ans et se retrouve accusé de se comporter comme un vulgaire pourceau en rut, c'est trop. Ce pauvre Tariq Ramadan a simplement proposé un entretien particulier dans de grands hôtels à des femmes qui venaient l'écouter, et voilà qu'elles se plaignent. Tariq les aurait insultées, giflées, violentées, violées...