La mission de Trump change en Syrie
Article originel : Trump’s Mission Creep in Syria
Par Daniel Larison
The American Conservative
Traduction SLT
La présence militaire étatsunienne en Syrie devrait se poursuivre indéfiniment :
L'administration Trump étend ses objectifs en Syrie au-delà de la destruction de l'État islamique pour inclure un règlement politique de la guerre civile du pays, un engagement déconcertant et potentiellement indéfini qui pourrait entraîner les États-Unis dans un conflit avec la Syrie et l'Iran.
Les États-Unis ont déjà au moins 2 000 soldats en Syrie, et ce nombre devrait continuer de croître à mesure que les États-Unis s'installeront plus profondément dans ce pays. Un déploiement illimité sur le territoire d'un gouvernement hostile soutenu par l'Iran semble être la recette d'un conflit inutile et facilement évitable. Au mieux, il s'agit d'un gaspillage de ressources et de main-d'œuvre dans un endroit où les États-Unis ont peu ou rien en jeu. Au pire, c'est le début d'une mission en constante expansion qui entraînera les États-Unis dans une autre guerre futile. Cela ne contribuera en rien à rendre les États-Unis ou leurs alliés plus sûrs, et cela pourrait contribuer à accroître l'instabilité dans la région.
La justification de cette présence continue est étrange :
Un retrait abrupt des États-Unis pourrait achever le ratissage du territoire syrien par Assad et contribuer à garantir sa survie politique - un résultat qui constituerait une victoire pour l'Iran, son allié proche.
Pour éviter ce résultat, les responsables étatsuniens disent qu'ils ont l'intention de maintenir une présence militaire étatsunienne dans le nord de la Syrie - où les Etatsuniens ont formé et aidé le FDS contre l'État islamique (EI) - et d'établir une nouvelle gouvernance locale, en dehors du gouvernement Assad, dans ces régions.
En d'autres termes, les États-Unis doivent garder les soldats étatsuniens en danger par crainte que le gouvernement syrien ne reprenne le contrôle du reste de son propre territoire. C'est tellement ridicule que cela n'a de sens que dans le contexte de notre discours déformé sur la politique étrangère. Il n' y a aucun intérêt sécuritaire étatsunien perceptible qui exige que les États-Unis empêchent qu'une partie de la Syrie ne soit remise sous le contrôle de son gouvernement. Ce n'est certainement pas de la responsabilité de nos militaires "d'établir une nouvelle gouvernance locale" en Syrie. La vraie raison d'être de cette mission ouverte semble être de faire concurrence à l'Iran pour obtenir une influence sur le territoire de son allié, et c'est aussi inutile que stupide.
Il va presque sans dire qu'une présence militaire étatsunienne en Syrie à quelque fin que ce soit n'a aucune justification juridique et n'en a pas eu depuis trois ans. Le Congrès n' y a jamais autorisé d'action militaire contre l'EI ou les forces pro-régime, le gouvernement syrien n'a jamais autorisé les États-Unis à opérer sur son territoire, et notre présence militaire n'a absolument rien à voir avec l'autodéfense. Maintenir les forces étatsuniennes en Syrie pour les années à venir, c'est la définition même de la dérive missionnaire. Le Congrès devrait insister sur le retrait des forces étatsuniennes de la Syrie dès que possible.