Les conflits mondiaux et le terrorisme à la source de transactions d’armes lucratives : les principaux exportateurs d’armes du monde. Comparaison des superpuissances
Article originel : Global Conflict and Terrorism Are a Prerequisite for Lucrative Arms Deals. The World’s Major Arms Exporters, le 12 décembre 2017. (publié initialement le 8 novembre 2017)
Par Masud Wadan*
Global Research.ca
Traduit par Daniel pour Mondialisation.ca
* Masud Wadan est un auteur indépendant et un analyste géopolitique basé à Kaboul, en Afghanistan.

Cet article a été publié initialement en anglais le 8 novembre 2017.
L’économie des pays les plus puissants repose aujourd’hui dans une large mesure sur la fabrication et l’exportation d’armements militaires. Le statut mondial et la puissance d’un gouvernement se mesurent désormais par sa capacité à inventer et à fabriquer des engins militaires hors pair de qualité supérieure.
Le prestige militaire d’un pays est évalué en fonction de sa puissance aérienne, de sa puissance navale, de ses effectifs et de ses bombes nucléaires. Aucun pays donné ne surpasse tous les autres en les dominant à tous les niveaux. Les USA, par exemple, surpassent leurs rivaux sur le plan de la puissance aérienne, tandis que les Russes disposent d’un nombre incroyable de chars d’assaut perfectionnés. Le nombre de cuirassés que possède la Corée du Nord surpasse tous les autres pays, y compris les USA.
Selon des études menées par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm [SIPRI], les cinq principaux importateurs d’armes et d’armement entre 2010 et 2014 étaient l’Inde, l’Arabie saoudite, la Chine, les Émirats arabes unis et le Pakistan.
Le tableau ci-dessous fournit les données pour la période de 2012 à 2016.
Les États-Unis étaient le client numéro un de l’Allemagne, tandis que les principales destinations des exportations de la France et du Royaume-Uni étaient le Maroc et l’Arabie saoudite.
Pendant la période en question, la Chine a supplanté l’Allemagne au troisième rang de la liste des principaux fournisseurs d’armes du monde, en vendant 5 % des armes exportées à l’échelle internationale. Le principal acheteur d’armes de la Chine était le Pakistan, suivi du Bangladesh et du Myanmar, qui sont des partenaires stratégiques pouvant faire contrepoids, plus particulièrement à l’Inde.
Le principal fournisseur d’armes, c’étaient les USA, d’où provenaient 33 % des exportations d’armes dans le monde, suivis de la Russie avec 23 % (2012-2016). À eux seuls, ces deux pays représentaient 58 % de l’ensemble des exportations. L’Inde est le client principal de l’industrie des armes de la Russie, et ce, depuis de nombreuses années.
Les principaux marchés de la Russie sont la Chine, l’Inde et l’Algérie. Les principales destinations des armes des USA sont la Corée du Sud, les Émirats arabes unis et l’Australie. Les USA vendent leurs armes à une gamme plus étendue de clients que la Russie, dont le marché est plus restreint.
Les territoires et eaux contestés que revendiquent deux États, comme le Cachemire, entre le Pakistan et l’Inde, le Nagorno-Karabakh, entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, et ceux entre la Chine et Taiwan, l’Inde et la Chine, le Japon et la Chine, Israël et la Syrie, parmi tant d’autres, sont tout autant de prétextes favorisant l’achat d’armes. Puisque l’économie des puissances productrices d’armes repose largement sur les exportations de cette industrie, les principaux gouvernements du monde n’insistent pas tellement sur les cessez-le-feu. La Russie exporte des armes tout autant à l’Arménie qu’à l’Azerbaïdjan.
En avril 2016, lorsque le premier ministre russe Dmitri Medvedev a rendu visite à des responsables arméniens et azerbaïdjanais à des fins de médiation à la suite d’une lutte armée, il a déclaré que la Russie n’avait pas l’intention de stopper ses ventes d’armes à l’une ou l’autre des parties au conflit.
D’autres pays comme la France et l’Allemagne ont réduit leurs dépenses militaires et consacré beaucoup d’énergie et d’argent au développement de systèmes militaires les plus modernes et perfectionnés qui soient. L’industrie israélienne de l’armement, qui se distingue par ses drones, a connu une croissance extraordinaire. Les membres de l’OTAN font voler des drones israéliens en Afghanistan. Israël consacre presque 4,5 % de son PIB à la recherche et au développement, où la culture de l’innovation et de la créativité domine.
Les cinq principaux exportateurs d’armes du monde sont les États-Unis, la Russie, l’Allemagne, la France et la Chine, dont les ventes totalisent 75,8 % de l’ensemble des exportations mondiales d’armes. (2012-2016).
En regardant de plus près les causes profondes du terrorisme aux quatre coins du monde, on en vient à constater que les causes réelles des conflits sont totalement différentes de ce à quoi on s’attendait. En effet, aucune logique n’explique tant de brutalité et de sauvagerie au nom du terrorisme. Chaque fois, par exemple, qu’un fanatique de Daech au visage masqué brandissant une arme menace un pays ou que les Houtis yéménites lancent un missile en Arabie saoudite, cela engendre de la colère et des demandes pour obtenir le nec plus ultra en matière d’armement.
L’agitation au Moyen-Orient aurait été alimentée en partie pour amener les pays arabes riches à vouloir s’équiper en armes. Les Saoudiens veulent parvenir à une hégémonie militaire régionale par la force des armes étasuniennes. L’Arabie saoudite a maille à partir avec la menace nucléaire iranienne, la résistance des rebelles yéménites, sa dispute avec le Qatar et les batailles de Daech au Moyen-Orient. Les tensions internationales grandissantes ont fait en sorte que l’Arabie saoudite est parvenue au troisième rang sur le plan des dépenses militaires, suivie de l’Inde. Cet État arabe vient d’annoncer son intention de construire ses premiers réacteurs nucléaires l’an prochain. Ce pays riche en pétrole affirme que le programme nucléaire est exclusivement destiné à l’approvisionnement en énergie et à des fins pacifiques, sauf que nous savons déjà qu’il fait tout pour ne pas être à la traîne derrière l’Iran d’une part, et qu’il cherche à s’assurer la suprématie sur les autres pays du monde arabe d’autre part.
Au début de la décennie, les USA ont imposé des restrictions sur la vente d’armes perfectionnées aux États du monde arabe, afin de permettre à Israël d’être en avance sur ses adversaires invétérés dans la région en exportant ses propres produits. En 2008, le Congrès des USA a approuvé un projet de loi permettant à Israël de dominer la région en matière d’armements. Mais à la suite de la formation de l’alliance anti-iranienne formée par l’Arabie saoudite, l’administration Obama a repris les ventes d’armes à leur niveau antérieur, au grand dam des dirigeants d’Israël. Des rapports révèlent que les ventes d’armes entre Riyad et Washington ont atteint 90 milliards de dollars entre 2010 et 2014.
Sous l’administration Obama, la Maison-Blanche a cautionné par une déclaration l’alliance militaire dirigée par l’Arabie saoudite contre le Yémen. Le sous-secrétaire d’État d’alors, Antony Blinken, s’est rendu à Riyad pendant la deuxième semaine de la campagne militaire contre le Yémen menée par les Saoudiens, où il a déclaré que ce pays [l’Arabie saoudite] envoyait un message fort aux Houthis et à leurs alliés au Yémen et que les USA allaient le soutenir en lui livrant des armes.
Selon la SIPRI suédoise, les principales importations d’armes ont explosé au Moyen-Orient ces dernières années. De 2012 à 2016, les importations d’armes ont bondi de 86 % dans la région.
Les entreprises étasuniennes étaient les principales exportatrices d’équipement et de services militaires, selon le rapport HIS.
C’est Boeing qui a empoché le plus, soit 5,6 milliards de dollars US, suivi de Lockheed Martin (5,1 milliards), de Raytheon (3,5 milliards) et d’Airbus (2,9 milliards).
La société russe UAC arrive en cinquième place, en ayant obtenu 2,9 milliards de dollars US.
En octobre, le roi Salmane de l’Arabie saoudite a signé un accord se chiffrant à 3 milliards de dollars US avec Moscou pour l’achat de missiles sol-air S-400 et d’autres armes. (image à droite, le roi Salmane et le président Poutine)
Le 25 octobre, le Qatar s’est empressé d’acheter ces mêmes S-400, ainsi que le système de défense antiaérienne Pantsir-S1, des véhicules blindés et des chars. L’Arabie saoudite et le Qatar sont sur les dents et investissent massivement dans la puissance militaire. Il pourrait bien s’agir d’une conspiration étrangère visant à pousser les États arabes à acheter des armes valant plusieurs milliards de dollars. On dit que le Bahreïn et l’Égypte seraient les prochains à conclure des accords similaires avec Moscou. Tout cela s’est passé au moment où Trump a signé le plus gros contrat de vente d’armes de l’histoire des USA pendant sa visite à Riyad, qui s’élève à 110 milliards de dollars US.
Système de défense antiaérienne russe S-400
En 2017, l’Institut international d’études stratégiques a publié un rapport faisant état des plus gros effectifs militaires de la planète. Le pays le plus peuplé du monde, la Chine, reste inégalé quant au nombre de ses forces militaires. Établie en 1927, l’armée chinoise compte 2 183 000 militaires, tandis que l’armée indienne en compte 1 395 100. Les USA sont au troisième rang, suivis de près par leur ennemie jurée, la Corée du Nord, qui dénombre 1 190 000 membres des forces armées. Mais l’on dit que l’armée étasunienne est mieux équipée que les autres pays figurant sur la liste.
Par ailleurs, l’étude Global Fire Power’s 2017 apporte un nouvel éclairage à propos des forces et des faiblesses des superpuissances mondiales. Les USA possèdent beaucoup plus d’avions que les autres, soit 13 762 appareils. La Russie n’en possède que 3 794, suivie de la Chine et de l’Inde. Au chapitre des chars d’assaut, c’est la Russie qui domine avec 20 216 véhicules, puis de la Chine qui en possède 6 457. Les USA arrivent au troisième rang, suivis de la Corée du Nord et de la Syrie.
L’adversaire des USA qu’est la Corée du Nord cherche à rattraper les autres avec sa force navale qui comprend des frégates, des contre-torpilleurs, des corvettes, des torpilleurs, des patrouilleurs et ainsi de suite. La Corée du Nord en possède 967, la Chine 714 et les USA 415, suivis de l’Iran et de la Russie.
Considéré comme le « symbole de la puissance » d’un pays, un porte-avions sur l’océan constitue le système militaire le plus coûteux qui soit, et des pays comme la Chine et la Turquie font des pieds et des mains pour en posséder. Les USA en possèdent 19, laissant les autres pays loin derrière. (à gauche, le USS Theodore Roosevelt) La France arrive au deuxième rang avec 4 porte-avions, suivie du Japon (4), de l’Inde (3) et du Royaume-Uni (2). La Russie et la Chine en possèdent un chacun.
La flotte de sous-marins de la Corée du Nord est supérieure à celle des USA. Cependant, on estime que ces sous-marins sont moins coûteux et moins perfectionnés. La flotte est limitée aux eaux côtières et a moins de capacités. À ce chapitre, la Corée du Nord est en tête de liste avec 76 sous-marins, suivie des USA (70), de la Chine (68) et de la Russie (63), puis de l’Iran, du R.-U. et de la France.
Le budget des dépenses en défense des USA est le plus élevé au monde, tout comme sa dette extérieure. La Chine, première économie mondiale, arrive derrière les États-Unis au chapitre des dépenses militaires, peut-être en raison de ses effectifs, les plus importants qui soient. L’Arabie saoudite n’est pas en reste et occupe la troisième place avec son budget de 56 milliards de dollars US. Puis il y a l’Inde, un marché potentiel qui pourrait s’ouvrir à la vente d’armes par les USA et la Russie. À la tête de la liste faisant état de la dette extérieure, considérée comme un aspect négatif, se trouvent les puissances qui sont profondément enfoncées dans des conflits mondiaux. Il s’agit des USA, du R.‑U., de la France et de l’Allemagne. La Chine et la Russie arrivent respectivement 14e et 20e.
Chaque pays producteur d’armes cherche à connaître les secrets des super caractéristiques d’avions et d’autre équipement militaire perfectionnés de ses concurrents. En 2011, lorsque l’équipe d’assaut étasunienne a mené son raid dans la propriété d’Oussama Ben Laden près d’Islamabad, elle a utilisé des hélicoptères échappant aux radars. Un hélicoptère a été endommagé en atterrissant, que les forces étasuniennes ont par la suite fait exploser. Des rapports viennent de révéler que le Pakistan a permis à la Chine d’examiner les débris de l’appareil pour connaître la technologie de pointe utilisée dans des hélicoptères qui, en plus d’échapper aux radars, pouvaient étouffer le bruit.
En décembre 2011, un drone espion des USA s’est écrasé à 140 milles à l’intérieur du territoire iranien, que la télévision d’État a par la suite montré. La Russie et la Chine, toujours avides de technologie, ont aussitôt demandé à leur allié iranien s’ils pouvaient jeter un coup d’œil à cet outil perfectionné des services du renseignement afin de construire leur propre prototype.
Lors d’un incident séparé en 2001, la Chine a réussi à garder un avion de reconnaissance P-3 Orion de la marine étasunienne qui avait dû atterrir à la suite d’une collision en vol. Cela a permis à la China d’élaborer des contre-mesures aux systèmes de surveillance de l’Orion et contraint les USA à moderniser l’ensemble de la flotte.
Masud Wadan
Article en anglais :
Global Conflict and Terrorism Are a Prerequisite for Lucrative Arms Deals. The World’s Major Arms Exporters, le 12 décembre 2017. (publié initialement le 8 novembre 2017)
Traduit par Daniel pour Mondialisation.ca
Masud Wadan est un auteur indépendant et un analyste géopolitique basé à Kaboul, en Afghanistan.