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Migrants: Macron prône une action militaire en Libye, puis recule (Mediapart)

par Caroline Fouteau 2 Décembre 2017, 16:04 Macron Libye Françafrique néocolonialisme Intervention militaire France Migrants

Migrants: Macron prône une action militaire en Libye, puis recule (Mediapart)

Le plan, décidé mercredi soir en marge du sommet UE-Afrique à Abidjan, vise à « évacuer » les migrants victimes d’esclavage en Libye. Il pose de nombreuses questions. Et rappelle l’initiative ratée de l’Europe au printemps 2015 pour lutter contre les trafiquants.

Après avoir qualifié de « crimes contre l’humanité » les ventes aux enchères de migrants en Libye, Emmanuel Macron s’est érigé en chef militaire humanitaire, avant de faire volte-face, moins de 24 heures plus tard.

À l’initiative de la présidence française, une réunion a eu lieu mercredi 29 novembre dans la soirée, en marge du sommet UE-Afrique à Abidjan en Côte d’Ivoire. À l’issue de cette rencontre, à laquelle participaient des représentants de l’Union africaine et de l’Union européenne, le secrétaire général de l’ONU, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Tchad, le Niger, le Maroc, le Congo-Brazzaville et la Libye, via le président Fayez al-Sarraj, à la tête du gouvernement dit d’union nationale de Tripoli, le chef de l’État français a annoncé avoir obtenu l’aval de ses interlocuteurs pour mettre en œuvre une série de mesures visant à lutter contre le trafic de migrants vendus comme esclaves en Libye. Il est toutefois allé un peu vite en besogne.

 

Emmanuel Macron à Abidjan le 30 novembre 2017. © Reuters

 

La plus marquante de ces initiatives consistait en une intervention « militaire et policière » (comme il l’a définie lui-même dans un entretien à RFI et France 24) sur le sol libyen pour « évacuer » en « urgence » les migrants concernés. « La Libye a réaffirmé son accord pour autoriser l’accès au sol libyen afin d’évacuer les camps où ces scènes de barbarie ont été identifiées », est-il allé jusqu’à déclarer lors de la conférence de presse organisée mercredi soir après la réunion. Mais, dès le lendemain matin, alors que les travaux du sommet reprenaient, l’idée d’une intervention militaire et policière apparaissait précipitée, des représentants de l’UE et de l’UA affirmant à RFI qu’elle était même écartée. Et dans l’après-midi, après être arrivé à Accra au Ghana, dernière étape de sa tournée africaine, le président français faisait machine arrière, déclarant qu’« à ce stade », la France ne prévoyait pas d’envoyer de policiers ou de militaires français en Libye. « Sur le sol libyen, il appartient aujourd’hui au gouvernement libyen d’en décider en lien avec l’Union africaine », a-t-il admis.

De fait, son initiative posait un certain nombre de questions. Sachant que le pouvoir est morcelé dans ce pays où les milices, engagées dans des trafics de toutes sortes (armes, pétrole, migrants), tiennent les rênes, l’aval du gouvernement d’union nationale qui exerce son influence autour de Tripoli, n’aurait pas suffi. Comment auraient réagi les autres autorités ? Auraient-elles apprécié la méthode ? N'auraient-elles pas pris comme un acte de guerre un engagement de forces armées européennes sur leur sol ?

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