Selon de nouvelles révélations diffusées par The American Conservative [1], "l'annonce de la reconnaissance de Jerusalem comme capitale par Trump pourrait s'inscrire dans le cadre d'un plan plus ambitieux visant à aider Israël à prendre le contrôle de Jérusalem, ainsi que de la Cisjordanie, laissant les Arabes avec leur propre État de Gaza uniquement".
Un haut responsable palestinien a livré à American Conservative [1] des détails de la réunion surprise du mois dernier entre Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne (et chef de l'Organisation de libération de la Palestine, l'OLP), et le Prince héritier Mohammed Ben Salman (MBS), héritier du trône d'Arabie saoudite :
"Il est temps pour le plan B, a déclaré le prince héritier : un État palestinien dans la bande de Gaza, associé à des transferts sur des terres égyptiens indéterminées dans la péninsule du Sinaï. Lorsque le dirigeant palestinien surpris s'est interrogé sur la place de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est dans ce plan, MBS a répondu : "Nous pouvons continuer à négocier à ce sujet. "Et Jérusalem, les colonies, les zones B et C de la Cisjordanie?" a interrogé Abbas. Ce seront des sujets de négociation, mais entre deux Etats, et nous vous aiderons. Selon la source, MBS a offert au dirigeant palestinien 10 milliards de dollars pour adoucir la pilule amère qu'il venait de prescrire. "Abbas ne peut pas dire non [aux Saoudiens], explique la source, mais il ne peut pas dire oui."
Le New York Times [2] a rapporté également sa version de cette réunion où le prince héritier Mohammed bin Salman a présenté un plan qui serait le plan le plus favorable aux Israéliens que tout autre plan adopté par le gouvernement étatsunien. Selon ce plan, d'après le NYT : "Les Palestiniens obtiendraient un État propre, mais seulement des parties non contiguës de la Cisjordanie et une souveraineté limitée sur leur propre territoire. La grande majorité des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie, que la plupart du monde considère comme illégales, resteraient. Les Palestiniens ne se verraient pas attribuer Jérusalem-Est comme capitale et il n' y aurait pas de droit au retour pour les réfugiés palestiniens et leurs descendants."
Néanmoins la Maison Blanche a dénié tout plan en cours pour Israël.
Selon American Conservative, ce plan serait coordonné par les Etats-Unis, l'Arabie saoudite et Israël via le beau-fils Trump, Jared Kushner. L'Egypte serait également impliqué.
"Une telle entente étatsuno-saoudienne est compatible avec l'abandon effectif par les Saoudiens de leur propre Initiative de paix arabe. Le dirigeant saoudien lui-même a sapé un élément clé de cette proposition lorsque, en avril 2016, l'Arabie saoudite a accepté de se joindre au partenariat stratégique israélo-égyptien établi par son traité de paix sans concessions israéliennes sur un État palestinien, comme le prix à payer pour rétablir le contrôle saoudien sur les îles stratégiques de la mer Rouge de Tiran et Sanafir. La source a noté que MBS avait lui-même écrit une lettre officielle au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans laquelle il décrivait l'engagement saoudien sans précédent de participer - avec l'Égypte, Israël et les États-Unis - au maintien des conditions de sécurité du traité de paix historique entre Israël et l'Égypte. Cette décision, ainsi que la lettre, peuvent être comprises en Israël comme une démonstration concrète que l'Arabie saoudite est en effet prête à s'engager avec Israël sans qu'il y ait de contrepartie pour un État palestinien, que ce soit à Gaza, à Jérusalem ou n'importe où ailleurs."
Des demandes d'explication d'American Conservative à l'ambassade saoudienne sont restées sans réponse lundi. La Maison-Blanche a nié l'existence d'un tel plan au New York Times, comme l'a fait le gouvernement saoudien, et un porte-parole d'Abbas a qualifié l'offre saoudienne de "fausse information".
Références :
1. The American Conservative Did Saudi Arabia Just Try To Give the West Bank to Israel ?
2. New York Times Talk of a Peace Plan That Snubs Palestinians Roils Middle East