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Esclavage en Libye : « Les responsables sont les dictateurs africains et les impérialistes occidentaux » (Le Monde)

par Yann Gwet 2 Janvier 2018, 16:15 Esclavage Libye Impérialisme Françafrique OTAN UE Migrants Crimes contre l'humanité

Pour notre chroniqueur, l’indignation face au « racisme » ne doit pas faire oublier les causes politiques et économiques du trafic des êtres humains.
Lors d’une manifestation contre l’esclavage et les accords entre l’Union européenne et la Libye, à Athènes, le 2 décembre 2017. Crédits : LOUISA GOULIAMAKI / AFP

Lors d’une manifestation contre l’esclavage et les accords entre l’Union européenne et la Libye, à Athènes, le 2 décembre 2017. Crédits : LOUISA GOULIAMAKI / AFP

L’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International vient de publier un rapport, intitulé « Libye : un obscur réseau de complicités », qui décrit « les violences contre les réfugiés et migrants qui cherchent à se rendre en Europe ». Celui-ci paraît un mois après la diffusion par CNN d’une vidéo montrant un marché d’esclaves en Libye. A notre époque, un mois est une éternité. La vague d’émotion qui s’était emparée des opinions africaines s’est estompée, emportant avec elle l’indignation de ceux qui voulaient restaurer leur humanité à « nos frères » déshumanisés.

L’intérêt de ce rapport est que, tout en restituant la complexité de la réalité libyenne, il révèle en creux les responsables du commerce de la honte qui se déroule dans ce pays. La réalité décrite est implacable : l’Etat libyen est en grande partie une fiction. Depuis 2011 et l’assassinat de Mouammar Kadhafi, le pays est aux mains de milices armées (dont certaines ont été officiellement intégrées à l’appareil de sécurité du pays), de bandes mafieuses, de puissantes tribus. Le chaos est la norme et la seule loi qui règne est celle du plus fort.

 

Les gouvernements européens savaient

C’est dans cet environnement, et avec la fermeture des autres routes migratoires vers l’Europe (Tunisie, Egypte, etc.), que la Libye s’est progressivement imposée comme le passage obligé des migrants subsahariens vers l’Europe, en même temps que se développaient sur son sol les trafics les plus sordides, dont celui des êtres humains. Confrontée au risque d’une immigration subsaharienne massive et inquiète de ses conséquences politiques, l’Union européenne (UE) est passée à l’action, comme le résume Amnesty International :

« Bien qu’étant parfaitement au courant des graves atteintes auxquelles les réfugiés et les migrants sont soumis en Libye […] depuis la fin 2016, l’Italie et les autres États membres de l’UE ont mis en œuvre une série de mesures destinées à fermer la route migratoire passant par la Libye et la Méditerranée centrale. Leur coopération avec la Libye se décline en trois volets.
Premièrement, ils ont permis aux gardes-côtes libyens d’intercepter un plus grand nombre de personnes en mer en leur fournissant des formations, des équipements, dont des navires, et une assistance, notamment technique.
Deuxièmement, ils se sont engagés à fournir une aide technique et un soutien à la DCIM, le service libyen chargé de gérer les centres de détention où les réfugiés et les migrants sont détenus et exposés quotidiennement à de graves violations des droits humains.
Troisièmement, ils ont conclu des accords avec les autorités libyennes locales et les chefs de tribus et de groupes armés afin de les encourager à mettre un terme aux activités des passeurs et à renforcer les contrôles frontaliers dans le sud du pays. »

 
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