BDS, une mobilisation contre l’impunité
Par Isabelle Avran
Le Monde diplomatique
Le mouvement Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS), lancé en 2005 par des ONG palestiniennes pour obliger le gouvernement israélien à respecter le droit international et les résolutions des Nations unies, a fait tache d’huile à travers le monde. Israël cherche à criminaliser cette campagne, dont les militants réclament, entre autres, une suspension de l’accord d’association qui lie l’Union européenne à Tel-Aviv.

Une « menace stratégique ». C’est ainsi que le gouvernement israélien qualifie la campagne internationale de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) lancée le 9 juillet 2005 par 172 organisations non gouvernementales (ONG), syndicales et politiques palestiniennes. BDS : trois lettres pour un mouvement de boycott des institutions, des entreprises et du système économique israéliens qui soutiennent l’occupation et la colonisation de la Palestine, de désinvestissement des entreprises impliquées dans cette occupation, et d’exigence auprès des États de sanctions contre Tel-Aviv, tant qu’Israël persistera à bafouer le droit international.
Cet appel intervint un an jour pour jour après l’avis consultatif de la Cour internationale de justice (CIJ) rappelant l’illégalité du réseau de murs israéliens construit en Cisjordanie — dont Jérusalem-Est — et invitant les États à faire respecter la légalité internationale. Mais, si l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) a adopté les recommandations de la CIJ, celles-ci sont restées lettre morte sur le terrain, à l’instar de la quasi-totalité des résolutions onusiennes visant Israël. Une telle impunité permet dès lors à ses dirigeants de mettre en œuvre la stratégie qu’énonçait dès 2001 Ariel Sharon, alors premier ministre : « achever » ce qui n’avait « pu l’être en 1948 », en termes d’appropriation de territoires, qu’il s’agissait de vider autant que possible de leur population palestinienne.
Pour faire respecter les droits du peuple palestinien dans ses trois composantes (sous occupation, en exil forcé, ou ayant pu rester dans ce qui est devenu l’État d’Israël), le mouvement BDS s’inspire de façon explicite des campagnes internationales qui ont contribué à la chute du régime d’apartheid en Afrique du Sud : un mouvement populaire non violent, ciblant non des personnes mais des institutions, des entreprises... qui ont partie liée avec l’occupation. Contre la violence ...