Tribune. Que faut-il attendre de plus ? Depuis presque un quart de siècle, les révélations s’accumulent sur le rôle trouble de la France avant, pendant et après le génocide des Tutsi du Rwanda en 1994. Il ne doit plus désormais être question de « polémique », mais bien d’un travail de vérité, indispensable pour les rescapés, pour l’histoire et pour le débat public républicain sur le fonctionnement de nos institutions.
En 2015, la pression publique et médiatique poussa le président François Hollande à annoncer enfin la déclassification d’archives de l’Elysée. Hélas, ce « coup de com » n’a été accompagné que de l’ouverture de quelques dizaines de documents de la présidence –, mais pas les plus sensibles – et de déclassifications un peu plus consistantes – mais en catimini – de la part de Matignon, du ministère des affaires étrangères et de celui de la défense.
Obstacles à la vérité
L’opacité demeure donc la règle, habillée de différents artifices juridiques et politiques brandis comme autant d’obstacles à la vérité. L’enjeu est pourtant majeur : rien de moins que stopper enfin le négationnisme, qui continue sordidement son œuvre en France vingt-quatre ans après le génocide, en refusant aux victimes et à leurs proches le droit de savoir, et ainsi le droit d’être considérés dans leur pleine humanité. Il s’agit également de permettre aux citoyens français de comprendre quelle politique fut menée en leur nom et en vertu de quels mécanismes institutionnels de la Ve République.
Lorsqu’un témoin militaire direct de l’époque comme Guillaume Ancel veut parler, il subit des pressions pour « rentrer dans le rang ».Parallèlement, les tenants d’une thèse aujourd’hui invraisemblable, selon laquelle la France n’aurait rien d’autre à se reprocher qu’une regrettable « inertie de la communauté internationale », viennent en renfort des responsables politiques et militaires de l’époque qui convoquent « l’honneur de la France » pour éviter...
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