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Niger : « A Arlit, les gens boivent de l’eau contaminée par la radioactivité » (Le Monde)

par Le Monde 4 Mars 2018, 07:35 Niger Arlit Areva Radioactivité Contamination Françafrique France Articles de Sam La Touch

A Arlit, au Niger, en 2013. Crédits : Joe Penney / REUTERS

A Arlit, au Niger, en 2013. Crédits : Joe Penney / REUTERS

Les gisements d'uranium exploités par Orano (ex-Areva) empoisonnent la population, explique Amina Weira, auteure d'un documentaire sur le sujet.

C'était un campement touareg balayé par des rafales de simoun saharien. C'est aujourd'hui une ville qui porte la marque de son développement comme de sa décadence. A Arlit, dans le nord du Niger, l'uranium a nourri des espoirs depuis que le groupe français Areva (renommé Orano en janvier) a commencé à en exploiter les gisements dans les années 1970. Nomades et travailleurs venaient nombreux dans cette région aride remplir la cité ouvrière que l'on appelait alors « le second Paris ». Aucun ne se doutait du danger invisible de la radioactivité.

Quarante ans plus tard, le Niger est devenu le deuxième fournisseur d'uranium d'Areva, mais l'exploitation des mines de la Cominak et de la Somaïr a contaminé la population dans ses activités quotidiennes. C'est dans les rues ensablées de son enfance qu'Amina Weira, réalisatrice nigérienne de 29 ans, a posé sa caméra face aux anciens qui ont vécu les débuts de l'exploitation minière. Dans ce film intitulé La Colère dans le vent et présenté à Dakar dans le cadre du festival Films Femmes Afrique, elle montre la menace invisible qui plane sur Arlit.

 

Entretien.



Dans votre film, le protagoniste principal est votre père. Vous visitez vos proches et contez la ville de votre enfance. Pourquoi avoir choisi ce cadre intimiste ?

Amina Weira Parce que la mine a toujours fait partie de nos vies. Mon père y travaillait comme électricien. Quand mes sœurs et moi le voyions partir au travail, on imaginait qu'il allait dans un bureau. La mine, on la voyait de loin, jusqu'à ce qu'en 2010 on visite son lieu de travail et qu'on se rende compte qu'il descendait dans ce grand trou. J'ai alors décidé de faire un film à ce sujet. J'ai rapidement compris, après des recherches, que derrière cette activité se cachait autre chose de moins visible : l'irradiation. J'ai donc dirigé mon film sur l'aspect sanitaire.



Comment vous êtes-vous rendu compte de l'impact de la mine sur la santé des habitants ?

Quand j'étais petite déjà, la mère d'un de mes camarades avait des problèmes de santé à chaque fois qu'elle venait à Arlit. Il fallait l'évacuer à Niamey, à plus de mille kilomètres, pour la soigner. Je ne comprenais pas pourquoi elle ne pouvait pas vivre ici. Plus tard, quand j'ai voulu faire le film, j'ai questionné des scientifiques et des médecins sur les dangers de l'activité minière. À Arlit, il y a beaucoup de problèmes de santé. Difficultés respiratoires, cancers, femmes qui accouchent d'enfants mal formés… Petits, on voyait tout ça, mais on ne faisait pas le lien. Les gens avaient l'habitude de dire, comme souvent en Afrique, « c'est son destin, c'est Dieu qui lui a donné un enfant comme ça ». Ce sont surtout les retraités de la mine qui sont touchés. Beaucoup meurent de paralysies et de maladies étranges...


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