Pour pouvoir continuer ses activités en Syrie, le cimentier aurait accepté de payer le groupe terroriste à l'été 2014. "Complément d'enquête" a eu accès à un échange de mails où sont précisées les sommes versées par l'entreprise française via des intermédiaires.
Un laissez-passer tamponné par l'EI
Un mois plus tard, Christian Herrault, alors directeur général adjoint du groupe à Paris, est informé par un autre responsable de Lafarge Syrie, Frédéric Jolibois, en ces termes : "Je viens de finaliser avec Firas ce matin. ISIS [Etat islamique] : part fixe à revoir (aujourd'hui 10 millions), mais ne devrait pas augmenter inconsidérément, car contraire à la charia. [...] Les ventes devraient redémarrer demain ou après-demain." "Merci", lui répond Christian Herrault.
Sur le terrain, les négociations semblent bien avoir abouti. D'anciens salariés ont fourni à "Complément d'enquête" un document portant le tampon de l'organisation Etat islamique et mentionnant un accord avec Lafarge : un laissez-passer destiné aux transporteurs de matières premières.
Extrait de "Complément d'enquête" du 22 mars 2018.