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Dérives de l’état d’urgence en France et en Tunisie. Deux pays différents, une guerre commune (Orient XXI)

par Hassina Mechaï 23 Avril 2018, 22:01 Etat d'urgence France Tunisie Répression Dérives Terrorisme Police Contrôle Population

La « guerre contre le terrorisme » menée à l’échelle de la planète bat son plein et la France tout comme la Tunisie y prennent part. En réponse aux attentats de 2015 et 2016, les deux pays ont misé sur des mesures sécuritaires. L’une d’elle est l’état d’urgence. Or, des deux côtés de la Méditerranée, des dérives sont dénoncées.

 Manifestation au Bardo, devant l’Assemblée des représentants du peuple, 26 janvier 2018. ©Callum Francis Hugh/Nawaat.

Manifestation au Bardo, devant l’Assemblée des représentants du peuple, 26 janvier 2018. ©Callum Francis Hugh/Nawaat.

Le 12 novembre 2017, le pouvoir tunisien reconduisait l’état d’urgence jusqu’au 12 février 2018. Depuis la révolution de 2011, de régime dérogatoire, l’état d’urgence est devenu quasi-permanent : la Tunisie a vécu près de cinq ans sous ce dispositif et depuis deux ans, il est en vigueur de manière presque continue1. En France, après deux ans d’application ininterrompue, de reconduction en reconduction, le pays est « sorti » de l’état d’urgence dérogatoire en le pérennisant par une loi qui le fait entrer dans le droit commun, celle du 3 octobre 2017 « renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme ».

Les deux pays ont connu avec les années 2015 et 2016 leur annus horribilis. En mars 2015, devant le musée du Bardo à Tunis, des hommes ont abattu 22 personnes. En juin, 39 personnes ont été tuées sur une plage de Sousse. En juillet, le président Béji Caïd Essebsi déclarait – avant de décréter l’état d’urgence alors suspendu : « Si des attentats similaires à ceux de Sousse ou du Bardo venaient à être perpétrés, l’État disparaîtrait ». En novembre, un attentat-suicide dans le centre de Tunis coûtait la vie à 12 membres de la Garde présidentielle. En mars 2016, des hommes se réclamant de l’organisation l’État islamique (OEI) ont mené des attaques contre des bases militaires et un poste de police à Ben Guerdane faisant 68 morts. À ces attentats s’ajoute une tension sécuritaire usante, alimentée par la porosité des frontières : à l’Ouest, l’Algérie mène une lutte contre Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), au Sud, le grand vide saharien est empli de trafics et de divers groupes djihadistes. Mais surtout, à l’Est, la Tunisie partage une frontière de 500 kilomètres avec la Libye en proie à des guerres civiles. Enfin, de nombreux Tunisiens ont été enrôlés par les organisations terroristes, la Tunisie est en effet le pays qui compte le plus de recrues au sein de l’OEI...

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