Le P.A.F et les médias français sont en grande majorité à l'unisson. Ils ont avalisé la propagande d'Etat française selon laquelle le régime Assad aurait réalisé une attaque chimique à Douma le 7 avril 2018 pouvant ainsi légitimer l'attaque française sur Damas et Homs avec les USA et la Grande-Bretagne. On est passé des allégations d'attaque chimique du régime syrien à la quasi certitude de l'utilisation par celui-ci d'armes chimiques. Après les frappes, il ne semble plus y avoir beaucoup de place pour le doute. Ainsi le régime d'Assad est désigné coupable avant même toute enquête impartiale et internationale. La justice militaire est passée et la presse s'en fait l'écho comme une justice légitime. Où est passé le quatrième pouvoir ? Dans la poche du chef de guerre qui d'ailleurs ne s'est pas beaucoup montré sur les écrans, semblant terré dans son PC Jupiter à la manière d'un Obama traquant Ben Laden ? (voir la photo de communication du team Macron plus bas).
Malgré l'absence de preuves formelles et le "faisceau d'indices" (basé sur des preuves vidéos qui restent au demeurant assez proche du rapport de Bellingcat, traduit ici) fourni par l'Elysée semblant apparaître plus comme des éléments de langage pour les journalistes que comme un rapport convaincant de par ses preuves avérées, nombreux sont les médias qui considèrent qu'Assad avait des armes chimiques et qu'il les a utilisés à Douma. Comme lors de la guerre française en Libye ou en Côte d'Ivoire, la majorité des médias s'est mis au diapason en mode propagande de guerre au service de l'exécutif. Inutile de dire que les grandes chaînes TV : France TV, TF1... récitent quasiment la même litanie sur la responsabilité syrienne dans l'attaque chimique de la Ghouta alors que les observateurs de l'OIAC (Observatoire pour l'Interdiction des Armes Chimiques) n'ont pas encore mis le pied à Douma. La messe occcidentale est dite. Après les bombardements franco-britannico-étatsuniens, il n'y a plus de doute dans la presse, Assad est coupable et la quasi totalité des médias français sont là pour le crier, peu importe si les preuves sont faibles. La preuve par le feu ? Même discours pour déclarer que les sites visées par le triumvirat atlantiste étaient des sites d'armes chimiques, ce qui est loin d'être avéré.
Sur le plateau du 20 heures de France 2, Alban Mikoczy nous explique l'ampleur et les effets des frappes occidentales menées ce 14 avril sur le stock d'armes chimiques en Syrie et considère les allégations des militaires comme une vérité intangible. Pourtant le stock d'armes chimiques de la Syrie avait été détruit en 2013 sous la supervision des inspecteurs de l'OIAC.
Extrait : "105 missiles tirés, dont 12 par la France. Deux régions étaient ciblées. D'abord à une vingtaine de kilomètres de Homs, un site de stockage et un autre de production d'armes chimiques ont été touchés par les Britanniques et les Français. L'autre cible se situe dans la région que Damas, dans le quartier excentré de Barzeh. C'est un centre de recherche où a été développé l'arsenal chimique syrien. Là, ce sont les Américains qui ont frappé", explique Alban Mikoczy.
Par contre Malbrunot dans Le Figaro se montre quelque peu plus prudent et parle de soupçons : "Les raids occidentaux ont visé un site, le Centre d'études et de recherches scientifiques situé à Barzeh et soupçonné de produire des armes chimiques, selon le rapport d'un service de renseignements occidental. La France avait collaboré à sa création dans les années 70." (Syrie : qu'est-ce que le mystérieux Centre chimique frappé par les alliés ?)
Lorsque la ministre des Armées, Florence Parly, assène qu'Assad a "un programme chimique clandestin", elle n'est pas contredite, le présentateur du JT en rajoute en laissant entendre que "Bachar Al Assad peut (malgré tout) dormir tranquille" et la ministre des Armées d'asséner qu'Assad utilise des armes chimiques qui "s'attaquent aux hommes, les femmes, les enfants qui sont destinés à les terroriser...". Aucune contradiction, malgré l'absence de preuves objectives à Douma. On cogne et après on pense, en attendant l'OIAC ?
As usual même la presse dite indépendante s'y est mise. Un petit-pot pourri du jour :
- Mediapart Un avertissement pour le pouvoir syrien
Les frappes menées contre les installations syriennes vont réduire la capacité du régime Assad à mener d’autres attaques chimiques contre les dernières poches qui lui résistent, en particulier la grande province d’Idlib. Elles pourraient conduire à une reprise des négociations en vue d’une solution politique.
- Mediapart Contre les armes chimiques, un volontarisme tardif
L’opération lancée samedi matin ne changera sans doute pas le cours d’une guerre qui a déja fait 350 000 morts. Et elle ne fera pas oublier que Washington et Moscou étaient depuis 2013 signataires d’un accord qui interdisait à Damas de détenir et utiliser des gaz de combat.
Rappelons encore que les spécialistes de l'OIAC doivent sur place, explorer à l'aide d'instruments techniques le territoire contaminé, s'il y en a évidemment, et établir finalement si une arme chimique a été utilisée ou pas. Ils vont passer après les frappes militaires sur les présumés sites d'Assad. On se demande comment ils pourront travailler dans des conditions optimales. Tout de travers et à l'envers...
Lire également :
- Les Crises [Frappes Syrie] Les “preuves” présentées par Le Drian : le vide comme nouveau fondement juridique à l’agression