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Chefs d’oeuvre du 7ème art - Monsieur Klein (Agoravox)

par Christophe Cros Houplon 18 Mai 2018, 21:05 M. Klein Joseph Losey Culture Chef d'Oeuvre Cinéma

Chefs d’oeuvre du 7ème art - Monsieur Klein
Par Christophe Cros Houplon
Agoravox

Chefs d’oeuvre du 7ème art - Monsieur Klein (Agoravox)

En pleine Occupation, Robert Klein, marchand d’art de son état, rachète à bas prix des tableaux de maîtres à des Juifs qui tentent de fuir le territoire. Vivant dans le luxe de ceux qui ne s’inquiètent pas de la situation politique, il découvre un matin sur le pas de sa porte un journal d’informations destinés aux marqués de l’étoile jaune : Robert Klein se découvre un homonyme qui semble vouloir troubler son ataraxie. Il tente de le rencontrer, le poursuit sans parvenir à le croiser alors que la police et le Commissariat Général aux questions juives se penche sur son cas.

 

Nous sommes en 1942. Le film s’ouvre sur une scène d’une femme face à un médecin devant diagnostiquer son degré de judéité. La femme tâche de cacher ses seins, de se refuser au regard froid et clinique qui, tout en prétendant définir scientifiquement son identité, la nie.

Cinéaste de l’intranquillité en action, Joseph Losey – The servant, Le messager … - traite, sous la période kafkaïenne de l’occupation allemande, de la question de la quête identitaire d’un être jusqu’alors insensible et au monde et aux autres. Cette confusion nominale qui donne au personnage clef le désir de prouver dans la première partie du film qu’il n’est pas ce Robert Klein juif dont on veut affubler mais un autre va le conduire à une progressive prise de conscience à la fois du regard de l’autre et de sa place – ou sa non place – dans le tout.

L’homme transformé en insecte par Kafka dans La métamorphose s’incarne ici admirablement en cet individu socialement intégré qui va perdre une à une ses fausses peaux et finir sinon par s’identifier à un autre lui-même mais accepter la confusion. Pour mieux se con-naitre et donc renaitre à lui-même.

La quête – sartrienne – existentielle de ce quidam en recherche d’essence va progressivement se faire sous une forme de plus en plus épurée, comme détachée du temps en dépit d’une séquence de reconstitution de la Rafle du Vel D’Hiv volontairement placée en hiver – alors qu’elle eut lieu en été. Avec des échappées vers des familles d’ancien régime, incarnées par une fantomatique Jeanne Moreau.

L’admirable impassibilité du visage et du jeu d’Alain Delon, ici dans l’un de ses deux ou trois plus grands rôles, traduit le questionnement et l’énigme. Qui suis-je qu’ai-je donc pu bien vivre … Le film s’achèvera sur une question sans réponse.

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